Conclusion

Analyser les représentations autour des notions de territoire et d’identité, développées dans la presse écrite et sur les sites internet des partis politiques, nous a permis de distinguer deux éléments principaux. En premier lieu, le territoire n’est jamais autant sacralisé que lorsqu’il est représenté par un tiers ; sacraliser le territoire permet d’activer des mécanismes de compréhension rudimentaires, binaires et souvent décontextualisés de l’événement. Ceux-ci sont fondés sur des altérités, idéologiques, politiques et géographiques, exacerbées et stigmatisées dans des représentations figées par des logiques parfois extérieures aux conflits eux-mêmes : l’intelligibilité de l’événement, son impact sur le lectorat appartenant ou non à l’espace public en crise, et la « rentabilité » du sujet traité pour le journal.

Ensuite, la différence majeure dans la représentation du territoire et consécutivement de l’identité dans les deux médias, réside selon nous dans la signification des termes « sacraliser » et « sacré ». Les médias sacralisent le territoire, c'est-à-dire qu’ils lui attribuent un caractère sacré, donc intangible, immuable ; la représentation médiatique le rend exclusivement transcendant. Dans le discours des acteurs politiques, via leur site internet, le territoire est sacré; il ne le devient par la médiation d’un tiers. Pour ces acteurs, le caractère sacré de la terre est immanent, conflictuel, agissant ; au-delà des événements, il demeure un territoire transcendant.