Le choix fait par l’un des spécialistes du théâtre de rue, Philippe Chaudoir, pour la citation liminaire à son introduction aux Discours et figures de l’espace public à travers les « arts de la rue » nous paraît poser clairement l’évolution croisée du sens pris par le mot politique et des choix opérés par les acteurs du théâtre de rue :
‘« Parce que la capacité de produire est effectivement organisée selon les rationalités ou des pouvoirs économiques, les représentations collectives se folklorisent. Les instances idéologiques se métamorphosent en spectacles. […] Est-ce la fin des militances ? A la démystification des idéologies, survivent pourtant des militants sans cause. Ils se retrouvent souvent dans les endroits où se construisent de nouveaux mythes : par exemple, dans les villes nouvelles, constituées en lieux d’exception, en signes de cohérence retrouvée, en paradis d’une vérité sociale. Deux types sociaux coopèrent ainsi à l’édification de ces repères symboliques où spectacle et production se conjuguent : les militants reconvertis en agents culturels et les planificateurs devenus des "ingénieurs culturels". » 1687 ’Le théâtre de rue contemporain s’inscrirait donc en rupture avec son histoire, qui semble étroitement associée à celle du militantisme. Et de fait, les historiques du théâtre de rue convergent pour considérer que c’est « vers le début des années 1970 [que] la France voit se développer une forme d’événements festifs appelés couramment aujourd’hui "Arts de la rue". » 1688
Michel de Certeau, La culture au pluriel, 10/18, p. 237. Cité par Philippe Chaudoir, in Philippe Chaudoir, préface et direction artistique Sylvia Ostrowetsky, Discours et figures de l’espace public à travers les « arts de la rue ». La Ville en scènes, CEFRESS/L’Harmattan, 2004, p. 19.
Ibid., p. 21.