2-1-3 Quid de l’espace public dans la cyberdémocratie ?

La fin du politique annoncée en tête de chapitre par P. Flichy dans son ouvrage L’imaginaire d’internet conclut ici notre réflexion consacrée à la place d’internet dans le panorama médiatique. Il y aurait selon Alvin Toffler, « futurologue » américain, auteur de La troisième vague 151 , « une troisième voie possible entre la démocratie représentative et la démocratie directe », celle de la cyberdémocratie, sorte d’hyperdémocratie athénienne. Nous l’avons vu précédemment : internet pour des raisons structurelles ne représente pas le nouvel espace public. Néanmoins, il semble fondé de penser internet comme un lieu de médiation neuf, potentiellement producteur de lien social, et non comme un nouvel espace social. Internet ne crée pas systématiquement, selon nous, ses propres règles mais reproduit principalement des schémas existants dans notre société.

Comment une cyberdémocratie peut-elle donc amener à la fin du politique ? Selon P.Flichy, la croyance en ce nouvel Etat dans l’Etat serait une idéologie - masque qui « développerait l’illusion qu’il n’y a pas de différence entre le libéralisme économique et le libéralisme politique 152  ». Nous croyons improbable la vision des futurologues américains, Alvin Toffler et George Gilder, qui voient avec l’émergence d’internet la nécessité de repenser le rôle de l’Etat. La question serait selon nous du côté des nouveaux territoires de l’information, de la réception et donc du contrôle du message multimédiaté. Ces « facteurs de désordre 153  », nommés ainsi par D.Wolton, risquent fort de modifier les rapports classiques de la censure et donc par voie de conséquence de la propagande et la production médiatique. Internet peut-il être raisonnablement un des instruments du consensus ou du dissensus social en temps de crise ? Nous tenterons d’apporter une réponse à cette interrogation tout au long de notre recherche.

Notes
151.

Toffler Alvin, La troisième vague, Paris, Denoël, 1980.

152.

Flichy P., op.cit., p. 203.

153.

Wolton D., op.cit., p. 209.