a / Une institution intercommunale stabilisatrice

Les institutions publiques (dont les institutions publiques locales), ont joué un rôle historique important dans la structuration de la représentation des intérêts partiels, au premier rang desquels figurent les intérêts des chefs d’entreprise 1247 . Plutôt que d’appréhender les politiques publiques étudiées ici uniquement comme un résultat ou une variable dépendante des configurations d’acteurs y prenant part, nous les considérons comme des facteurs de transformation de ces configurations, notamment au travers de leurs conséquences inattendues 1248 . Cela nous permet de souligner l’impact des sollicitations des élus et des agents de la communauté urbaine de Lyon (qui appellent à la mise en place d’actions économiques partenariales), sur la structure de la représentation des intérêts des chefs d’entreprise locaux. Les dispositifs que nous analysons sont, en effet, lancés sur l’initiative d’élus et d’agents de la communauté urbaine. Dans un second temps uniquement, ils sont acceptés puis intégrés par les partenaires de la communauté urbaine. Celle-ci porte des dispositifs qui ne relèvent pas d’un processus bottom-up 1249 .

Les instances patronales sont alors mobilisées en tant que représentantes des chefs d’entreprise locaux 1250 , mais plusieurs instances se disputent cette représentation 1251 . Face à cet éclatement de la représentation des intérêts des chefs d’entreprise locaux, la DAEI opère d’abord un travail d’identification des différentes instances patronales puis réunit ces dernières 1252 . Au milieu des années 1990, les agents de ce service prennent contact avec le président et le directeur général du Medef, de la CGPME, de la CCIL et de la Chambre de Métiers. Ils les rencontrent d’abord individuellement et lancent des actions avec chacune de ces instances avant de leur proposer, à toutes, de coopérer au sein des mêmes dispositifs 1253 . La communauté urbaine érige ces quatre instances patronales au rang de partenaires privilégiés 1254 . Les chambres consulaires et les syndicats patronaux souffrent pourtant d’un discrédit dont la presse locale rend compte régulièrement 1255 , qui est directement lié aux transformations de cette structure de la représentation des intérêts des chefs d’entreprise ainsi qu’à celles du système productif lyonnais.

Historiquement, la CCIL occupe une place centrale dans les coopérations avec les collectivités locales 1256 . Cet établissement semi-public connaît cependant des difficultés depuis les lois de décentralisation, notamment du fait des coupures budgétaires qu’elle subit 1257 . En outre, cette organisation d’interface est, en interne, largement dominée par le GIL puis Medef Rhône qui occupe une position centrale lors de la désignation des candidats aux élections consulaires 1258 . Au cours des années 1990 émerge en effet un syndicat local professionnel concurrent du Medef Rhône, la CGPME 1259 . Par ailleurs, quelques personnalités des domaines des nouvelles technologies et des biotechnologies, qui disposent d’une aura importante mais qui ne sont pas engagées dans les instances patronales traditionnelles (telles que Bruno Bonnel, PDG d’Infogrammes 1260 , ou encore Christian Boiron, PDG des Laboratoires Boiron, cf. Supra) nouent des relations directes avec les institutions publiques locales, notamment avec la communauté urbaine. La presse se fait alors l’écho de critiques plus ou moins explicites de la CCIL, notamment par le président de la CGPME 1261 , par ces quelques grands patrons lyonnais ainsi que, plus généralement, par des chefs d’entreprise issus de secteurs qui s’estiment sous-représentés en son sein 1262 . Pour l’heure, la logique du compromis domine lors de la constitution des listes de candidats à la CCIL, mais la CGPME est de plus en plus revendicative. Elle obtient d’ailleurs le partage du mandat présidentiel de cette institution avec le Medef Rhône à partir de 2004 1263 .

Cette recomposition de la représentation des chefs d’entreprise lyonnais est en partie liée aux évolutions de l’activité économique locale. En effet, dans un contexte général de perte de vitesse du secteur industriel et de montée en puissance du secteur tertiaire, notamment des services aux entreprises 1264 , au cours des années 1990, les grands groupes industriels dominants au sein du Medef Rhône s’internationalisent 1265 . Même s’ils continuent naturellement à peser sur le tissu économique local, en intégrant un marché internationalisé, ils accroissent la mobilité de leurs activités et leurs liens avec Lyon sont moins étroits 1266 . La mondialisation des marchés économiques incite parallèlement les nombreuses PME locales à développer leurs activités de sous-traitance pour des groupes étrangers 1267 . Elles produisent dès lors une part non négligeable de l’activité économique locale et se repositionnent, notamment face aux grandes firmes industrielles locales 1268 . Enfin, l’organisation sectorielle de la représentation des chefs d’entreprise, qui correspond à une logique de négociation avec les syndicats de travailleurs 1269 , est régulièrement dénoncée car elle conviendrait mal à la volonté d’agir pour améliorer l’environnement d’entreprises aux intérêts liés à leur mode de management plus qu’à leurs secteurs d’activité 1270 . Le patronat, trop souvent considéré comme un tout homogène, connaît bien des divisions internes dont les contours sont mouvants.

C’est dans ce contexte qu’est lancé ‘Grand Lyon, l’Esprit d’Entreprise’. Cette politique 1271 met en place les conditions favorables à une stabilisation des relations entre la communauté urbaine et les milieux économiques locaux en identifiant des entreprises et, surtout, des instances patronales pouvant participer activement à l’action économique à l’échelle de l’agglomération. En insistant sur la nécessité d’asseoir le « développement économique » sur une coopération avec de « nouveaux acteurs économiques » 1272 , la communauté urbaine remet certes en cause, dans un premier temps, le rôle de représentation des instances patronales. Après une phase de concertation ouverte à tous les entrepreneurs, les instances patronales jouissent malgré tout de véritables délégations de projets dont elles ont la charge (cf. Supra). Le Medef Rhône, la CGPME, la CCIL et la Chambre de Métiers coopèrent ainsi désormais avec la communauté urbaine, au grand jour, simultanément et dans le cadre d’un même dispositif 1273 . L’éclatement de la structure de représentation des chefs d’entreprise locaux complique le rôle de régulation de l’action publique de la communauté urbaine tout autant qu’il le rend possible. Identifier, sélectionner puis rassembler ces différentes instances patronales, c’est en effet prendre acte des divisions des chefs d’entreprise locaux et participer à la fois à leur stabilisation et à leur pérennisation. Cela permet à la communauté urbaine d’être progressivement reconnue comme une institution « animatrice » et, par là, d’accroître son emprise sur les politiques économiques locales (cf. Supra).

La communauté urbaine tisse ses partenariats avec les représentants des chefs d’entreprise en établissant d’abord des contacts avec des acteurs à la marge de (voire extérieurs à) la structure de représentation des chefs d’entreprise locaux, qu’elle parvient, ensuite, à intégrer l’acteur central de cette représentation, à savoir le Medef Rhône, à ses dispositifs partenariaux. En 1997, la CGPME est ainsi la première instance patronale à s’investir officiellement dans ‘Grand Lyon, l’Esprit d’Entreprise’. Loin d’être le fruit d’un calcul stratégique de la part des initiateurs de ce dispositif, cet investissement antérieur à celui du Medef Rhône 1274 est en partie lié aux contacts noués par Henry Chabert avec François Turcas (le président de la CGPME) via son groupe politique « Réussir Lyon » 1275 . Depuis le milieu des années 1990, la DAEI coopère en outre régulièrement avec la CGPME à laquelle elle accorde régulièrement des subventions pour mettre en œuvre certains de ses projets 1276 . Enfin, toujours au moment du lancement de ‘Grand Lyon, l’Esprit d’Entreprise’, des membres du CJD (Centre des Jeunes Dirigeants) sont invités à participer aux réunions organisées à l’agence d’urbanisme. En revanche, les membres de cette structure plus proche de la CGPME que du Medef 1277 ne sont pas invités à intégrer le « comité de gouvernance » de ‘Grand Lyon, l’Esprit d’Entreprise’ en 2001. Leur participation est inversement proportionnelle à celle du Medef Rhône. Ils se désengagent progressivement 1278 . Hervé Laurent, président du Medef Rhône de 1998 à 2002 est certes présent aux réunions de ‘Grand Lyon, l’Esprit d’Entreprise’ dès 1997 mais il est systématiquement introduit en tant que PDG de la société Deloitte et Touche et il n’intervient pas, alors, au nom du Medef Rhône. Au départ, ce syndicat suit donc les évolutions de cette politique mais sans s’y investir officiellement 1279 . C’est bien après l’investissement de la CGPME que le Medef accepte d’intégrer officiellement cette démarche partenariale 1280 .

En outre, parallèlement à ‘Grand Lyon, l’Esprit d’Entreprise’ (et à ‘Lyon, Métropole Innovante’), la communauté urbaine lance le ‘Lyen’ puis, surtout, le ‘Pack’. Ces dispositifs visent à mobiliser des « entreprises de second rang » ou, en d’autres termes, des chefs d’entreprise non-investis dans les instances patronales 1281 . Le ‘Pack’, est d’ailleurs dès l’origine perçu comme une dynamique concurrente 1282 , par des représentants du Medef Rhône qui acceptent déjà mal que leur monopole historique sur la représentation des chefs d’entreprise locaux soit mis à mal par la CGPME. L’histoire de la vie politique lyonnaise est, en outre, marquée par la coopération entre instances patronales et partis politiques de droite. Critiquer (comme le font les membres du ‘Pack’ 1283 ) l’immobilisme des institutions locales revient, dans ce contexte, à critiquer indirectement des actions menées par le Medef Rhône. Cela ne facilite pas l’acceptation du ‘Pack’ 1284 . Les membres de ce dernier affirment, certes, ne pas chercher à concurrencer le syndicat, mais ils proposent de fait des modes d’action différents (cf. Infra). Le principal syndicat patronal local ne soutient donc pas le ‘Pack’. Et la rupture entre la communauté urbaine et le ‘Pack’, c’est-à-dire entre ce groupe et un maire président de la structure intercommunale de gauche, n’entraîne pas de changement d’attitude direct ni radical du Medef Rhône 1285 . En entretien, les membres de ce dernier minimisent l’importance du ‘Pack’ en posant systématiquement la question de sa survie, ou encore stigmatisent cette dynamique en la qualifiant de « mouvement de jeunes ultra-libéraux incontrôlables » 1286 . Le ‘Pack’ est surtout perçu comme un risque potentiel pour la structure actuelle de la représentation des intérêts des chefs d’entreprise 1287 . Le milieu industriel est en effet encore très puissant au sein du Medef Rhône alors que les entrepreneurs du ‘Pack’ travaillent plutôt dans le domaine des services 1288 . Les craintes du Medef Rhône sont ainsi en partie liées à leur souci de maintenir l’état des forces entre branches professionnelles en son sein 1289 .

La structure de la représentation des intérêts des chefs d’entreprise dans l’agglomération lilloise, dont les branches professionnelles coopèrent de longue date au sein de l’Union Patronale du Nord et, ensuite, au sein de la Maison des Professions, permet au contraire au ‘Comité Grand Lille’ de s’imposer progressivement comme un groupe tout à la fois distinct et soutenu par l’ensemble des chambres consulaires et des syndicats patronaux 1290 . À Lyon, la structure de la représentation des intérêts des chefs d’entreprise locaux, qui se caractérise (au moins jusqu’à la fin des années 1990) par une absence de coopération régulière des différentes unions patronales, freine la mise en place du ‘Pack’. Quelques Unions Patronales dominent en effet largement, sans impulser de fusion ni de coopération étroite. À ce titre, le maintien d’une domination historique des Unions Patronales du secteur industriel (au sein du Medef Rhône et, de ce fait, au sein de la CCIL) peut être illustré par l’élection du candidat Jean-Paul Mauduy à la présidence de la CCIL en novembre 2004. Issu de la liste du Medef, celui-ci est certes présenté comme un « trait-d’union » entre les grandes entreprises et les PME du fait de sa trajectoire de chef d’entreprise 1291 . Il partage en outre son mandat avec le candidat de la CGPME 1292 . Mais le bureau que constitue Jean-Paul Mauduy (après son élection) est en revanche très majoritairement issu du secteur industriel 1293 . Ce marquage n’échappe pas aux chefs d’entreprise des autres secteurs et renforce le sentiment de certains d’entre eux de ne pouvoir agir en s’investissant dans cette chambre consulaire, qu’ils dirigent de grandes entreprises ou des PME 1294 .

Le Medef et la CGPME (et, bien que dans une moindre mesure, la CCIL et la Chambre de Métiers) s’opposent dans des luttes concernant la représentation légitime des chefs d’entreprise. Ces luttes entre instances patronales s’entremêlent à celles des Unions Patronales qui cherchent à contrôler des syndicats patronaux qu’elles financent et donc aussi à contrôler des chambres consulaires dont les listes électorales sont établies par les syndicats patronaux. Ce n’est finalement pas un hasard si l’organisateur du ‘Pack’, en mobilisant ses réseaux personnels, parvient à réunir des chefs d’entreprise appartenant au domaine des services. Ceux-ci peuvent ainsi se rencontrer en dehors du Medef Rhône et de la CCIL. L’émergence du ‘Pack’ menace bien, potentiellement au moins, la position du Medef local en tant que force de proposition pour la communauté urbaine puis pour les institutions locales. Le Medef Rhône parvient néanmoins à maintenir sa position et l’équilibre des forces entre Unions Patronales adhérentes puisque le ‘Pack’ peine à stabiliser son mode de fonctionnement et à devenir visible.

La communication officielle de la communauté urbaine dans le cadre de la « gouvernance économique métropolitaine » est focalisée sur le partenariat qu’elle établit avec les quatre grandes instances patronales locales. Néanmoins, si l’on considère l’ensemble des dispositifs économiques de la DAEI, les élus et les agents communautaires multiplient toutes les relations possibles avec les milieux économiques 1295 . Cela n’échappe ni aux chefs d’entreprise locaux, ni à leurs représentants. Ces derniers se méfient de certains projets intercommunaux dont ils préfèreraient qu’ils n’aboutissent pas. À ce titre, la rupture des liens entre la communauté urbaine et le ‘Pack’ à la fin de l’année 2003 est en partie liée aux propos des membres de ce dernier concernant indirectement le Medef Rhône. La communauté urbaine multiplie ses relations avec les milieux économiques locaux uniquement tant que cela ne remet pas en cause celles qu’elle noue en priorité avec les principales instances patronales. La reconnaissance des divisions qui partagent les chefs d’entreprise locaux (et, ainsi, la pérennisation de ces divisions) permet à la communauté urbaine d’accroître son emprise sur les politiques économiques locales seulement si une certaine stabilité de la structure de la représentation des chefs d’entreprise perdure malgré tout 1296 . La représentation des chefs d’entreprise locaux est un problème d’autant plus délicat que ces derniers ne se caractérisent pas par des intérêts totalement fragmentés mais sont plutôt structurés en mondes qui s’opposent tout en cherchant à s’allier avant tout entre eux.

Notes
1247.

Cf. notamment LEMERCIER, Un si discret pouvoir. Aux origines de la Chambre de commerce de Paris, 1803-1853, op. cit. (voir Chapitre I).

1248.

Cf. notamment Paul PIERSON, "When effect becomes cause. Policy feedback and political change", World Politics, vol.45, juillet 1993, pp.595-628. Nous posons ainsi la question de l’impact des politiques publiques.

1249.

Même si les chefs d’entreprise locaux et leurs représentants développent des discours sur l’internationalisation et le « développement économique » importants au cours de la genèse de la réforme de la « gouvernance économique métropolitaine » à Lyon (voir Partie I).

1250.

Voir Chapitre III.

1251.

Voir Chapitre I en ce qui concerne la présentation de ces différentes instances dans une perspective historique et cf. Infra en ce qui concerne leurs luttes actuelles pour la représentation des chefs d’entreprise locaux.

1252.

Voir Chapitre III.

1253.

Les agents de la DAEI effectuent des recherches concernant les entreprises lyonnaises, les instances patronales et les unions patronales. Ils contactent ces acteurs puis invitent les quatre instances patronales à prendre part à ‘Grand Lyon, l’Esprit d’Entreprise (ACU 1650 W 003, carton intitulé : Contacts avec les entreprises 1994).

1254.

Voir Chapitre III.

1255.

Par exemple : Les acteurs de l’économie, Rhône-Alpes, n°39, février 2003.

1256.

Voir Chapitre I.

1257.

Cf. Supra et JOUVE, "Chambre de commerce et d'industrie et développement local : le cas de Lyon", op. cit.

1258.

Voir Chapitre I.

1259.

Idem. Entretien avec l’enquêté n°42 : le coordinateur CGPME du dispositif ‘Grand Lyon, l’Esprit d’Entreprise’ et http://www.cgpme-ra.org.

1260.

Société aujourd’hui rebaptisée Atari.

1261.

François Turcas intervient régulièrement dans les médias locaux. La montée en puissance de la CGPME du Rhône est en partie liée à la personnalité de son président qui reçoit d’ailleurs la légion d’honneur pour son investissement dans cette structure en Rhône-Alpes en novembre 2006.

1262.

Ces éléments sont fréquemment soulignés dans des articles de la presse locale notamment publiés dans des journaux économiques (voir la liste des sources à la fin de ce volume).

1263.

Idem. Certains journalistes soulignent plus précisément les oppositions puis le compromis trouvé par les deux instances patronales lors des dernières élections pour la présidence de la CCIL, cf. Infra.

1264.

Voir Chapitre I.

1265.

Cf. BONNEVILLE, Lyon, Métropole régionale ou euro-cité ?, op. cit. Or ces grands groupes continuent à peser au sein de Medef Rhône via leurs Unions Patronales et, pour certains, via une adhésion directe à ce syndicat (cf. Infra).

1266.

Cf. Ibid.

1267.

Cf. Ibid.

1268.

Ce phénomène est encore accentué par le contexte de lente érosion du poids des activités industrielles au profit des activités tertiaires (cf. Supra).

1269.

Par exemple dans le cadre des négociations des conventions collectives des branches professionnelles.

1270.

Cf. Bernard JOUVE, "La métropole est-elle gouvernable ?", Festschrift. Elmar Zepf 70 Jahre, Munick, Bayerische Akademie Landricher Raume V., 2001.

1271.

Ainsi que ‘Lyon, Métropole Innovante’. Nous avons néanmoins choisi de nous concentrer, ici, sur la politique ‘Grand Lyon, l’Esprit d’Entreprise’ dans le cadre de laquelle la participation des instances patronales est plus importante, plus structurée et plus affichée (voir Chapitre III).

1272.

Archives non-classées, Pochettes intitulées : Schéma de Développement Économique, « Comptes rendus des réunions du 3 novembre 1997, du 13 novembre 1997, du 19 novembre 1997, du 4 décembre 1997, des 15, 17 et 18 décembre 1997 et du 2 février 1998 ».

1273.

Les syndicats patronaux coopèrent naturellement, par ailleurs, dans le cadre de la négociation des accords collectifs interprofessionnels. Ils défendent, en outre, des listes communes lors des élections prudhommales notamment. L’ensemble des instances patronales coopère, par ailleurs, notamment dans le cadre de commissions consultatives mobilisées lors de la définition des schémas d’urbanisme. Mais ces coopérations peuvent être qualifiées de coopérations discrètes, notamment en comparaison de l’importante communication qui entoure le dispositif de « gouvernance » qui les réunit dans le cadre de ‘Grand Lyon, l’Esprit d’Entreprise’.

1274.

Et, un temps au moins, plus important. En 1997 et en 1998, les représentants de la CGPME toujours présents interviennent très fréquemment au cours des réunions de ‘Grand Lyon, l’Esprit d’Entreprise’ (Archives non-classées, Pochettes intitulées : Schéma de Développement Économique, « Comptes rendus des réunions du 3 novembre 1997, du 13 novembre 1997, du 19 novembre 1997, du 4 décembre 1997, des 15, 17 et 18 décembre 1997 et du 2 février 1998 »).

1275.

Plusieurs acteurs dont nous préférons maintenir l’anonymat ont souligné, en entretien, les difficultés d’Henry Chabert à dialoguer avec le président de la CCIL de l’époque (Guy Malher). En outre, lorsqu’il est maire du 9ème arrondissement de Lyon, Henry Chabert gère le dossier qui conduit à accorder une subvention à une CGPME chargée de restaurer un bâtiment classé, la Villa Bini, dans laquelle elle est en échange autorisée à installer ses bureaux (Entretiens avec l’enquêté n°12 : un élu membre de l’UMP, vice-président de la communauté urbaine de Lyon au développement urbain de 1989 à 2001).

1276.

La CGPME intervient notamment dans le cadre du réaménagement des pentes de la Croix-Rousse (quartier de Lyon où les PME appartenant notamment au secteur du commerce, sont nombreuses). Sur la même période, il n’y a aucune trace de subventions régulières accordées au Medef Rhône par la communauté urbaine dans les archives de la DAEI.

1278.

Voir Chapitre III.

1279.

Même si, en entretien, cet élément est systématiquement nié par des membres du Medef Rhône qui affirment au contraire avoir été les premiers investis dans cette politique (notamment Entretien avec l’enquêté n°32 : le président du Medef Rhône de 1998 à 2002).

1280.

Le même décalage s’observe entre la Chambre de Métiers puis la CCIL qui voit d’abord d’un mauvais œil la volonté de la communauté urbaine d’ouvrir ses partenariats avec les milieux économiques aux autres instances patronales (sur ce positionnement initial en retrait de la CCIL, cf. LINOSSIER, La territorialisation de la régulation économique dans l'agglomération lyonnaise (1950-2005). Politiques, acteurs, territoires, op. cit., p.404). La CCIL envoie malgré tout l’un de ses directeurs assister à ces réunions, mais ce dernier est parfois absent et ses interventions sont surtout peu fréquentes. Là encore, la Chambre de Métiers historiquement moins centrale dans la structure de représentation des intérêts des chefs d’entreprise (voir Partie I), s’engage donc la première. Il est à noter que cette institution peut s’appuyer, en outre, sur une Union Professionnelle Artisanale qui regroupe pour sa part les principales organisations professionnelles artisanales ( http://www.cm-lyon.fr ), ce qui évite les luttes pour le contrôle de cette institution entre ces différentes organisations.

1281.

Voir Chapitre III.

1282.

Notamment Entretiens et discussion avec l’enquêté n°33 : le directeur général du Medef Rhône de 1984 à 2004.

1283.

Voir Chapitre III.

1284.

Aux yeux des membres du ‘Pack’, les caractéristiques du capitalisme local semblent également compliquer le lancement d’une telle dynamique. Selon eux, le capitalisme lyonnais s’appuie à la fois sur de grandes multinationales dont les centres de décision sont situés à Paris ou dans d’autres pays et sur un important tissu de PME de plus en plus nombreuses dans le domaine tertiaire des services, dont certaines ont une activité économique très développée mais dont l’existence reste incertaine et directement soumise aux aléas de la conjoncture économique mondiale. Ces éléments sont en adéquation avec les données et les rapports produits par l’OPALE (voir Chapitre I). La capacité de mobilisation des chefs d’entreprise dont le devenir est étroitement lié à celui de la « métropole » et qui pourraient être intéressés par les projets du ‘Pack’ est ainsi à leurs yeux limité (notamment Entretiens et discussions avec l’enquêté n°10 : l’organisateur du ‘Pack’ de 2001 à 2005, agent de la communauté urbaine de Lyon rattaché à la DPSA de 2001 à 2004).

1285.

Entretien avec l’enquêté n°16 : un membre du ‘Pack’ également bâtonnier de l’Ordre des avocats de Lyon de 2000 à 2003. La situation du ‘Pack’ change néanmoins à partir de 2005, ce qui facilite cette fois l’émergence de liens entre le Medef Rhône et ce groupe (cf. Infra).

1286.

Entretiens et discussion avec l’enquêté n°33 : le directeur général du Medef Rhône de 1984 à 2004.

1287.

Entretien avec l’enquêté n°40 : un ancien membre de la direction du Medef Rhône, désormais président de la fédération nationale des promoteurs constructeurs.

1288.

Entretien avec l’enquêté n°3 : un membre du ‘Pack’ également membre de la commission « développement économique » du Medef Rhône. Voir Chapitre III et cf. Infra.

1289.

Entretien avec l’enquêté n°3 : un membre du ‘Pack’ également membre de la commission « développement économique » du Medef Rhône. La participation de ce membre du Medef Rhône au ‘Pack’ est tolérée. Il transmet ainsi des informations du ‘Pack’ au Medef Rhône et inversement.

1290.

Cf. MATEJKO, Mobilisations patronales et métropolisation à Lille et Marseille, op. cit., pp.95 et suivantes.

1291.

Expression utilisée sur le site du Medef Rhône (http://www.medeflyonrhône.com). Jean-Paul Mauduy est le gérant de la société SAS MG de tuyauterie et de maintenance industrielle (désormais membre du groupe ITW). Il est également le fondateur d’une entreprise plus petite de traitement des eaux industrielles (Vivaqua). Il est, enfin, membre du Cercle Condorcet qui rassemble des dirigeants d’entreprise de la métallurgie en une force de proposition patronale.

1292.

Plus exactement, Jean-Paul Mauduy est élu président de la CRCI et dès lors remplacé à son poste de président de la CCIL dès novembre 2006 par Guy Mathiolon (un autre candidat du Medef Rhône PDG de EJ Serpollet une entreprise industrielle d’installations électriques). Celui-ci laissera ensuite sa place au candidat du Medef à mi-mandat (« Compte rendu des délibérations de l’Assemblée Générale du 13 novembre 2006 », Document de la CCIL, p.5). Ce partage se veut le signe d’une volonté de ne pas opposer grandes entreprises et PME. Il s’opère néanmoins sur arrière-fond de négociations tendues entre syndicats patronaux qui acceptent ainsi de partager désormais leur emprise sur la chambre consulaire.

1293.

Outre le président et le vice-président de ce bureau, quatre de ses six membres sont issus du secteur de l’industrie. En novembre 2006, Guy Mathiolon rééquilibre néanmoins un peu la composition de ce bureau en remplaçant deux de ses membres par des chefs d’entreprise exerçant leur activité dans le domaine de la distribution.

1294.

Entretien avec l’enquêté n°26 : un membre du ‘Pack’ également président du club d’entrepreneurs lyonnais le Cercle et Entretien avec l’enquêté n°27 : un journaliste économique local,intervenant lors des week-end de l’association Émergences régulièrement invité aux réunions du ‘Pack’.

1295.

Les travaux de Gilles PINSON soulignent que les « acteurs économiques » mobilisés par les institutions publiques ne sont pas les mêmes d’une agglomération à une autre : à Marseille sont avant tout mobilisés les grands patrons et à Nantes avant tout la CCI (cf. PINSON, "Projets de ville et gouvernance urbaine. Pluralisation des espaces politiques et recomposition d'une capacité d'action collective dans les villes européennes", op. cit., p.633).

1296.

Ainsi plusieurs agents de la communauté urbaine ont-ils expliqué, au cours de discussions informelles, la rupture entre la communauté urbaine et le ‘Pack’ par l’impossibilité, pour cette institution, de coopérer avec des acteurs critiquant l’un de ses partenaires privilégiés.