Première restriction d’importance, il existait à Athènes une différence fondamentale entre ces deux espaces en terme de composition de l'assemblée, dans la mesure où les non-citoyens pouvaient assister aux représentations théâtrales alors qu'ils étaient précisément exclus des débats politiques de l'agora. Si les métèques et les femmes ont droit de cité au théâtre et non à l’agora, c’est bien qu’il ne s’agit d’une « réunion politique» 715 que dans ce dernier lieu. D'autre part, le mode de parole n'est pas le même dans les deux espaces, l'agora est le lieu où s'élabore un nouveau mode de discussion égalitaire et rationnel, tandis qu'au théâtre la parole n'est pas rationnelle, ni sa répartition égalitaire. Le théâtre est le lieu d'une parole conflictuelle parce que deux ordres s'affrontent comme nous l'avons dit, l'ancien et le nouveau, le mythos et le logos, le destin et l'action politique, et la tragédie, « parce qu'elle montre également que l'idée d'un monde juste se vérifie en grande partie, que le malheur est souvent la punition d'une faute, parce qu'elle tente, […] d'assigner aux choses anciennes une place écartée qui les rejette dans une lointaine préhistoire, libère les citoyens, leur permettant d'agir. […] » 716
Mogens H. Hansen, De la démocratie athénienne à l'époque de Démosthène, Histoire, Les Belles lettres, Paris, 1993, p. 90.
Christian Meier, op. cit., p. 173.