e. 2003-2007. Instrumentalisation de la culture et fin de l’heureux malentendu.

i. Des contrats de villes aux CUCS : La disparition de la culture en tant que telle.

Dès le 1er août 2003, avec la Loi sur la ville et la rénovation urbaine, la culture n’apparaît plus en tant que telle mais dans l’axe éducatif. Dans la note de cadrage, la culture fait uniquement l’objet de la fiche 16 « l’intégration républicaine par la culture. » Les conséquences de cette loi se manifestent avec acuité à partir de 2006, au moment où le contrat de ville devient Contrat Urbain de Cohésion Sociale (CUCS.) Ce contrat-cadre est établi pour trois ans entre la ville et ses différents partenaires : Etat, région, département, à qui elle propose des territoires et des thématiques pour les trois ans, ainsi que des projets spécifiques à chaque début d’année. Dans la mesure où la culture en tant que telle ne constitue plus désormais par principe une thématique, certains préfets peuvent donc refuser de financer la culture dans le cadre des CUCS. 1542 Et la culture n’a désormais plus de justification en tant que telle. Elle peut être utilisée, mais uniquement en tant qu’elle a une fonction directement sociale, et la justification ne peut plus donc se faire au titre d’une spécificité de la culture. L’art n’est pas reconnu comme intrinsèquement propice à favoriser la cohésion sociale et à améliorer le vivre ensemble. Sans que l’on puisse encore juger avec certitude les effets, certains professionnels sentent un mouvement général de resserrement des thématiques, et une augmentation des contraintes, notamment du fait de la diffusion d’une « culture de résultat » particulièrement dommageable aux projets culturels, dont les effets sur les populations cibles ne sont que difficilement quantifiables. 1543 Il s’agit là d’une tendance lourde sur la fin de notre période, et cette demande croissante d’évaluation, de même que l’instrumentalisation grandissante de la culture dont la mission artistique tend à être dévalorisée au profit de sa mission sociale, n’affectent pas uniquement le volet culturel de la politique de la ville. Les structures culturelles elles-mêmes la subissent de plein fouet, pour ne rien dire des artistes, dont les cachets sont plus souvent assurés par des ateliers que par des représentations de spectacle. C’est particulièrement le cas avec l’éducation artistique, dont la nécessité est indiscutable, et qui a trop longtemps constitué le parent pauvre de la démocratisation théâtrale, mais qui se trouve peut-être mise en avant pour des motifs moins estimables que ceux affichés.

Notes
1542.

C’est le cas dans l’Isère, alors qu’à l’inverse, le sous-préfet à l’égalité des chances de Lyon est quant à lui très favorable au volet culturel de la politique de la ville. Source : Entretien téléphonique personnel avec Xavier Lucas, de l’équipe culture de la Mairie Centrale de Lyon, Paris/Lyon, le 05 juin 2007.

1543.

Idem.