1-2 Le conflit israélo-palestinien : le démantèlement des enclaves israéliennes de Gaza

Nous avons vu précédemment que la relation de l’homme à la terre est extrêmement complexe dans le conflit israélo-palestinien ; elle inclut une dimension supplémentaire par rapport au conflit nord-irlandais, qui est celle de la terre sacrée dans son rapport immanent à la religion. Ce point est crucial car il est présenté régulièrement par certains acteurs politiques, par certains membres de la société civile israélienne et palestinienne, et par certains médias comme l’un des facteurs récurrents de la discorde entre les deux nations.

Le démantèlement des implantations israéliennes de la bande de Gaza en 2005 constitue un épisode central dans le rapport entre territoire et identité. Au moment du désengagement de Gaza, les aspects économique, politique, religieux et identitaire se cristallisent autour de la question du territoire.C’est pourquoi il nous semble important d’examiner les représentations médiatiques produites à ce moment-là, notamment autour du statut des colons 238 en Israël. Nous n’avons cependant pu distinguer des lignes éditoriales tranchées dans les quatre quotidiens, comme nous l’avons fait pour les événements survenus à Holy Cross School. En effet, les différents médias traitent tous, à des degrés divers, de la bipolarisation de la société israélienne, du caractère sacré et religieux de la terre, et de l’opposition entre colons israéliens et population palestinienne. Cette similitude dans la thématisation médiatique dudésengagement de Gaza peut s’expliquer par le fait que ces trois points correspondent aux standards interprétatifs du conflit israélo-palestinien, et que ces cadres de compréhension sont presque systématiquement mobilisés par les médias au moment d’événements saillants dans le conflit. Par ailleurs, les trois journaux – nous excluons The Jerusalem Post qui est situé dans l’espace public israélien – ont des correspondants permanents au Proche-Orient, ce qui leur permet de saisir plus aisément la question du territoire dans sa complexité. Le fait que les quatre quotidiens présentent des similitudes éditoriales, ne signifie pas pour autant qu’ils traitent tous de la même façon l’épisode du démantèlement de Gaza. Les thématiques restent les mêmes, mais les approches sont différentes.

Le 2 février 2004, Ariel Sharon annonce son intention de démanteler les colonies de Gaza ; cette décision sera entérinée par la Knesset le 26 octobre 2004. Le plan de démantèlement des vingt et une colonies doit se réaliser en deux temps principaux :

14 août 2005 : fin de la période des départs volontaires des colons de la bande de Gaza,

16 août 2005 : à partir de cette date, l’armée israélienne doit procéder à l’évacuation des 21 colonies. Les Israéliens récalcitrants seront passibles de peines d’emprisonnement. Cette période, qui aurait du durer trois semaines, s’achève au bout d’une semaine.

12 septembre 2005 : départ de l’armée israélienne des colonies de Gaza, qui sont « transmises » à la tutelle de l’Autorité palestinienne.

Nous avons choisi de resserrer principalement notre analyse sur les mois de juillet et d’août 2005, car c’est là le cœur de l’événement. Les tensions entre colons et militaires israéliens sont palpables, et les représentations identitaires sont plus aisément repérables car essentiellement centrées sur le territoire.

Notes
238.

Les termes pour qualifier le retrait de Gaza et les acteurs de ce retrait sont très divers dans la presse écrite : les expressions « colons » « colons juifs », « colonies de Gaza », « démantèlement des colonies » sont fréquentes dans les discours des médias français et libanais. Lorsque nous les employons dans le texte de la thèse sans les guillemetter, nous ne faisons que reproduire la terminonologie des médias sans nous l’approprier.Nous emploierons également le terme de « démantèlement des implantations israéliennes », utilisé par The Jerusalem Post.