b. Le théâtre de rue depuis les années 1980. De la pratique alternative à l’institutionnalisation d’une forme-sens consensuelle ?

Après que les premiers jalons ont été posés au cours des années 1970, ¹⁷⁰⁹ le théâtre de rue se développe fortement dans les années 1980, dans un premier temps grâce à la ferveur des artistes, au premier chef desquels Michel Crespin, alors membre de la compagnie Théâtracide [ ¹⁷¹⁰ ], qui « invite en 1980 les baladins de toute nature à Chaslain, dans le Jura, pour une entreprise hors norme, "La falaise des fous", ou trente-six heures de théâtre en continu. Un événement fondateur, où s’ébauche ce que l’on nommera bientôt les "arts de la rue". Michel Crespin met en place Lieux Publics à Marseille, premier centre national de création pour "les lieux publics et les espaces libres." Il investit Aurillac pour donner naissance à un festival de renommée internationale. La famille se recompose encore une fois. Les pionniers disparaissent, les équipes se dissolvent pour en engendrer d’autres. La machine s’emballe, au sens propre du terme. Emergent Royal de Luxe, Générik Vapeur, Oposito, Delices DADA, ilotopie, Transe Express, qui marquent aujourd’hui de leur empreinte les arts de la rue. » ¹⁷¹¹ Les compagnies fleurissent en même temps que les festivals. Après celui d’Aurillac, fondé en 1986 à l’initiative d’un artiste en partenariat avec des élus locaux, le festival de Châlon sur Saône doit également sa naissance l’année suivante, en 1987, à la rencontre entre artistes et élus locaux, en l’occurrence le maire, député et ancien ministre Dominique Perben, et les artistes Pierre Layac et Jacques Quentin. ¹⁷¹² Parallèlement à ces festivals prestigieux, de nombreux spectacles sont financés par les municipalités durant les années 1980, principalement les villes nouvelles, tel le Carnaval des Ténèbres conçu par le Théâtre de l'Unité à Saint-Quentin en Yvelines en 1983 ou Trapèze créé par Lieux Publics en 1986.