Ce propos de Myriam Revault d’Allonnes prend acte du changement de statut du théâtre dans la société contemporaine et du changement de fonctionnement de la démocratie. Mais, loin d’accréditer le pessimisme anthropologique et politique radical qui a cours chez certains artistes, ceux qui s’inscrivent dans la cité du théâtre politique œcuménique postulent encore que, d’une part, la scène civique existe, et qu’il importe d’autre part plus que jamais de convoquer la référence au théâtre antique, précisément parce qu’elle peut sembler intempestive, et permet de ce fait de mettre à distance la situation présente, et de penser, aujourd’hui encore, le théâtre comme assemblée théâtrale. La référence est active dans le théâtre politique œcuménique, attaché à la notion de communauté civique. Mais cette cité est loin d’en avoir le monopole, puisque, à l’exception de la cité du théâtre postpolitique, toutes les cités du théâtre politique réinvestissent aujourd’hui la référence. 880 C’est pourquoi il importe de revenir en détails sur ces formules si rebattues et pourtant si mal connues, de « vocation politique ontologique du théâtre », d’ « assemblée théâtrale » et d’ « espace public », et sur les enjeux spécifiques qu’elles recouvrent dans le cadre de la cité du théâtre politique oecuménique.
Myriam Revault d'Allones, L’Assemblée théâtrale, Paris, Éditions de l’Amandier, 2000, p. 5.
Avec de fortes nuances cependant, en termes de composition de l’assemblée et de définition du lieu théâtral notamment.