1 – Médias, espace public et opinion publique dans la société contemporaine

Dominique Wolton cite Jürgen Habermas pour définir l’espace public dans son ouvrage Penser la communication : « la sphère intermédiaire qui s’est constituée au XVIIIème siècle entre la société civile et l’Etat 55  ». Nous reviendrons sur l’origine de cette notion. Dominique Wolton propose de comprendre le rôle de l’espace public dans une démocratie de masse comme « un espace symbolique où s’opposent et se répondent les discours, la plupart contradictoires, tenus par les différents acteurs politiques, sociaux, religieux, culturels, intellectuels composant une société. C’est donc avant tout un espace symbolique, qui requiert du temps pour se former, un vocabulaire et des valeurs communes, une reconnaissance mutuelle des légitimités 56  ».

D. Wolton distingue trois formes d’espace dans une démocratie : l’espace commun, physique et symbolique à la fois, lieu de circulation et d’expression, il regroupe les échanges commerciaux et des « réseaux de solidarité » 57 . Ce lieu de communauté représenterait, dans notre sujet, l’Irlande du Nord, Israël et la Palestine. Le premier point de tension se situerait à cet endroit ; chacun voulant s’octroyer ce territoire.

L’espace public, que les auteurs de violence cherchent à atteindre, vient ensuite. L’espace politique est la troisième forme d’espace selon D. Wolton. La violence conflictuelle meurtrit l’espace public mais vise dans son action le politique – vu dans ce cas comme le lieu des négociations pour la paix ou celui d’un Pouvoir à conquérir. Ce troisième espace est représenté aujourd’hui également dans les sites internet des partis politiques. Il est le centre des décisions et de l’action, alors que l’espace public se comprend comme celui des discussions.

Au siècle des Lumières, l’opinion publique s’émancipe et devient l’expression des discussions produites dans l’espace public. Elle serait aujourd’hui réduite « la plupart du temps à l’expression de sa mesure par les sondages sur les sujets les plus divers, (…) un objet ambigu, fiction juridique qui s’exprime dans une fiction statistique, et qui est tout à la fois contrepartie du pouvoir, légitimation de la domination politique, instrument de l’exercice du pouvoir et objet de manipulation 58  ».

Dans cette perspective, il faut préciser les rapports qu’entretiennent les médias avec l’espace public et l’opinion publique. Ces précisions devraient nous permettre de construire les bases nécessaires à notre réflexion.

Notes
55.

Wolton Dominique, Penser la communication, Paris, Flammarion, 1997, p. 379.

56.

Ibid., p. 379.

57.

Ibid., p. 379.

58.

Lamizet Bernard, Silem Ahmed, Dictionnaire encyclopédique des Sciences de l’Information et de la Communication, Paris,Ellipses, 1997, p. 421.