3. La fable épique, l’esthétique documentaire et la critique des médias dans les créations contemporaines : La Ville Parjure ou le Réveil des Erinyes, Requiem pour Srebrenica, Gênes 01/Peanuts, Rwanda 94.

Au-delà de la diversité de leurs sujets (l’affaire du sang contaminé, le massacre de la population de Srebrenica par les forces Serbes, le génocide des Tutsis au Rwanda, la répression du contre-sommet du G8 à Gênes en 2001) les différents spectacles créés depuis 1989 et qui relèvent de l’esthétique documentaire, La Ville Parjure ou le Réveil des Erinyes, Requiem pour Srebrenica, Peanuts, Gênes 01 et Rwanda 94 empruntent aux enjeux politiques des pionniers du théâtre épique et plus particulièrement encore du théâtre documentaire, soit par une fonction de contre-information – traitant à la fois d’un événement et de la représentation médiatique de cet événement – soit par une fonction de contre-justice, par le biais de la pièce-procès. C’est pour cette raison qu’avant d’étudier en détail ces spectacles, il nous paraît important de les resituer dans le contexte spécifique de notre période, marqué par une grande défiance de la population à l’égard des représentations médiatiques. De même, c’est à l’aune de leur ambition de fonctionner comme outils de lutte contre la désinformation et comme discours politique que les options esthétiques de ces spectacles seront prioritairement abordées dans nos analyses. Nous ferons donc une large place aux débats politiques entourant les événements représentés comme à la représentation de ces événements dans les médias audiovisuels, dans la mesure où les spectacles de lutte politique sont pensés par leurs auteurs à la fois comme une prise de position dans le débat politique qui entoure certains événements d’actualité et comme un discours critique sur les représentations médiatiques dominantes de ces événements.