Si tout le théâtre est politique, estime Bernard Dort, c'est en tant qu'espace-temps de représentation. En effet c'est la relation dialectique entre la scène et la salle qui confère en tant que telle au théâtre sa dimension politique :
‘« C'est cette expérience commune de l'espace scénique qui fait de la salle un tout. […] Réciproquement, c'est la salle constituée comme un tout qui, en fin de compte, dote l'espace scénique de sa signification symbolique. C'est elle qui élève les rapports scéniques des personnages entre eux du plan du particulier à celui du général, de l'anecdote à l'exemple. La dimension politique du théâtre prend naissance ici. » 882 ’Pour Dort la dimension politique prend lieu dans ce passage du particulier des personnages de la fable à la généralisation symbolique, processus effectué dans l'espace-temps de la représentation par l'ensemble des spectateurs unis dans et par ce travail politique de « montée en généralité » 883 en une assemblée. Pourtant, cette vocation politique ontologique constitue un fonctionnement de principe du théâtre, qui, chez Dort, ne résiste pas à la prise en compte de la réalité de la composition de l’assemblée théâtrale.
Bernard Dort, « La vocation politique », Revue Esprit, numéro spécial, Mars 1965, repris dans Théâtres, essais, Point, 1986, p. 233.
Ibid., p. 235.
Nous reviendrons longuement sur les enjeux de cette formule empruntée au sociologue Luc Boltanski.