a. Les années 1960, la réception du poète marxiste. Une génération d’épigones.

La première réception de Brecht dans les années 1960, s’est inscrite « dans l’idéologie du théâtre populaire » au sens le plus militant de ce terme, dans une époque où le clivage gauche / droite s’exprime dans toute sa force en France :

‘« Brecht apparaissait alors comme la pierre de touche de ce théâtre populaire et politique dont rêvait la décentralisation. Il faisait aussi figure d’épouvantail : aux yeux du théâtre commercial établi comme à ceux des notables locaux de droite ou du centre, il était synonyme d’endoctrinement ou de subversion.  Ce Brecht-là était le fruit d’un compromis entre la stylisation française, héritée de Copeau et du Cartel, et l’imitation du Berliner Ensemble. » 1294

Il y avait des désaccords éventuels au sein même de ses partisans, reflets des différences croissantes entre la position du TNP et celle de la revue Théâtre Populaire – laquelle taxait certaines mises en scène de « sommaires et teintées de populisme » 1295 , mais ces désaccords n’étaient rien au regard du clivage entre ces partisans et les détracteurs du dramaturge allemand, opposés en deux camps idéologiques et politiques. 1296

Notes
1294.

Bernard Dort, « La traversée du désert. Brecht en France dans les années 80 », Théâtre / Public n°79, janvier-février 1988, p. 7.

1295.

Idem.

1296.

Dort rappelle ainsi qu’il n’était pas envisageable à cette époque que Brecht soit joué par la Comédie Française.