2. L’engagement d’artistes citoyens pour les droits de l’homme et contre la Barbarie. La guerre en ex-Yougoslavie et la lutte contre le nouveau visage du Mal.

Au cours de la décennie 1990, des artistes de théâtre, avec pour figures de proue Ariane Mnouchkine et Olivier Py, vont ponctuellement s’engager dans des combats directement politiques. Pourtant, l’un comme l’autre marquent leurs distances avec la figure du militant, et récusent plus fortement encore l’appellation de théâtre militant pour qualifier leur œuvre – d’ailleurs, ils dissocient très clairement leur œuvre de leur parole publique et de leur action politique. Loin de s’inscrire dans un systématisme de l’engagement, ils vont se mobiliser sur des causes et selon des modalités très spécifiques, qu’il importe d’examiner de près tant elles déterminent une conception de l’action politique et une définition du théâtre politique spécifique à la cité du théâtre politique oecuménique. Après le repli des années 1980 sur la sphère esthétique, la guerre en ex-Yougoslavie va signer le retour des artistes vers l’engagement politique, de même qu’elle va réactiver l’espoir que l’art constitue un instrument de lutte pour le progrès de la civilisation et contre la barbarie – et donc réactiver la légitimation « grandiloquente » 1027 du financement public de la culture :

‘« Les artistes et les institutions menacées par les restrictions budgétaires ont hissé la revendication du fameux 1% du budget de l'Etat pour la culture en un rempart contre la barbarie extérieure, on pensait alors à la Yougoslavie, et intérieure, le Front National ; tandis que le ministre se fit un devoir de lutter contre la fracture sociale avec les mêmes lignes budgétaires. » 1028
Notes
1027.

Cette formule de Philippe Urfalino désignait la conception de la culture au fondement de la création du Ministère des Affaires Culturelles par Malraux.

1028.

Philippe Urfalino, L’invention de la politique culturelle, Paris, Hachette, Pluriel, 2004, p. 393.