2–Le traitement de l’altérité en ligne : identité et territoire sur internet

Par son dispositif multimédia et hypertextuel mais aussi sa capacité à intégrer une idéologie multidimensionnelle, Internet autorise une latitude discursive incitant à une hypertrophie de l’altérité. En effet, la concurrence d’autres supports ne pèse pas sur ce média, comme ce peut être le cas pour les médias audiovisuels et écrits. Les sites internet des partis politiques ne sont pas contraints par des logiques de rentabilité, d’audience ou de lectorats. A priori, il n’y a donc pas sur internet d’autres contingences que techniques ; la seule censure se situe au niveau de l’hébergeur, ce qui ne la rend pas moins efficace comme nous l’avons constaté avec le site du Fatah.Néanmoins, la promesse d’une expression libérée des contraintes médiatiques traditionnelles entraîne les partis politiques vers des logiques discursives qui s’autonomisent vis-à-vis du dire politique des meetings, des interviews et des débats télévisés. En tant que producteur et diffuseur de leurs discours et de leurs idées sur internet, les sites des partis politiques conjuguent leur idéologie et leur rapport à l’adversaire selon des modalités différentes. Dans le chapitre 7 de notre thèse, nous nous sommes intéressés à la façon dont le dispositif formel, l’agencement du site et de la page-écran, déclinent l’appartenance identitaire ; nous allons à présent concentrer notre analyse sur la matière discursive produite, et envisager celle-ci comme la continuation des rhétoriques visuelles mises à jour précédemment.

Nous évoquerons par ailleurs dans ce chapitre la présence d’outils multimédias sur certains sites comme vecteurs supplémentaires de l’identité ; mais, nous n’étudierons pas ici en détail leur contenu. Notre analyse porte avant tout sur le discours écrit et non sur l’image ou le son ; nous ne sous-estimons pas leur importance mais nous avons choisi de nous concentrer sur leur fonction dans le discours des partis en ligne.