Conclusion

Dans les conflits,  la question de la vraisemblance d’un jeu à trois (Etat - médias - auteurs des violences 187 ) se pose néanmoins : au regard des chapitres 4 et 5 de notre thèse , nous confrontons cette équation à l’idée qu’avec la prégnance de la technique dans les nouvelles logiques discursives, la situation risque de créer dans les prochaines années de probables modulations dans les définitions des espaces de légitimités, notamment dans le paysage conflictuel.

Les médias occupent une place essentielle du fait qu’ils « constituent le passage obligé, où se rencontrent provisoirement, autour du spectacle de la violence, des acteurs un instant réunis malgré leur rythme propre, leurs calendriers distincts et leurs objectifs inscrits dans des échéances plus ou moins lointaines 188  ». En outre, chacune des trois parties évoquées par M. Wieviorka et D. Wolton, ne touche pas les mêmes publics : les terroristes par leurs actions atteignent aussi bien leur propre « base », pour la mobiliser, qu’une nation ou l’opinion, pour la déséquilibrer et « l’effrayer ». Les médias, eux, s’adressent à l’opinion publique et les pouvoirs étatiques à l’ensemble de l’espace public.Ces cibles différentes, et par conséquent ces différents objectifs, réservent aux médias une place « à part » au sein de laquelle « l’opinion publique (…) n’est donc pas l’arbitre de débats, mais bien avantage un instrument » 189 . Les logiques d’action de chacun des acteurs divergent profondément, d’où une impossible symbiose, une manipulation rare et une complicité uniquement conjoncturelle.Ces affirmations doivent être repensées avec la place croissante d’internet dans les stratégies politiques et discursives des différents acteurs impliqués dans un conflit. Il ne faut cependant pas tomber dans le « piège techniciste » et donner au média électronique le premier rôle sur la scène conflictuelle. Selon nous, internet est un moyen de publicisation supplémentaire et complémentaire de la violence terroriste et de la contre-violence étatique ; mais il ne peut en l’état actuel occulter le rôle central de la presse comme trait d’union symbolique et comme lien social fort dans les situations conflictuelles. Réduire internet à un simple moyen de publicisation serait une erreur fondamentale.

La troisième partie de notre thèse, consacrée à l’étude de cas, devrait nous permettent de vérifier la pertinence des logiques discursifs présentées jusqu’ici et d’en faire potentiellement émerger de nouvelles.

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Notes
187.

Nous élargissons ce triangle de relations aux acteurs politiques ; nous gardons cependant à l’esprit que M. Wieviorka et D. Wolton envisagent ces relations dans le cadre du terrorisme uniquement. Il nous semble cependant que dans le cadre des conflits étudiés, la relation entre acteurs politiques et groupes paramilitaires terroristes est pour le moins floue. Nous pensons notamment à l’IRA et au Sinn Féin, au Fatah et au Brigade des Martyrs d’Al Aqsa. Le cas du Hamas est différent dans la mesure où il est un parti politique reconnu comme une organisation terroriste.

188.

Ibid., p. 175.

189.

Ibid ., p.176.