1-La représentation de la violence dans l’espace public conflictuel

Lorsque nous analysons les violences conflictuelles en Irlande du Nord et au Proche-Orient, il est difficile de faire l’impasse sur les blessures identitaires infligées par « l’ennemi », sur les vexations religieuses faites aux différents camps (le tunnel de Jérusalem passant sous l’esplanade des Mosquées construit sous le gouvernement Netanyahu par exemple) et les « amputations » territoriales (la décolonisation de la bande de Gaza, l’interdiction pour les écoliers catholiques de traverser une rue protestante pour se rendre à leur école). Ces exemples sont une forme de violence particulière ; il y a une violence réelle lorsque des manifestants protestants jettent des pierres sur les enfants et les parents catholiques ; les victimes sont touchées physiquement. Mais c’est une violence qui est aussi profondément symbolique dans la mesure où lancer des projectiles et injurier une partie de la population nord-irlandaise, c’est la placer dans un rapport de dominé à dominant 13 . Les enfants et les parents sont agressés parce que les habitants du quartier de Glenbryn considèrent qu’ils n’ont pas le droit de traverser un territoire protestant. Le dominé (ici les Catholiques) perçoit l’acte protestant comme la manifestation de la supériorité d’une communauté sur l’autre.

Notes
13.

La notion de violence symbolique et le rapport dominé / dominant dans lequel elle s’exprime notamment, ont été développées par Pierre Bourdieu dans un article « Sur le pouvoir symbolique », Annale, 3, 1977, p. 405-411.