Section I. Les intérêts des chefs d’entreprise au cœur des politiques économiques intercommunales ?

Nous commençons notre analyse des effets de la réforme de la « gouvernance économique métropolitaine » de la communauté urbaine de Lyon en nous penchant sur le contenu des actions menées dans le cadre de ‘Grand Lyon, l’Esprit d’Entreprise’ et du ‘Pack’. Cela nous permet de souligner une prise en compte importante des intérêts des chefs d’entreprise, investis ou représentés dans ces dispositifs, dans la définition de ce contenu. L’analyse des actions développées dans le cadre de ces dispositifs montre néanmoins également que ces actions ont d’abord la particularité d’être en conformité avec les compétences initiales de la structure intercommunale. Sans pour autant être des dispositifs sans contenu spécifique, ‘Grand Lyon, l’Esprit d’Entreprise’ et le ‘Pack’ constituent des dispositifs conventionnels et incitatifs 1041 qui entraînent des modifications, à la marge mais néanmoins substantielles, des politiques de « développement économique » de la communauté urbaine. Celles-ci s’intègrent en effet dans un processus de libéralisation 1042 .

Notes
1041.

Nous reprenons ici deux qualificatifs utilisés par Pierre LASCOUMES et Patrick LE GALÈS pour qualifier certains instruments d’action publique (cf. Pierre LASCOUMES, "Gouverner par les instruments, Ou comment s'instrumente l'action publique ?" dans Jacques LAGROYE (dir.), La politisation, Paris, Belin, coll. "Socio-histoire", 2003, pp.387-401et Pierre LASCOUMES et Patrick LE GALÈS (dir.), Gouverner par les instruments, Paris, Presses de Sciences Po, coll. "Gouvernances", 2004).

1042.

Dans ce chapitre, il est donc à la fois question de gouvernement privé et de libéralisation de l’action publique. Par gouvernement privé, nous entendons l’association étroite de chefs d’entreprise (et, à Lyon, surtout de leurs représentants) à la formulation et à la mise en œuvre de l’action publique. Nous nous penchons plus précisément, au sein de cette section, dans un premier temps sur la prise en compte des intérêts des entreprises lors de la formulation de l’action publique étudiée puis sur la délégation de la mise en œuvre de cette action publique à des chefs d’entreprise ou à leurs représentants. Par libéralisation, nous entendons l’intégration des normes du marché dans l’action publique étudiée (sur la distinction que de nombreux chercheurs opèrent entre privatisation et libéralisation, cf. Patrick HASSENTEUFEL et Joseph FONTAINE (dir.), To change or not to change : les changements de l'action publique à l'épreuve du terrain, Presses universitaires de Rennes, coll. "Res Publica", 2002, p.19).