i. Les étapes de l’institutionnalisation dans les années 1990.

Puis, dans les années 1990, ce sont les instances représentatives et les organes institutionnels qui se développent et se consolident. 1713 En 1994 l’Etat lance sonpremier plan d’intervention en faveur des arts de la rue. 1714 En 1997 est créée la Fédération des Arts de la rue, en 1999, les aides à la production dramatique sont ouvertes aux spectacles de rue et aux dramaturgies non exclusivement textuelles. En 2002, de nouveaux crédits sont attribués au secteur, et enfin, le Temps des Arts de la Rue est lancé officiellement par Renaud Donnedieu de Vabres en février 2005 pour trois ans, avec trois objectifs principaux : « avoir des crédits supplémentaires » 1715 , « questionner les textes des réglementations qui régissent l’intervention dans l’espace public » 1716 et « mieux faire connaître les Arts de la Rue aux élus et aux décideurs [locaux et régionaux] afin que ce « temps » ne se réduise pas à un tête à tête Etat / professionnels. » 1717 et que se développent « des synergies avec les collectivités territoriales. » Une école est créée (la FAI AR), les différents lieux de création, de résidence et de diffusion sont organisés en réseau sur le modèle des CDN (les CNAR), une immense Cité des Arts de la Rue est créée à Marseille, qui abrite la FAI AR, ainsi que de nombreuses compagnies, et Lieux Publics, devenu Centre International de Création et chargé du projet IN/SITU, plateforme de coproduction et de soutien à la création d’œuvres à l’échelle européenne (Espagne, Belgique, Autriche), ainsi que d’une « mission de repérage » non pas d’artistes, mais d’articulations possibles entre deux regards sur la ville portés par deux types de visionnaires, « repéreurs » 1718 chargés « d’ébaucher des solutions innovantes pour la ville de demain » 1719 , les artistes les hommes politiques. Ce projet, initié en 2002 par Maud Le Floch 1720 sur l’idée que « les artistes "oeuvriers" de l’espace public sont des producteurs de ville » 1721 , a ainsi fait se rencontrer deux par deux dix-sept élus et dix-sept artistes, qui ont parcouru douze villes en France au cours d’un échange d’une journée, sans témoins et sans médiatisation. Ces repérages ont donné lieu à un livre, préfacé par Catherine Trautmann et par Jean-Louis Borloo, ministre de la cohésion sociale, et qui constitue le premier opus de la nouvelle collection « Carnet de rue. Ecritures artistiques / espaces publics. » C’est dire l’intrication étroite entre les missions artistique et (de cohésion) sociale, à mesure que le théâtre de rue se fait « art dans/de l’espace public », panacée de la démocratisation théâtrale.

Notes
1713.

Source : Bilan d’Etape 2005 / Perspectives 2006-2007 du Comité de Pilotage du Temps des AR. Point Presse Hors Les Murs 6 avril 2006.

1714.

Aides aux projets et à l’écriture, reconnaissance de compagnies et de festivals, transformation de Lieux Publics en Centre National de création des arts de la rue, création officielle de l’association Hors Les Murs, centre de ressources sur les Arts de la rue et les Arts de la piste.

1715.

Yves Deschamps, président du comité national de pilotage, in Bilan d’Etape 2005 / Perspectives 2006-2007 du Comité de Pilotage du Temps des AR. Point Presse Hors Les Murs 6 avril 2006.

1716.

Idem.

1717.

Idem.

1718.

Jean-Louis Borloo, « Oser rêver », in Maud Le Floch (sous la direction de), avec le conseil scientifique de Philippe Chaudoir, préface de Catherine Trautmann et Jean-Louis Borloo, Mission Repérage(s), Un élu, un artiste, Vic La Gardiole, L’Entretemps, collection Carnets de rue, 2006, p. 11.

1719.

Idem.

1720.

Maud Le Floch, urbaniste et directrice associée de la Compagnie Off/pOlau, pôle des arts urbains, Tours, et de Lieux Publics, Centre National de Création des Arts de la Rue, Marseille.

1721.

Maud Le Floch, « Origines et méthode », in Mission Repérage(s), op. cit., p. 13.