Cette subdivision se veut assez synthétique ; nous développerons ponctuellement dans les chapitres suivants des points caractéristiques soulignés par l’arborescence des sites. Ces constructions schématiques sont référencées en annexes 109 , mais noussouhaitons revenir ici très succinctement sur la raison de leur existence. Un site internet est composé de dizaines de pages sur plusieurs niveaux, renvoyant les unes aux autres avec des logiques circulatoires variables. Ces niveaux constituent l’épaisseur ou la profondeur du site, avec pour degré ou point zéro la page d’accueil. Ces paliers qui défilent sous forme de page-écran sont des couches discursives ; elles entretiennent entre elles des relations transitives ou intransitives. Le lien est transitif lorsque qu’une page renvoie à une autre page ; il devient intransitif, lorsque la page se ferme sur elle-même sans proposer de liens passeurs vers d’autres pages ou vers des sites externes. La transitivité devient circularité, lorsque, par exemple, un lien en page d’accueil, ouvre sur une autre page p+1 (ou p-1), elle-même donnant sur une page p+2 (ou p-2), ramenant elle-même à la page d’accueil (p0). Il y a encore circularité et redondance, lorsque deux liens en p0 renvoient à la même page.
Les signes passeurs proposent deux types de transition : la première catégorie de liens hypertextuels renvoie à des pages internes au site, la deuxième catégorie renvoie à des pages internes mais aussi à des pages externes au site. Dans le premier cas, nous nous situons dans une réticularité 110 endogène, dans le second dans une réticularité exogène.
Afin de rendre plus intelligible l’interprétation des arborescences, nous comparerons les sites deux à deux, seul Aavoda, dont la réticularité est très faible, et le Fatah seront analysés seuls.
Nous avons choisi d’associer le site du Sinn Féin à celui du DUP, et celui du SDLP à l’UUP, afin de respecter la carte politique nord-irlandaise. En effet, le Sinn Féin et le DUP sont les deux partis à la tête du gouvernement nord-irlandais ; ce sont des partis en pleine croissance et ils ont été longtemps considérés comme des partis extrêmes.
Le site du DUP, version 2006 111 , est dès la page d’accueil beaucoup plus axé sur les manifestes du parti, les médias (caricatures, vidéo, etc.), l’interactivité (« Contact us », etc.). La page d’accueil permet d’accéder en un seul clic de souris à l’intégralité du programme du DUP, il y a très peu de profondeur « hypertextuelle », l’essentiel est donné dès la première page : c’est le niveau zéro de la toile (pas de complexité spatiale et peu de profondeur tabulaire) et c’est l’écriture de la visibilité (l’image parle pour le texte, devenu superflu en page d’accueil). Nous avons réalisé une seconde arborescence du DUP ; elle correspond à la version 2007 112 du site. La page d’accueil (p0) a encore été simplifiée, offrant une plus large lisibilité au centre et à gauche ; deux points sont notables : la persistance des discours et manifestes politiques, des résultats aux différentes élections et la suppression de la rubrique « Cartoons » en p0 comme dans l’ensemble du site. Le nombre de signes passeurs sur la page d’accueil a diminué d’un quart par rapport à la version 2006. Cette soustraction équivaut à une simplification de la structure réticulaire de surface et donc accroit la visibilité de la page d’accueil. L’internaute va à l’essentiel, c'est-à-dire aux suffrages et aux programmes politiques ; le page 0 du site du DUP fonctionne sur la logique de la proposition (les manifestes) et de la sanction (les suffrages). C’est un site qui se déclare résolument axé sur le futur. L’identité se construit dans la réfutation de l’Autre, dans le discours politique – pragmatique (on s’intéresse aux séniors, à l’agriculture, l’éducation, etc.) et dans la mise en avant d’un leader politique proche des préoccupations de ses concitoyens (protestants de préférence).
Le site du Sinn Féin 113 possède une arborescence (réalisée en décembre 2006) beaucoup plus complexe, voire alambiquée, avec des boutons qui renvoient plusieurs fois à la même page : jusqu’à cinq degrés de profondeur. C’est un site assez tourné vers le passé (avec un historique du conflit, la commémoration du vingt-cinquième anniversaire de l’action des grévistes de lafaim), vers le « fétichisme » (avec une boutique en ligne très dynamique), et vers l’extérieur, avec de nombreux liens vers les médias, mais aussi les « amis » du SF (aux USA, en Australie).L’identité semble ici se construire davantage sur l’histoire. La figure du leader politique est présentée comme celle d’un combattant pour la liberté (en l’occurrence celle des Catholiques nord-irlandais) et l’indépendance de l’Irlande du Nord mais aussi pour une Irlande unie, en opposition donc au DUP et à l’UUP. Sa réticularité est extrêmement exogène puisqu’en p 0, pas moins de sept hyperliens renvoient à des sites extérieurs au site du Sinn Féin. Au niveau p+1, vingt-sept signes passeurs complexifient encore le parcours narratif. L’arborescence du Sinn Féin dévoile donc un imbroglio discursif et semble montrer que la stratégie politique du parti est celle de l’ouverture sur l’extérieur. La cohérence narrative n’est pas apparente et seule une étude approfondie du site peut permettre de la saisir dans toute sa complexité. Par ailleurs, l’arborescence met en avant un autre trait distinctif du Sinn Féin qui est celui de la circularité puisque plusieurs pages se renvoient les unes aux autres, (3D10G 1, 2, 3…6 3D).
Les arborescences du Sinn Féin et du DUP montrent donc deux logiques discursives totalement distinctes, basées sur deux tabularités différentes, deux manières radicalement opposées d’appréhender le parcours de l’internaute : la construction du DUP est celle du pragmatisme politicien et celle du Sinn-Féin celle de l’idéologie combattante.
Nous avons ensuite choisi d’opposer les arborescences du SDLP et de l’UUP ; longtemps, ces deux partis ont occupé le devant de la scène et ont joué un rôle de premier plan dans les accords du Vendredi Saint (Good Friday Agreement) en 1998. Les oppositions politiques sont souvent binaires, et le SDLP et l’UUP se positionnent sur la même ligne discursive : celle de la modération.
L’arborescence de l’UUP 114 révèle une structure réticulaire beaucoup plus complexe qu’elle ne paraît à la lecture de la page d’accueil, dévoilant quatre niveaux de profondeur. Le site présente une réticularité à la fois exogène et endogène. Trois types de liens coexistent, toutes les rubriques (2H à 8H) en haut de la page d’accueil sont transitives, ainsi que les rubriques « Representatives » et « UUP History » (1G et 6G) ; les liens 2G, 3G et 8G fonctionnent en circularité dans la page p0 : 2G4H, 3G6H, 8G8H ; autrement dit, en p0, trois rubriques (« Our vision », « Toolbox » et « Join ! ») sont en double. Cette redondance volontaire trahit un parti-pris argumentatif axé sur le programme politique et l’engagement. Les rubriques centrales 4C à 6C (« Articles and Speeches ») sont transitives par une réticularité de niveau 2 (P0P2), et renvoient indirectement aux rubriques 2H et 3H (« News » et « Articles »). Seuls les liens 4G (Women’s Council), et 7G (« Advice Center) sont intransitifs. Ces constats ne prennent de sens que si nous les replaçons dans le contexte de l’argumentation et de la stratégie discursive. Nous constatons donc que toutes les rubriques qui touchent aux discours politiques, à l’histoire du parti, aux élus ont plusieurs degrés de profondeur et donc d’importance ; le DUP souhaitedévelopper une mémoire discursive importante et argumentée. L’intransitivité de la rubrique « Women’s council » est révélatrice d’un différentiel discursif dans le traitement des rubriques ; son intransitivité renforce l’hypothèse d’une stratégie électoraliste axée sur une partie de la population, qui serait imposée par l’importance croissante des femmes en politique (comme élus et comme électrices) et par la concurrence des autres partis (le SDLP notamment) proposant le même type de rubriques. Cette particularité discursive est récente car, en 2003, ces rubriques ne figuraient pas au sommaire des pages d’accueil des sites nord-irlandais. C’est aussi une manière pour le SDLP et l’UUP de se démarquer du Sinn Féin et du DUP qui, eux, ne possèdent pas de rubriques spécifiques.
Enfin, l’arborescence de l’UUP est l’occasion de signaler la place très particulière réservée aux jeunes puisqu’ils sont en quelque sorte « extraits » du site principal de l’UUP (un site entier leur est dédié) et sont surtout estampillés « unionistes ». En effet, la rubrique en page d’accueil ne concerne pas les jeunes en général, mais les jeunes unionistes. Cette remarque est à rapprocher du paragraphe précédent, puisque nous constatons également que la rubrique réservée aux femmes est intitulée « Women’s Council » : autrement dit, les jeunes et les femmes ne sont envisagés que sur le mode politique et non comme une catégorie sociale.
Le SDLP 115 présente une tabularité très abondante à laquelle s’ajoute une réticularité endogène alambiquée ; son site possède quatre niveau de profondeur (P0 à P3). Le chemin narratif est très complexe, se composant de multiples va-et-vient et impasses, surtout au niveau p0 et p1 du site. En effet, de nombreuses rubriques sont doublées en page d’accueil et fonctionnent donc sur le mode de la circularité : 1B1H (« Home »), 2B6H (« Contact »), 6D3H (« News & Archives » « Photo Gallery »), 7D9H (« Women’s Group), 8D10H (« SDLP Youth »). Le parti semble donc accentuer son discours sur certaines catégories politiques, sur son actualité politique et ses archives, et sur le lien avec l’internaute. La grande majorité des signes-passeurs sont transitifs en P0 et P1, renvoyant à une autre page que la leur ; ceci confère au site une forte tabularité et souligne une grande richesse textuelle.
Les catégories dédiées aux jeunes et aux femmes sont traitées à l’identique de l’UUP, sous l’angle politique. Un site « parent » est réservé également aux jeunes. Néanmoins, le SDLP consacre aux femmes cinq pages-écran au niveau P2 : « Women in SDLP » (« Les Femmes dans le SDLP »), « Aims of the Women’s Group » (« Les objectifs du groupe des Femmes »), « Profile : Margaret Walsh », « Women MLAs », « Women Councillors ». La stratégie du SDLP est beaucoup plus axée sur la question des femmes en politique alors qu’en surface, SDLP et UUP semblaient accorder la même importance à cette question.
Autre point marquant de l’arborescence : les pages de niveau p2 laissent la place à l’individu (« Profile : M. Walsh », « John Hume », « Mark Durkan », « Eddy Mac Grady », « Alasdair Mac Donnel ») alors qu’au niveau P0 et P1 la place est réservée aux catégories génériques et au collectif : « Women’s group », « Councillors », « MLAs », « Leadership & Officers », etc. Cet aspect est particulièrement intéressant car il permet d’envisager l’hypothèse d’unecatégorisation du sujet et de l’objet de l’énonciation en fonction du niveau de la page-écran dans le site. Autrement dit, il y aurait une échelle discursive sur internet (du général au particulier) faisant se correspondre deux dimensions, rhétorique et géographique. Les premiers niveaux de profondeur seraient le lieu des montées en généralité, susceptibles d’atteindre une large audience par leurs discours, et les niveaux inférieurs se concentreraient davantage sur l’individu politique et les particularismes identitaires.
L’étude parallèle des arborescences de l’UUP et du SDLP montre qu’en dépit de leur contiguïté politique, les deux partis ne développent par les mêmes structures narratives sur internet, en termes d’énonciation et d’utilisation de l’espace réticulaire. L’UUP développe une réticularité mixte, endogène et exogène, versée dans une collectivité œcuménique et la collectivisation des idées, alors que le site du SDLP semble davantage tourné sur lui-même et le communautarisme.
Les arborescences des sites israéliens sont très différentes de celles des sites nord-irlandais : la réticularité est d’un degré moindre. Il suffit pour s’en convaincre de comparer les arborescences des sites nord-irlandais à celles d’Aavoda, de Kadima et dans une moindre mesure celle du Likud.
Nous avons réalisé deux schémas pour Kadima 116 puisque nous avons consulté les versions en hébreu et en anglais. L’arborescence de la version anglaise est simple ; nous évoquions précédemment le niveau zéro de la toile, nous y voilà rendus à nouveau. La réticularité est exclusivement endogène, et l’intransitivité des boutons passeurs en P1 est la tendance générale. Seuls deux liens sont transitifs : 4G (« Candidates ») et 6G (« News Room »), le parti-pris discursif de Kadima en anglais est de mettre l’accent sur l’actualité politique et de présenter en niveau p2 les candidats. Nous précisons que la rubrique « News Room », consultée pour la dernière fois le 29 juillet 2007, présente des items datant de Janvier et Mars 2006. Nous étions alors en pleine période électorale puisque les élections législatives se sont déroulées fin mars 2006. Il est donc fort probable que le webmestre n’ait pas actualisé cette partie-là du site. Par ailleurs, l’intitulé de la rubrique « Candidates », et non « Leadership », laisse penser que le site ne s’est guère renouvelé depuis.
L’arborescence de la version originale 117 du site dévoile une architecture plus élaborée, mais néanmoins assez « linéaire », caractéristique que nous retrouvons dans la simplicité discursive et iconique des pages-écran. Il y a quatre niveaux de profondeur, ce qui constitue une échelle comparable aux sites nord-irlandais, mais l’observation de l’arborescence montre qu’un seul lien possède cette épaisseur hypertextuelle. Le site de Kadima est très accessible dans le sens où l’internaute ne se perd pas dans un dédale de pages-écran.
Enfin, la page p0 est remarquable par la répétition de certaines rubriques : 1C8B (« Vidéos »), 11D3G (« Volontariat ») et 12D2G (« Joindre »). La redondance estsignificative : ces rubriques visent toutes à créer un contact avec l’internaute (fonction phatique) et à l’engager à agir (fonction conative), soit par le pathos soit par des verbes ou des substantifs à valeur performative. Ce trait particulier place Kadima sur une niche discursive, puisque c’est le seul des partis étudiés à adopter cette modalité, proche des techniques publicitaires. Une autre répétition est présente en p0, 5D1B (« Programme d’action »), elle participe d’une stratégie politique volontariste : en enjoignant par deux fois l’internaute à consulter cette rubrique, Kadima veut montrer son souci de l’action politique.
Le site du Likud 118 dévoile une architecture à trois niveaux (p0p2), de réticularité endogène. Les liaisons entre les niveaux sont assez linéaires dans le sens où, sur vingt-sept liens en page p0, cinq seulement sont transitifs en P1 : 1H (« Sondages »), 6H (« Le mouvement du Likud »), 9H (« Le chef du mouvement »), 9H (« Les institutions du mouvement »), 12H (« Vidéos). Trois d’entre eux concernent l’organisation interne du mouvement ; cette profondeur spatiale traduit donc une stratégie discursive particulière, insistant sur la forte structuration du parti. Autre point remarquable en P0, la répétition à droite de la page de deux rubriques, 2D8D (« Les Femmes ») et 3D7D (« Les jeunes du Likud », « La jeune génération ») ; cette combinaison rhétorique est un point récurrent dans les différentes arborescences examinées. C’est une façon d’accentuer le discours sur un ou des point(s) précis. Ces deux rubriques n’ont, en revanche, aucune profondeur de champ, puisqu’elles sont intransitives. Il y a donc quatre liens qui conduisent à deux pages-écran ; si nous observons l’intitulé des deux rubriques consacrées aux jeunes et renvoyant au même texte, nous constatons que celui diffère quelque peu : « Les jeunes du Likud » / « La jeune génération ». D’un côté, le substantif est précisément qualifié ; de l’autre, la dénomination est générique, comme pour la rubrique dédiée aux femmes. Mais dans les deux cas, il est question de la catégorie politique.
Enfin, l’arborescence du Likud présente une circularité entre p0 et p2, puisque quatre liens en p2 (9He, 9Hg, 9Hi et 9Hk) correspondent successivement à quatre liens en p0 (5D, 6D, 7D, 8D) et renvoient aux catégories suivantes : « Communiqués de presse », « Les municipales », « Les femmes », « Les jeunes du Likud ». Cette caractéristique réticulaire met en exergue une autre tendance dans la stratégie discursive du Likud, puisque l’internaute est amené plusieurs fois aux mêmes endroits. Ce parcours « fléché » suggère un itinéraire de lecture et fonctionne comme un implicite argumentatif ; c’est-à-dire que le parcours de navigation du Likud, du fait de la redondance circulaire de certaines rubriques, constitue une figure de l’argumentation politique.
L’arborescence du parti travailliste 119 israélien est un exemple extrême d’une réticularité inexistante. Nous l’avons mentionné précédemment mais l’argumentaire politique d’un parti se construit aussi dans l’absence de stratégie discursive sur internet : sur le site d’Aavoda, seul l’ethos est explicite mais il l’est de façon ambigüe dans la mesure où c’est l’absence de leader désigné qui le rend présent. En effet, le site mentionne l’élection future du chef du parti (réalisée depuis) et laisse donc sous-entendre une nouvelle organisation politique.
Nous avons tenté de reproduire l’arborescence du site du Fatah 120 en respectant le sommaire bilingue en page d’accueil, chacun renvoyant à des pages différentes. Nous avons donc divisé le schéma en deux parties distinctes ; les deux présentent une réticularité à trois niveaux. Il n’y a pas ou peu de corrélation entre les deux sommaires ; la seule exception est une correspondance au niveau p2 des deux arborescences. Il s’agit de la rubrique « Links » (« Liens ») (6D et 7A). Nous notons que dans l’arborescence de la partie du site en anglais, toutes les pages sont composées de quatre liens fixes : « Home Page » (« Page d’accueil »), « Feed Back » et « Site Search » (« Recherche de site »), « Guest book » (« Livre d’or »). Cette récurrence formelle confère aux pages en anglais une certaine rigueur dans l’organisation de l’espace de la page.
Les deux arborescences indiquent une transitivité dominante puisque dans la partie en arabe, plus des deux tiers des liens sont transitifs. Cette caractéristique est moins affirmée dans le sommaire anglais, qui n’a qu’un tiers de ses liens développant une activité transitive : il s’agit des rubriques « Editorial » (4A), « Org. Message » (5A), « Publications » (6A) et « Related sites » (7A).
Tous ces liens (à l’exception du 7A) renvoient aux archives et développent une mémoire textuelle importante. La partie anglaise du site manifeste une volonté informative patente, comme la partie en arabe, mais les intitulés les plus polémiques (« Dossiers des martyrs », « Biographies », « Journal de l’Intifada », « Al Aqsa Intifada org ») ne figurent pas dans le menu anglais. Il faut voir là le dessein d’un propos politique plus accessible à l’internaute non averti, ou en tout cas qui touche peut-être à des sujets moins polémiques.
Quoiqu’il en soit, les ramifications du site du Fatah sont nombreuses et il est fort probable que le volume textuel, mobilisable par l’internaute et mobilisé par le parti, soit beaucoup trop abondant pour révéler une stratégie discursive adaptée au dispositif électronique. Il semble que l’organisation spatiale du site du Fatah désigne plus sûrement le foisonnement informationnel, ayant pour conséquence de perdre l’internaute dans cet écheveau textuel, que le choix réfléchi d’un usage de la mémoire textuelle comme objet argumentatif.
L’observation des arborescences du Likud et de Kadima atteste d’une utilisation d’internet assez différente des partis nord-irlandais. Les profondeurs réticulaires moins importantes et les parcours narratifs induits par l’enchaînement des pages-écran témoignent d’un parti-pris discursif, centré sur une politique électoraliste. En revanche, les partis nord-irlandais se servent d’avantage du média électronique comme d’une plateforme identitaire et développent une mémoire textuelle beaucoup plus vaste. Le Fatah adopte une posture réticulaire différente encore ; ces positionnements rhizomatiques laissent penser que les stratégies discursives sur le net se construisent au moins autant dans la forme que dans le contenu, et que leur diversité témoigne des particularismes nationaux et conflictuels.
La page de présententation des annexes sur le corpus internetcomprend un paragraphe donnant le mode d’emploi des arborescences (p. 519).
La réticuralité s’oppose à la linéarité dans le discours, c’est une structure en réseau. Elle est constituée de liens reliés entre eux par des nœuds (une page) et des droites (une adresse URL), dont la structure est comparable à la toile d’une araignée. La structure narrative du site est en rupture avec la construction linéaire traditionnelle (une narration, un discours avec un début et une fin) ; et c’est la réticularité d’internet qui offre de nouvelles cohérences narratives.
Voir annexe 10-4, p. 546.
Voir annexe 10-5, p. 548.
Voir annexe 10-2, p.542.
Voir annexe 10-3, p. 544.
Voir annexe 10-1, p. 540.
Voir annexes 10-6 et 10-7, p. 550 – 552.
Voir annexe 10-7, p. 552.
Voir annexe 10-8, p. 554.
Voir annexe 10-9, p. 556.
Voir annexe 10-10, p. 558.