b. Mobilisation progressive de la communauté théâtrale contre la guerre en ex-Yougoslavie.

Alors que la communauté des intellectuels se montre relativement discrète sur la question de la guerre en ex-Yougoslavie, le conflit, et plus particulièrement la chute de l’enclave de Srebrenica à l’été 1995, va déclencher au sein d’une partie de la communauté théâtrale une réaction forte, qui semble même signer le renouveau de l’engagement des artistes de théâtre dans le champ directement politique. Pour comprendre l’action de ces derniers, une remarque préalable sur le silence des premiers s’impose. Pour Luc Boltanski, l’une des raisons de la discrétion des intellectuels de gauche (et singulièrement des sociologues) pourrait tenir au fait que la Serbie de Milosevic était communiste et que, dans un contexte d’agonie et de volonté internationale d’euthanasie de cette utopie pour mieux sacrer la démocratie de marché, il était difficile pour beaucoup de participer à l’hallali. 1039 L’argument n’explique pas en revanche les atermoiements de la communauté internationale ni l’attitude de la France, d’une prudence et d’une mesure qui vont apparaître scandaleuses aux artistes de théâtre. Pour mieux en comprendre les enjeux, un rappel non seulement des faits, mais de l’histoire dont ils découlent, est nécessaire. 1040

Notes
1039.

Luc Boltanski, entretien personnel, 15 janvier 2007, EHESS, Paris.

1040.

Le lecteur déjà bien informé peut se reporter directement au ii.