Conclusion

L’étude de la figure du leader sur les sites internet des partis politiques et de ses représentations dans la presse écrite nous amène à conclure que les deux logiques discursives ne peuvent vraisemblablement se chevaucher puisque les instances d’énonciation divergent et que, conséquemment, les discours aussi. Néanmoins, nous confirmons que les représentations dans la presse et sur internet se complètent et se juxtaposent, en plaçant l’auditoire –l’internaute et/ou le lecteur de presse – dans une position spectatorielle complexe et originale. Complexe car les représentations à l’œuvre dans les deux supports développent des regards, sur la figure du politique, non pas opposés mais incompatibles du fait du lieu de l’observation. Ainsi, sur les sites des partis politiques, le leader se donne lui-même à voir en miroir de sa propre réalité politique, puisque il est à la fois le sujet, l’objet et le producteur de sa propre énonciation. Le média électronique donne une consistance nouvelle au leader politique, lui permet de retrouver une présence parfois perdue ou effacée dans la représentation médiatique traditionnelle. Les sites des partis politiques sont la concrétisation d’un idéal politique, celui d’un libre arbitre du dire et du faire politique.

Sur internet, le leader politique contrôle, façonne et fait agir son personnage à sa guise. Par exemple, Ian Paisley expose sur internet une rhétorique dépréciative très affirmée à l’encontre des Républicains et des Unionistes modérés ; cette rhétorique fait exister le DUP et son leader en réaction à la politique conduite par ses adversaires, aspect qui est moins prégnant dans les représentations de la presse Dans la presse écrite, le leader politique est donné à voir au lecteur par le biais du discours journalistique ; il est sujet et objet agi par l’instance médiatique. La représentation médiatique de l’agonie puis de la disparition de Y. Arafat est exemplaire ; même si les médias narrent la fin d’un leadership, la figure de Y. Arafat encore agonisant est déjà figée dans des schémas discursifs confinant au symbole.

Dans la presse enfin, le leader est essentialisé, singularisé pour être visible ; sur les sites des partis politiques, son individualité devient le plus souvent la figure anonyme d’une identité collective concentrée autour d’un sigle, DUP ou SDLP, ou d’un nom, Likud ou Kadima.