Les oppositions entre chefs d’entreprise locaux ne se résument pas à des enjeux sectoriels ou, plus généralement, à des logiques de concurrence sur le marché économique. Contrairement à ce que peut laisser penser une approche focalisée sur les instances patronales au sein desquelles ces enjeux sont particulièrement saillants, les chefs d’entreprise locaux sont aussi divisés par des débats, voire des conflits, d’idées. La manière selon laquelle ces débats sont gérés révèle l’existence de différents mondes patronaux. Plusieurs réseaux de sociabilité qui se juxtaposent. Chaque chef d’entreprise cumule, en effet, des appartenances à divers réseaux de sociabilité. Les chefs d’entreprise sont dès lors finalement capables de s’allier malgré leurs différents intérêts et malgré leurs différentes idées. Particulièrement rivaux sur le marché économique, ces derniers cherchent au contraire à s’associer dans le domaine de l’action publique. Les tentatives de coopération semblent en effet nécessaire à la survie de la structure de la représentation des chefs d’entreprise locaux. Elles permettent d’éviter son implosion. Sur ce point, l’exemple du conflit qui oppose le Medef Rhône et les membres du ‘Pack’, notamment en 2005, est plus qu’évocateur.
Dès sa création, le ‘Pack’ suscite des tensions au sein des milieux économiques lyonnais (cf. Supra), autant au niveau des types d’intérêts économiques à défendre que de la question des modes d’action à adopter face aux politiques publiques. C’est en tout cas en ces termes que nous pouvons interpréter les propos de l’un des rares membres du ‘Pack’ à exercer, par ailleurs, des responsabilités au sein du Medef Rhône 1317 . Selon lui, les conceptions du rôle des instances patronales sont trop différentes pour que le syndicat patronal adhère à la démarche du ‘Pack’ :
‘« Je sens bien que certaines personnes [au Medef] sont très réticentes face [au ‘Pack’]. Le plus radicalement opposé, celui avec qui aucune discussion n’était possible, c’était [l’ancien directeur général]. Même un déjeuner avec Maxence Brachet n’était pas envisageable, c’est pour vous dire ! Bon, il a été remplacé et un nouveau directeur général a été nommé [en décembre 2003]. Alors on va bien voir comment ça va se passer maintenant. […]Il faut qu’ils comprennent que le Pack n’est pas dangereux, que son objectif n’est pas de remplacer le Medef, ce qui serait absurde, et qu’ils ont tout à gagner à travailler avec. Ceci dit, je ne suis moi-même pas d’accord avec tout ce qu’ils souhaitent mettre en place. Décloisonner et faire se rencontrer les décideurs locaux de manière à pallier les insuffisances de nos institutions locales et à faire avancer un peu les choses, c’est une chose, mais commencer à mettre en place une structure de services aux entreprises qui serait elle-même une structure cherchant à faire des profits, ça risque de jouer du tort à certaines de nos entreprises et ça risque de ressembler à de la concurrence déloyale. Non, là-dessus, je ne les suis pas et le Medef Rhône ne les suivra pas non plus d’ailleurs » 1318 .’L’une des ambitions du ‘Pack’ est effectivement de mettre en place une « Cité des Échanges » (là encore, à l’image de ce qui a été développé dans le Nord par le ‘Comité Grand Lille’), servant de lieu d’accueil pour les initiatives patronales (syndicats, projets…) et vendant ses services aux entreprises de manière à ne pas être tributaire de cotisations. En d’autres termes, il vise à construire une instance patronale qui soit aussi une « société de gestion d’un capital propre » 1319 . Or cette ambition s’oppose sensiblement, aux dires de certains de ses membres, aux habitudes de travail du Medef Rhône, qui veille justement à ne pas occuper certains marchés potentiels 1320 .
On observe ainsi l’existence de relations pour le moins paradoxales entre le Medef Rhône et le ‘Pack’ caractérisées à la fois par une certaine forme de proximité et d’opposition. L’organisateur du ‘Pack’ a, par exemple, longtemps exercé un rôle de représentant patronal dans d’autres régions. Ce Lyonnais d’origine de 47 ans 1321 a en effet effectué la majorité de sa carrière au Medef (anciennement CNPF) de Blois puis de Lille. Il n’a néanmoins jamais travaillé pour le Medef Rhône. De la même manière, il est intéressent de noter que le Medef Rhône est loin de constituer un bloc homogène. De nombreux membres de ce syndicat connaissent Maxence Brachet. Loin d’ignorer l’existence du ‘Pack’, ils y sont soit plutôt favorables, soit radicalement opposés. Dans ce dernier cas, ils expliquent leur opposition affichée vis-à-vis du ‘Pack’ (qui est aussi une forme de soutien à leur direction, cf. Infra), avant tout par l’idée que les coopérations doivent d’abord s’établir entre chefs d’entreprise locaux et non avec un élu du parti socialiste.
‘« Clairement, [les relations entre le GIL-Medef et le Pack] sont […] à un degré zéro de compréhension mutuelle. Parce que je ne comprends pas comment mes cousins du GIL-Medef ne me comprennent pas. Et eux me disent : ‘Ce n’est pas possible qu’un gars comme ça qui est un pur produit du Medef travaille pour le compte d’une organisation socialiste !… Et quelle est la légitimité de son truc ?’. C’est ça leur problème ! Ça ne rentre pas dans les boîtes. Il y a des gens du Medef qui sont autour de moi et qui sont tout à fait favorables ! » 1322 .’De leur côté, les membres du ‘Pack’ entretiennent, plus généralement, une position pour le moins ambiguë avec la « bourgeoisie économique » locale 1323 . Tout d’abord, ils ont des liens très étroits avec des « dynasties lyonnaises » dont nombre d’entre eux sont issus 1324 . Ils ont, à ce titre, des contacts très réguliers avec les Rotary Clubs 1325 . Les membres de ce groupe sont, en outre, très majoritairement de religion catholique 1326 . Certains interviewés établissent, d’ailleurs, un parallèle entre le travail fait avec les jeunes d’Émergences et leur encadrement de Scouts de France 1327 . Certains membres du ‘Pack’ sont partis de Lyon pendant de longues années avant de revenir s’y installer. D’autres se présentent comme des autodidactes et se prévalent de n’avoir aucun lien avec les « dynasties lyonnaises ». D’ailleurs les membres de ce groupe 1328 qui sont précisément issus de ces « dynasties » soulignent fréquemment la réorientation des activités familiales qu’ils ont opérée et réussie (par exemple du textile à la mode, ou de la grande distribution aux services aux entreprises). Enfin, les membres du ‘Pack’ rencontrent régulièrement des chefs d’entreprise quant à eux investis dans les instances patronales (ou, au contraire, des chefs d’entreprise totalement désinvestis) au cours d’activités sociales telles que le sport ou la gastronomie 1329 . Leur souhait de rencontrer d’autres chefs d’entreprise dans le cadre d’activités non-professionnelles amène, en effet, de très nombreux membres du ‘Pack’ à être également membres de cercles. Les cercles qu’ils fréquentent (notamment le Cercle), ont alors pour point commun d’être récents 1330 et d’avoir été créés par de jeunes générations de chefs d’entreprise en réaction au « traditionalisme » des cercles ou clubs les plus anciens 1331 . À ce titre, ces cercles sont des lieux où le double sentiment d’attraction/répulsion face aux traditions sociales de la bourgeoisie économique locale des membres s’exprime à plein.
Par l’intermédiaire de ses membres, le ‘Pack’ est ancré dans une bourgeoisie économique de droite 1332 qui se veut moderniste et active. Il semble pris dans des logiques complexes et contradictoires 1333 de filiation/distinction face à son milieu social d’origine ou d’appartenance 1334 . Les cercles jouent alors un rôle de perturbateurs du système de représentation des chefs d’entreprise par les instances patronales 1335 . Malgré tout, du fait même de la proximité sociale que ces cercles entretiennent entre Medef Rhône et ‘Pack’, les membres de ce dernier cherchent à s’associer au syndicat. Ainsi l’organisateur de ce groupe multiplie-t-il les demandes de rendez-vous et cherche-t-il à associer certains membres du Medef Rhône aux projets du ‘Pack’ 1336 .
Dans ce contexte, en 2005, l’élection du président du Medef Rhône (et la constitution d’un nouveau bureau qu’elle entraîne) s’avère à la fois révélatrice de tensions mais également d’une volonté d’alliance de la part des chefs d’entreprise mobilisés dans le cadre du ‘Pack’ ou engagés dans les instances patronales locales. Maxence Brachet est accusé d’être candidat, sans le reconnaître, au poste de directeur général du syndicat patronal local, et d’utiliser le ‘Pack’ à cette fin 1337 . À la suite d’un conflit ouvert entre le directeur général du Medef (qui défend un autre candidat) et l’organisateur du ‘Pack’, ce dernier quitte Lyon et repart finalement dans le Nord 1338 . Il se trouve un successeur pour prendre la tête du ‘Pack’ : Jean Brunet-Lecomte dont la trajectoire confirme l’ambiguïté des relations entre le Medef Rhône et le ‘Pack’. Ce dernier est, en effet, issu d’une « dynastie lyonnaise » mais plus proche des cercles que des instances patronales 1339 . Ce changement d’organisateur calme néanmoins les esprits dans un contexte où l’élection du président du Medef est passée. Le ‘Pack’ devient alors ‘Émergences’ 1340 . La première de ses nouvelles rencontres a lieu à la CCIL, et les suivantes ont lieu, tous les trois mois, au Musée des Tissus 1341 . S’il garde sa forme d’association et ses statuts, ses liens avec la CCIL se resserrent nettement 1342 . Fin 2007, le ‘Pack’ n’a donc pas disparu mais s’est transformé. La liste des nouveaux membres officiels d’‘Émergences’ n’a pas été diffusée depuis sa reprise en main par la CCIL. Nous avons néanmoins pu constater la présence et la participation de nouveaux acteurs aux réunions de ce groupe : notamment du représentant du Medef Rhône-Alpes au CESR (Conseil Économique et Social Régional) qui, quelques mois auparavant, en entretien, avait pourtant feint de ne pas connaître le ‘Pack’, puis affirmé en souriant que c’était une dynamique qui ne méritait pas notre attention et dont il n’avait dès lors pas l’intention de nous parler. Nous avons aussi pu constater que l’arrivée de ces nouveaux acteurs n’entraîne pas le départ des membres qui constituaient le noyau dur du ‘Pack’ 1343 . ‘Émergences’ intègre avant tout de nouveaux acteurs issus de la CCIL et du Medef. Pourtant les membres de ce groupe se connaissent très bien si l’on se fie aux échanges qu’ils peuvent avoir au cours des réunions organisées au Musée des Tissus. Les projets concrets du ‘Pack’ les plus avancés continuent à être portés par ‘Émergences’ (notamment l’idée d’installer à Lyon une cour de justice pour les crimes contre la terre et d’y créer un centre de découverte de la création musicale). Le thème transversal des réunions demeure celui de la « création », considérée comme la caractéristique commune des chefs d’entreprise 1344 . Par ailleurs, si ‘Émergences’ est désormais pris en main par la CCIL, ‘Grand Lyon, l’Esprit d’Entreprise’entraîne la mise en place, en 2006, d’un nouveau dispositif appelé ‘Only Lyon’. Celui-ci constitue « la nouvelle bannière économique de Lyon pour renforcer sa promotion et son rayonnement » 1345 et propose que des « ambassadeurs » assurent cette promotion et ce rayonnement 1346 . Pour la CCIL, ces deux dispositifs peuvent constituer un moyen de s’investir dans un domaine « innovant » à l’image de l’histoire que ses membres dressent de cette institution, en soulignant par exemple son investissement dans la gestion des aéroports 1347 . Ces dispositifs constituent, en outre, un domaine dans lequel la communauté urbaine laisse cette chambre consulaire intervenir, ainsi qu’un mode d’action fondé sur une mobilisation importante de fonds privés (qui peut représenter une opportunité, pour la CCIL, de compenser en partie le net déséquilibre entre sa capacité d’investissement financier et celui de la communauté urbaine).
La réforme de la « gouvernance économique métropolitaine » entraîne finalement avant tout un renforcement de la place occupée par les instances patronales au sein de la structure de représentation des intérêts des chefs d’entreprise. Cette réforme est, à ce titre, très institutionnelle. Seules les instances patronales parviennent en effet à établir et à maintenir des relations régulières avec la communauté urbaine. Mais, malgré l’échec du ‘Pack’ (qui souhaitait être reconnu comme un groupe tout à la fois distinct et soutenu par les instances patronales locales) 1348 , cette réforme favorise aussi les tentatives de remise en cause de la domination de ces instances patronales par des chefs d’entreprise engagés dans des cercles dont les membres, ou au moins les organisateurs, sont des spécialistes des réseaux de sociabilité et des relations entre acteurs du « développement économique » c’est-à-dire, à leurs yeux, entre chefs d’entreprise. En l’absence de coopération stable entre Unions Patronales qui dominent malgré tout les instances patronales, le rôle des cercles demeure ainsi important dans la mobilisation d’autres réseaux de sociabilité que les réseaux syndicaux et consulaires pour construire des dynamiques collectives 1349 . Ces cercles peuvent tout à la fois déstabiliser les instances patronales et constituer un ciment important entre mondes patronaux.
Les instances patronales cherchent ainsi moins à représenter le plus grand nombre possible de chefs d’entreprise, mais davantage à établir et afficher des interactions avec des institutions locales pouvant leur apporter des moyens d’action conséquents, telles que la communauté urbaine. La quête de légitimité des instances patronales est fondée sur leur capacité à construire et pérenniser des partenariats conduisant à la mise en œuvre de politiques « efficaces » aux yeux de leurs adhérents, c’est-à-dire intégrant les lois du marché économique. Dans ce contexte, un chef d’entreprise local décrit dans les termes suivants les rôles qu’il attribue aux élus et aux agents de la communauté urbaine :
‘« Les élus, ils discutent avec beaucoup de monde, ils voient beaucoup de monde. Ils sont en contact permanent avec nous [les chefs d’entreprise]. Enfin, ceux qui s’intéressent au développement économique ! Les autres feraient d’ailleurs bien de… Enfin ! [Soupir] Ce sont donc eux qui indiquent après, aux fonctionnaires, avec qui travailler. Mais les fonctionnaires, c’est avec eux qu’on traite les dossiers au quotidien, alors il faut qu’ils comprennent le monde de l’entreprise ! Plus encore qu’un élu ! Un élu, lui, il est dans la représentation, il dit ce que dit son parti. Encore une fois, il est là avant tout pour nouer des contacts, serrer des mains, etc. [Rire]. Non mais, c’est son travail ! Moi, ça ne me pose pas de problème, hein ! Mais si, derrière, les fonctionnaires, enfin les gens de la communauté urbaine n’ont pas compris quelles sont les contraintes que l’on a quand on est chef d’entreprise, ça sert à rien ! » 1350 .’Ces rôles doivent selon lui être transformés. Les élus devraient notamment être sélectionnés pour leur capacité à dialoguer et à travailler avec des acteurs très divers (et, avant toute chose, avec les chefs d’entreprise locaux). De leur côté, les agents communautaires devraient intégrer davantage les lois du marché. Ces propos nous invitent ainsi à étudier quels sont précisément les rôles des élus et des agents de la communauté urbaine dans l’action économique locale. Ces rôles sont en effet à la fois attribués par les partenaires privilégiés de la communauté urbaine et façonnés par les propres logiques d’action de ces acteurs communautaires.
Pour reprendre, en l’adaptant, l’expression « associés-rivaux » utilisée par Jean-Pierre GAUDIN pour décrire les acteurs des politiques urbaines (cf. Jean-Pierre GAUDIN, "Politiques urbaines et négociations territoriales. Quelle légitimité pour les réseaux de politiques publiques ?", Revue Française de Science Politique, vol.45, n°1, 1995, pp.31-56).
Voir Chapitre III.
Entretien avec l’enquêté n°3 : un membre du ‘Pack’ également membre de la commission « développement économique » du Medef Rhône.
Entretiens et discussions avec l’enquêté n°10 : l’organisateur du ‘Pack’ de 2001 à 2005, agent de la communauté urbaine de Lyon rattaché à la DPSA de 2001 à 2004.
Entretien avec l’enquêté n°3 : un membre du ‘Pack’ également membre de la commission « développement économique » du Medef Rhône.
Voir Chapitre III.
Entretiens et discussions avec l’enquêté n°10 : l’organisateur du ‘Pack’ de 2001 à 2005, agent de la communauté urbaine de Lyon rattaché à la DPSA de 2001 à 2004.
Dont les principales figures sont notamment présentées dans l’enquête historique de Bernadette ANGLERAUD et Catherine PELLISSIER (cf. ANGLERAUD et PELLISSIER, Les dynasties lyonnaises ; des Morin-Pons aux Mérieux du XIXème siècle à nos jour, op. cit.s).
Voir Chapitre III.
Non seulement l’un des membres du ‘Pack’ est président des Rotary Clubs de Lyon (voir Chapitre III), mais certains membres de l’association Émergences sont recrutés dans ces clubs.
Cf. ANGLERAUD et PELLISSIER, Les dynasties lyonnaises ; des Morin-Pons aux Mérieux du XIXème siècle à nos jours, op. cit. Voir Chapitre III.
Notamment Entretien et discussion avec l’enquêté n°34 : membre du ‘Pack’.
Ainsi que ceux de l’association Émergences.
Rencontres très souvent évoquées au cours de nos entretiens et de nos observations.
Il s’agit du Cercle et du Cercle de Champfleury (voire du Club des 100 créé par Jean-Michel Aulas), voir Chapitre I.
Voir Chapitre I.
Voir Chapitre III.
Cette complexité et ces contradictions sont liées au cumul d’appartenances à différents réseaux de sociabilité des membres du ‘Pack’.
Ces logiques peuvent expliquer les contradictions qui traversent les principes d’action de ce groupe : tout à la fois américanistes, modernistes, mais aussi localistes, sinon traditionalistes (voir Chapitre III).
À Marseille, ces cercles ont pourtant participé à organiser la représentation des intérêts des chefs d’entreprise (cf. ZALIO, Grandes familles de Marseille au XXème siècle, op. cit., notamment pp.92/93).
Le groupe de l’association Émergences dont nous étions membre visait ainsi à structurer, à Lyon, les relations entre les acteurs d’un secteur de la tendance extrêmement concurrentiel (projet de concours TIM, cf. Supra). Ce projet n’a pas abouti mais a conduit à des réunions régulières entre le directeur du pôle textile du Medef Rhône, les « jeunes » d’Émergences et des membres du ‘Pack’ qui ne cachaient pas leur volonté de favoriser ce type de coopération, même si cela impliquait d’adapter grandement le projet aux demandes explicites du directeur du Medef Textile.
Les principaux éléments de ce conflit ont été évoqués par différents acteurs en entretien et, surtout, au cours de discussions informelles. Nous préférons maintenir l’anonymat de ces acteurs.
Maxence Brachet intègre la CCI de Lille dont Bruno Bonduelle est désormais président (Entretiens et discussions avec l’enquêté n°10 : l’organisateur du ‘Pack’ de 2001 à 2005, agent de la communauté urbaine de Lyon rattaché à la DPSA de 2001 à 2004).
Cf. ANGLERAUD et PELLISSIER, Les dynasties lyonnaises ; des Morin-Pons aux Mérieux du XIXème siècle à nos jours, op. cit. Jean Brunet-Lecomte est, en outre, président des Entrepreneurs et Dirigeants Chrétiens.
Ainsi le premier projet que réalise le ‘Pack’ consiste-t-il bien, finalement, à se créer lui-même (voir Chapitre III). La réalisation de ce premier projet entraîne néanmoins une transformation de son contenu.
C’est-à-dire dans un bâtiment dont la CCIL est propriétaire.
Ce rapprochement s’opère certainement du fait des liens progressivement tissés entre les membres du ‘Pack’ et un agent de la CCIL (qui vient aux réunions du ‘Pack’ à titre individuel). Le départ à la retraite de ce dernier fin 2006 s’accompagne d’ailleurs d’un « rapprochement de la CCI de Lille » où travaille désormais Maxence Brachet, « Compte rendu des délibérations de l’Assemblée Générale du 27 mars 2006 », Document de la CCIL, p.6).
Voir Chapitre III. « La Lettre d’Émergences : L’information sur les projets et la vie du réseau », n°1 à 8 et observations des réunions d’‘Émergences’ : notamment le 24 octobre 2005 de 18h30 à 22h à la CCIL et le 5 juin 2007 de 18h30 à 22h au Musée des Tissus.
À ces projets centraux sont néanmoins progressivement ajoutées des « initiatives citoyennes » qui visent à accroître « la citoyenneté entreprenante, c’est-à-dire la capacité de chacun à prendre de l’initiative dans la société afin de contribuer à la dynamique sociétale dont notre pays a besoin » (« La Lettre d’Émergences : L’information sur les projets et la vie du réseau », n°8, 10 septembre 2007, 1p.).
http://www.onlylyon.org.
Il s’agit donc de la même idée que celle des membres du ‘Pack’ qui voulaient envoyer des « ambassadeurs vendre Lyon à l’étranger ». Là encore, le contenu de l’action économique semble se transformer de manière incrémentale par la reprise d’idées et de projets qui circulent entre des groupes d’acteurs distincts (cf. Supra). À ce propos, même si cela peut sembler anecdotique et symbolique, Gérard Collomb baptise son groupe de campagne pour les élections municipales de 2008 « le Pack » (là encore en référence à un pack de rugby), comme le souligne la presse locale concernant ces élections.
« 1702-2002. La Chambre de Commerce d’Industrie de Lyon, 300 ans d’avenir », publication de la CCIL avec la participation du Cercle des entreprises centenaires, 2002.
Le projet de « Méridienne » n’est pas pour autant abandonné. Le ‘Comité Grand Lille’ est désormais bien ancré à Lille où une association Émergences commence, en outre, à fonctionner (sur le même modèle que celle de Lyon, à savoir en réunissant des « jeunes talents » auxquels sont exposés les enjeux du « développement métropolitain » puis auxquels il est demandé de formuler et de porter des projets concrets de manière à favoriser le rayonnement de l’agglomération). En revanche, à Marseille, cette association peine toujours à voir le jour (Entretiens et discussions avec l’enquêté n°10 : l’organisateur du ‘Pack’ de 2001 à 2005, agent de la communauté urbaine de Lyon rattaché à la DPSA de 2001 à 2004).
Cet élément permet de mieux comprendre la recrudescence des cercles depuis les années 1980 (voir Chapitre I).
Entretien avec l’enquêté n°48 : le directeur de l’association syndicale du lotissement industriel de Vénissieux, Corbas, Saint-Priest.