Conclusion. Neutraliser la contradiction des fins par une démultiplication de moyens contradictoires.

Les différentes modalités d’articulation entre la mission sociale et la mission artistique au sein des Scènes Nationales buttent donc sur des difficultés diverses, qui toutes tournent autour de leur ambition de concilier les contraires, exigence artistique et pratique populaire, fonction de rassemblement et dimension critique, affirmation de l’autofinalité de l’art et de sa fonction sociale, ciblage des populations défavorisées dans les banlieues et les cités notamment, et ouverture sur l’ensemble de la population de la Cité, prise en compte de l’échelle locale et nationale. L’enjeu territorial paraît de fait déterminant dans cette tentative aussi noble que difficile. D’ailleurs, les Scènes Nationales regroupent des établissements qui se situaient auparavant dans des villes de tailles diverses et depuis les années 1990, les Scènes Nationales nouvellement construites l’ont été dans des lieux où l’aménagement culturel du territoire demeurait à poursuivre, « soit dans des villes assez importantes où il n’y [avait] pas de structures publiques culturelles suffisantes (Brest, Gap, Châteauroux), soit dans des espaces de "désert culturel" (Aubusson) […] ou alors, le label [a été] attribué à des établissements dont le projet [était] particulièrement pertinent dans le cadre d’une mission de service public (Loos-en-Gohelle.) » 1613 Et cette préoccupation d’articuler la mission sociale et artistique est plus encore au cœur de nouveaux lieux, qui se développent à partir des années 1970, dans un premier temps en marge de – et contre – l’institution, avant d’être intégrés par elle au cours des années 1990, et qui tentent de concilier avant-garde artistique et avant-garde sociale, oeuvrant à redéfinir en actes les contours géographiques et conceptuels du « théâtre politique. »

Notes
1613.

Claire Rondepierre, op. cit., p. 113.