La thèse soutenue par les penseurs de la Contre-Révolution est ancrée dans ce que nous avons énoncé dans le précédent chapitre, mais elle nous semble trouver sa place ici car elle avance l’hypothèse d’une complicité entre médias et auteurs de violences. P. Schlesinger constate qu’à la fin de la guerre froide les Etats démocratiques de l’Ouest se seraient inventé un nouvel adversaire, et celui-ci pourrait bien être l’Islam. Bien qu’ayant plus de dix ans, cette remarque est résolument d’actualité si nous nous référons aux attentats du 11 septembre 2001 et à la poudrière proche-orientale. D’après P. Schlesinger, le monde s’est redéfini dans une nouvelle dichotomie amis / ennemis, autour de laquelle se sont reconstruits des espaces de légitimité. Les attentats du 11 septembre 2001 ont radicalisé ces positions aussi bien dans les discours politiques que dans les actes, avec notamment l’invasion de l’Afghanistan et de l’Irak par les troupes américaines.
Dans les situations conflictuelle, les médias se feraient non seulement l’écho d la réaction de l’Etat contre les violences terroristes, mais aussi celui des actes terroristes ; plus encore ils joueraient sur le registre d’une amplification des événements conflictuels et en ce sens produiraient des « effets contagieux ». Néanmoins, cette question des « effets contagieux » est reposée avec beaucoup d’intensité par l’entrée en jeu d’internet dans les conflits.
Schlesinger Philip, Media, State and Nation, Londres, Sage, 1991, p. 66 :« Counter-Insurgency thinkers ». P. Schlesinger évoque par cette expression une théorie et des pratiques dont la fonction principale est d’établir des schémas stratégiques et des tactiques politiques afin prévenir toute tentative de soulèvement revolutionnaire contre un Etat. Selon P. Schlessinger, au delà de la réflexion sur la mise en place de moyens répressifs, la pensée contre-révolutionnaire est une forme d’idéologie.