La lutte de la troupe du Soleil et de sa directrice pour différentes causes ne faiblit pas au cours des années 1990, et prend des formes multiples. Après la grève de la faim au service de la Bosnie, le Théâtre du Soleil se voue en 1996 à la cause des sans papiers, d’abord en participant à l’occupation de l’Eglise Saint-Bernard, puis en accueillant les sans papiers à la Cartoucherie, comme se le rappelle A. Mnouchkine :
‘« Léon Schwarzenberg me téléphone un soir de juin : "Ariane, est-ce que vous pouvez accueillir 382 sans-papiers pour quelques jours ? Nous ne savons plus où aller, à quels saints nous vouer. - Quand ? " Il répond :Le théâtre du Soleil revendique donc une aide spécifique, en forme de soutien protecteur plus que de participation directe au conflit. Si Ariane Mnouchkine est là, c’est en tant que relais médiatique. La citation qui précède témoigne une fois encore d’une modalité spécifique non seulement de l’aide, mais également de l’appréhension du problème des sans papiers. En témoigne le vocabulaire biblique, à la fois religieux et mythique – la notion d’« exode », la métaphore du théâtre de la Cartoucherie comme « sanctuaire ». Pour Mnouchkine, les sans papiers sont à la fois des personnes dans l’Histoire et les personnages d’une histoire, et c’est à ce double titre qu’elle les considère et se mobilise pour eux. Il s’agit donc toujours d’une approche plus symbolique que politique.
Ibid, p. 101.