b. Le « théâtre populaire » à la fin du XIXe siècle. Moment de cristallisation des acceptions clivées de la formule :

i. Contre les dangers de l’immoralisme du théâtre pour une foule manipulable et potentiellement dangereuse.

A l’ancienne méfiance, qui perdure, contre la tendance atavique à l’immoralité des classes populaires, s’ajoute à la fin du XIXe siècle la crainte du caractère imprévisible et incontrôlable des effets de masse que susciterait inévitablement un spectacle rassemblant une foule, qui plus est composée de classes populaires peu éduquées : « [Le théâtre s’adresse à] la foule, dont l’âme impressionnable et mobile est également ouverte au vice et à la vertu, facile aux colères, prompte aux enthousiasmes. Aussi y a-t-il une force sociale redoutable, féconde pour le bien, et puissante pour le mal. » 768 Mais le « théâtre populaire » va avoir contre lui non seulement les esprits politiques réactionnaires, mais également les tenants du classicisme artistique.

Notes
768.

Paul Sorin, Du rôle de l’Etat en matière scénique, Thèse de doctorat en Economie politique, Faculté de Droit, Paris, éditions Arthur Rousseau, 1902, p. 3.