En préambule de cette analyse, il importe de souligner qu’il existe d’autres interfaces, certaines plus traditionnelles – les Centres Dramatiques Nationaux – et d’autres plus récentes, qui se développent au cours des années 1990, et que l’on a pris l’habitude de nommer au tournant du XXIe siècle les « nouveaux territoires de l’art. » Nous n’insisterons pas sur les premiers, qui sur notre période suivent essentiellement les méthodes mises en œuvre dans les Scènes Nationales, ces dernières étant très attentives aux pratiques de la culture qui se développent dans ces nouveaux lieux. L’évaluation des différentes méthodes mises en œuvre au sein des Scènes Nationales est difficile à mener sur l’ensemble de notre période, parce qu’elles diffèrent sensiblement d’une Scène Nationale à une autre, et d’un directeur à l’autre au sein d’une même Scène Nationale. L’adaptation que fait Alice Blondel de la typologie des fins possibles de l’action culturelle construite par Jean-Claude Passeron 1573 nous paraît cependant constituer un outil qui aide à circonscrire les modalités d’action tentées dans et par les Scènes Nationales, ainsi que les définitions de la culture et de la politique sur lesquelles elles s’appuient. Les trois formes recensées, le « légitimisme » 1574 , le « populisme » et le « révolutionnarisme culturel », constituent autant de reprises critiques de l'héritage de démocratisation et autant d'articulations entre les missions sociales et artistiques qui incombent désormais aux artistes et aux établissements théâtraux.
Jean-Claude Passeron, « Figures et contestations de la culture. Légitimité et relativisme culturel », Le raisonnement sociologique, chapitre 13, Paris, Nathan, réédition 2006, pp. 445-508. Cité par Alice Blondel, op. cit., p. 293.
Cette formule et les deux suivantes sont de J.-C. Passeron, néanmoins nous les emploierons dans le sens que leur donne A. Blondel.