ANNEXES (VOLUME 2)

I Les conflits étudiés

Annexe 1 - Historique du conflit israélo-palestinien

L’opposition entre Juifs et Musulmans remonte aux temps bibliques. L’émancipation du peuple israélite à la fin du XVIIIème siècle entraîne des jalousies et des haines pour mener à un antisémitisme latent qui explosera notamment avec l’affaire Dreyfus au début du XXème siècle. Bientôt les pogroms apparaissent en Russie. D’importants mouvements migratoires se font jour vers l’Europe occidentale et les Etats-Unis, peu encore vers la Palestine. De cette crise, naît le sionisme. L’idée d’une nation juive et de la nécessité de créer un état émerge.

- 1914 : plus de 70 000 Juifs ont regagné la Palestine. Rapidement des relations conflictuelles naissent entre Juifs et Arabes. Sous domination ottomane depuis le XVIème siècle, la Palestine rejette l’arrivée massive de ces nouveaux Juifs. Ces prémices sont les fondements du conflit israélo-palestinien. La première guerre mondiale précipite les choses. Le Proche-Orient, déjà zone stratégique par sa position sur la route des Indes et du fait de l’essor de l’exploitation du pétrole, est le fruit de toutes les convoitises. L’accord Sykes-Picot établit le partage des zones d’influence du Proche-Orient entre la France et la Grande-Bretagne.

- 1920 : la Palestine devient un mandat britannique.

L’avènement du nazisme en Allemagne précipite l’immigration juive dans les années trente. Les Juifs en 1940 représentent près de 30% des habitants de la Palestine. Les Palestiniens se révoltent et radicalisent leurs actions contre la cause sioniste. Plusieurs plans de partition de la Palestine sont alors proposés aux deux camps afin de calmer les tensions. Mais sans succès.

Survient alors la guerre et l’extermination des Juifs en Europe. Plus de cinq millions de juifs seront tués. L’immigration vers les Etats-Unis et la Palestine est le choix de la majorité des rescapés.

- 1945 : le monde arabe s’organise à la fin de la guerre et crée la Ligue Arabe en mars. Pendant ce temps, l’Irgoun (organisation militaire juive) multiplie les actions spectaculaires que ce soit en affrétant des bateaux pour le rapatriement des Juifs en Palestine ou en perpétrant des attentats (Hôtel King David en 1946 contre le Quartier Général anglais).

Le problème proche-oriental s’internationalise avec l’intervention des grandes puissances.

- 1947 : « l’affaire de l’Exodus » éclate ; l’Exodus, parti de France, transporte des Juifs souhaitant migrer vers la Palestine. Mais arrivé près des côtes palestiniennes, le navire est refoulé par la marine britannique. La majorité des passagers n’ayant pas de certificat d’immigration, l’armée britannique les renvoient en Europe, à leur point de départ.

Commence alors de longues tractations entre les passagers, qui refusent de débarquer, et les gouvernements français et britanniques. Le blocus dure du 29 juillet au 23 août ; puis, trois navires embarquent les immigrants pour Hambourg sur ordre du gouvernement britannique, puis pour des camps de réfugiés prés de Lubeck en Allemagne. Mais le débarquement à Hambourg se passe mal, faisant plusieurs dizaine de blessés parmi les réfugiés mais aussi parmi les soldats britanniques.

L’épisode de l’Exodus a un fort retentissement dans la presse mais également auprès de l’opinion publique internationale.

- 1948 : l’ONU, après enquête, propose la scission de la Palestine en deux états distincts. La Palestine est divisée en trois : un Etat juif (comprenant la région de Tibériade, la plaine côtière et un territoire du désert du Néguev jusqu’à Eilat), un Etat arabe (regroupant une partie de la Galilée, la Cisjordanie et la bordure de la frontière égyptienne) et enfin la zone internationale de Jérusalem. Le Haut Comité Arabe rejette cette décision et se prépare à l’offensive.

Cinq guerres vont secouer le Proche-Orient entre 1948 et 1982 : la guerre d’indépendance (1948), la guerre du Sinaï (1956), la guerre des Six Jours (1967), la guerre du Kippour (1973) et la guerre du Liban (1982). Après près de quarante ans de conflits, les espoirs de paix, dans les années 80, semblent s’éloigner à grandes enjambées.

Le processus de paix, tentatives et échecs successifs  : le principe de la paix contre des territoires est un leitmotiv dans les négociations entre Israël et pays arabes.

- 1982 : Ronald Reagan, dans un discours destiné aux Arabes et aux Israéliens, énonce ses propositions pour une paix au Proche Orient. Celles-ci sont essentielles dans la mesure où elles resteront valables jusqu’en 1991 aux négociations de Madrid. Le président américain veut faire valoir les droits Palestiniens et voir la sécurité d’Israël assurée. Ce sont là les prémices des accords qui verront le jour dans les années 90.

- 1991 : la conférence de paix de Madrid à l’initiative des deux grands, Etats-Unis et URSS, se tient le 30 octobre 1991 et permet d’amorcer un cycle de négociations entre Israël et les pays arabes. Les dialogues entre Israéliens et la délégation jordano-palestinienne se poursuivent timidement jusqu’à Washington.

Un pas vers la Paix, Oslo et Camp David : l’arrivée d’Yitzak Rabin à la tête du gouvernement israélien en 1992 active les choses.

- 1993 : en avril, les négociations reprennent à Washington. Parallèlement et paradoxalement, la répression continue à grandir à Gaza et en Cisjordanie. Les affrontements entre les deux camps se poursuivent, le Hamas et le Hezbollah depuis le Liban assaillent les positions israéliennes. Les territoires occupés sont au bord de l’implosion et les restrictions imposées par les Israéliens provoquent des vocations de martyrs.

A nouveau, les négociations stagnent. Pourtant, sur l’initiative d’universitaires norvégiens, des Palestiniens et des Israéliens se rencontrent en secret durant plusieurs mois aux environs d’Oslo et permettent l’impensable : la reconnaissance de la légitimité des deux nations.

- 1994 : l’accord du Caire concrétise l’autonomie de la bande de Gaza et de Jéricho. Yasser Arafat arrive en triomphateur dans ces deux places. Parallèlement aux négociations avec les Palestiniens, Israël signe un accord de paix avec la Jordanie en 1994.

Malgré les apparences, les négociations ne progressent guère : c’est à nouveau le statu quo. Les attentats du Hamas se multiplient dans les territoires ; les bouclages de Gaza et de la Cisjordanie sont décrétés. C’est dans ce climat qu’est assassiné Y. Rabin par un extrémiste juif en novembre 1995.

- 1996 : en janvier, des élections palestiniennes ont lieu pour la première fois ; Y. Arafat est élu président de l’autorité intérimaire ; un conseil législatif de 88 membres est nommé jusqu’en mai 1999, date de la fin de l’accord intérimaire.

Shimon Peres provoque en février 1996 des élections anticipées. Benyamin Netanyahu est élu dans un climat de violence dû aux nombreux attentats perpétrés par le Hamas. Nous voilà revenus au principe de la paix et de la sécurité contre des territoires. Le processus de paix est bloqué dès le mois de juillet 1996. La révolte gronde parmi les Palestiniens et éclate le 25 septembre 1996.

- 1997 : ce sera l’année de toutes les impasses. La Cisjordanie se soulève ; les pierres palestiniennes s’abattent à nouveau sur l’armée israélienne. Les attentats-suicides recommencent, jetant à nouveau le Proche Orient dans une logique de violence, de sang et de bouclages de territoires.L’été 1997 est meurtrier, faisant des victimes civiles israéliennes. L’opinion publique internationale et la société israélienne sont sous le choc.

1998 ne se présente guère sous de meilleurs hospices ; les pourparlers reprennent néanmoins.

- 1999 : c’est une année riche en événements. A la veille du 4 mai 1999, date de la fin de la période intérimaire, le Conseil central palestinien se réunit et adopte à l’unanimité le report de la décision sur la question de l’Etat palestinien. Le 26 juillet, B. Clinton, E. Barak et Y. Arafat organisent une rencontre trilatérale à Rabat, en aparté des funérailles du roi Hussein de Jordanie ; cette réunion conduit à la signature en septembre 1999 du mémorandum de Sharm-el-Sheikh. S’ensuit alors une série de mesures favorables aux Palestiniens. La situation au Proche-Orient s’est apaisée.

- 2000 : en juillet, le sommet de Camp David, regroupant B. Clinton, E. Barak et Y. Arafat est un échec. Aucun compromis n’est trouvé sur les questions du statut de Jérusalem-Est, du retour des réfugiés palestiniens, ni du tracé des futures frontières de l’Etat palestinien. Le 28 septembre 2000 éclate la seconde Intifada. La visite d’Ariel Sharon sur l’Esplanade des Mosquées à Jérusalem serait à l’origine de violents affrontements entre les Palestiniens et les forces de l’ordre israéliennes, qui se seraient ensuite étendus en Cisjordanie et dans la bande de Gaza.

- 2002 : alors que les violences entre Palestiniens et Israéliens se poursuivent, l’ONU adopte en mars la résolution 1397 évoquant pour la première fois un Etat palestinien au côté de l’Etat israélien. En Avril, l’armée israélienne pénètre dans différentes villes de Cisjordanie, dont Jénine, afin de réprimer la violence.

En décembre, une feuille de route est établie par le quartet (Etats-Unis, Union Européenne, Russie et Nations Unies) afin de trouver une issue au conflit.

- 2003 : une initiative non officielle pour la paix est menée à Genève par certains des négociateurs de Taba en 2001, en parallèle aux négociations officielles. Saluées unanimement par le monde politique, cette proposition est refusée en bloc par les autorités palestinienne et israélienne.

- 2004 : A. Sharon annonce l’intention du gouvernement israélien de procéder au retrait des vingt-et-une implantations israéliennes de la bande de Gaza et de quatre en Cisjordanie. Il s’agit d’un retrait unilatéral sans concertation avec l’Autorité palestinienne. Le 11 novembre, Y. Arafat meurt de maladie à l’hôpital Percy en France.

- 2005 : en janvier, Mahmoud Abbas est élu à la tête de l’Autorité palestinienne. Les évacuations des implantations israéliennes débutent officiellement le 15 août, conformément au plan de désengagement, et s’achèvent le 12 septembre avec le retrait des troupes israéliennes de la bande de Gaza.

- 2006 : le 26 janvier, le Hamas remporte les élections législatives palestiniennes. La situation politique palestinienne est extrêmement tendue, du fait des rivalités entre le Fatah et le Hamas. Suite à la victoire du Hamas, les subventions internationales qui parvenaient à la Palestine sont gelées, car le Hamas est considéré comme une organisation terroriste. Les luttes internes ne favorisent pas un rapprochement politique avec Israël. Ariel Sharon, alors Premier Ministre, tombe dans le coma en janvier et est remplacé par Ehud Olmert.

Le 12 juillet, une faction du Hebzollah attaque une troupe israélienne au Liban, et enlève deux soldats de Tsahal. L’Etat israélien réplique en bombardement des positions du Hezbollah au Liban ; les combats se poursuivent jusqu’au 14 août, moment de la publication de la résolution 1701 de l’ONU qui vise la cessation totale des hostilités. Cette résolution, approuvée par Israël, signe la trêve entre le Liban et Israël.

- 2007 : la crise éclate en Israël, suite aux décisions du gouvernement d’Ehud Olmert prises durant le conflit libanais, décisions qui sont vivement contestées par la classe politique et l’opinion publique israélienne. En Palestine, les confrontations entre les membres du Hamas et ceux du Fatah font de nombreuses victimes parmi la population palestinienne. Le 15 juin, le Hamas prend le contrôle de Gaza alors que le Fatah conserve son pouvoir sur la Cisjordanie. La Palestine est divisée en deux.