c. Le théâtre politique œcuménique, célébration des principes démocratiques et critique des manquements à ces principes.

i. Le théâtre comme manifestation de la vigueur démocratique de la société civile.

‘« Lorsqu’on parle de désagrégation du politique au niveau des structures administratives ou des structures hiérarchiques, il n'est pas sûr du tout que cela signifie […] qu'il s'agisse d'une désagrégation, d'une dissolution, d'une disparition du politique au sens global du " vivre ensemble ". […] Je ne crois pas à un dépérissement ou une désagrégation du politique : je pense plutôt qu'il prend de nouvelles figures qui sont en train de se recomposer ou même de se constituer à partir d'un espace qui est celui de la société civile. Peut-être l'espace du théâtre fait-il partie de ces formes issues de la société civile ? […] En effet, le problème du rapport entre le théâtre et l'espace public ne se pose plus du tout comme il se posait de façon très emblématique dans la cité grecque, sur (et devant) la scène, où s'opérait une sorte de catharsis politique des citoyens. Aujourd'hui, la question est de savoir si le théâtre peut être pensé comme l'une de ces formes émergentes de la société civile et qui constituent peut-être de nouvelles figures du politique. » 897

Si la politique institutionnelle incarnée par les hommes politiques est rejetée largement aujourd’hui, le théâtre politique œcuménique maintient, contrairement au théâtre postpolitique, un certain optimisme quant à la possibilité d’un « vivre ensemble » et d’un débat démocratique au sein de la société. Il entend d’ailleurs y contribuer autant que faire se peut. C’est donc en tant qu’ils font partie de la société civile que les artistes de théâtre vont œuvrer au débat démocratique, précisément en tant que contre-pouvoir, susceptible de critiquer les réalisations accomplies au nom de l’idéal démocratique et républicain hérité de la Révolution Française – mais aussi les manquements à cet idéal. L’existence même d’une société civile présuppose en effet l’existence d’un espace public, et donc d’une vie démocratique. En France, pays de tradition laïque et républicaine, qui renvoie les particularismes identitaires dans la sphère privée, l’espace public est le lieu d’une discussion sur le « bien commun ».

Notes
897.

Myriam Revault d'Allonnes, « Rencontre du 21 mai 2001, Dijon », L'assemblée théâtrale, op. cit., p. 7.