a / Une montée en puissance de la DAEI fondée sur un marché des professionnels de la gouvernance

Les ressources financières et d’expertise de la communauté urbaine de Lyon permettent aux agents de la DAEI d’accroître leur emprise sur les politiques économiques locales. Mais la catégorie d’agents communautaires chargés du « développement économique » demeure récente. Ces agents participent à façonner leur rôle dans les politiques économiques en fonction d’intérêts professionnels fragiles et en cours de structuration qui dépassent largement les frontières de la structure publique intercommunale.

La brève histoire de la DAEI, se caractérise par une croissance sans faille en termes financiers (cf. Supra), ainsi qu’en termes de main d’œuvre, même si cette croissance est désormais stable :

‘« En ce qui concerne le fonctionnement du service, grosso modo, le service tourne à combien de personnes ?
- Alors… Encore une fois, là aussi, c’est à moduler. La direction des affaires économiques en tant que telle, c’est 40 personnes, je crois, à peu près. Après la délégation de développement économique, c’est 130 personnes, 140. Et après, à cela il faut encore ajouter les fonctionnels, c'est-à-dire les gens, le prorata de gens qui travaillent pour cette délégation en ressources humaines, en finance, en contrôle juridique, en gestion, etc. Mais bon, grosso modo…
- Ce personnel a tendance à croître ?
- C’est fini la croissance. C’est une affaire entendue maintenant ! Il y a bien toujours ici ou là une unité en plus. On arrive à gratter ici ou là en fonction des projets, mais… À mon avis, […] on a fait le travail d’organisation et de structuration et donc d’intégration de collaborateurs. Aujourd’hui, on ne travaille plus qu’à la marge la croissance directe du nombre de personnes » 1352 .’

Deux éléments étroitement corrélés caractérisent le fonctionnement de la DAEI : le turn-over des nombreux agents contractuels et une gestion fondée sur des restructurations fréquentes.

‘« À la direction des affaires économiques, il doit y avoir une dizaine [de contractuels], je crois… Une quinzaine sur quarante 1353 .
- L’organisation a été un tout petit peu revue avec la structuration en trois pôles, il y a un an…
- Oui, elle est revue souvent, hein ?
- Et quelle logique sous-tend ces réorganisations fréquentes ?
- Une logique managériale, qui se veut aussi celle d’éviter les chapelles donc au maximum je recherche les transversalités, je les fabrique, je les impose si nécessaire et j’essaie de faire bouger les gens. Donc ça c’est une logique de fond dans la façon de faire » 1354 .’

‘Lyon, Métropole Innovante’ a ainsi été dirigé par quatre responsables successifs entre 1997 et 2002. Chacun de ces responsables change a ensuite changé de mission en interne à la DAEI ou quitté ce service. En 2002, l’équipe interne à la DAEI responsable de la mise en œuvre de cette politique est finalement démantelée 1355 . ‘Grand Lyon, l’Esprit d’Entreprise’ a eu deux responsables depuis la prise en charge de cette politique par la DAEI à partir de 2001. Ces deux responsables ont le même profil : il s’agit de deux femmes, jeunes (dont l’une occupe là son premier poste et l’autre son premier poste en collectivité locale) et non-spécialistes du domaine économique (l’une d’elle possède, par exemple, un DESS d’urbanisme).

Dans ce contexte de restructurations fréquentes 1356 , le rôle du directeur de service est central. Ce dernier est d’ailleurs en contact permanent avec le cabinet de Gérard Collomb ainsi qu’avec le directeur général de la structure intercommunale 1357 . Il a un profil de « technocrate politique » ou encore de « technotable » 1358 . À son arrivée en 1998, ‘Lyon, Métropole Innovante’ est déjà lancé. Il aurait alors insisté pour que l’agent de la DAEI en charge de cette politique soit muté dans un autre service. Il lui reprochait ses liens trop étroits avec les partenaires de cette politique ; ces liens lui accordant une place centrale dans cette première politique économique de grande envergure lancée par la DAEI 1359 . Bien qu’anecdotique, cet événement incite à penser que les restructurations fréquentes de ce service permettent aussi de protéger un directeur qui axe son rôle dans l’action économique locale sur sa capacité à être en contact régulier à la fois avec l’ensemble des milieux économiques et avec la direction générale administrative et politique de la structure intercommunale.

Malgré le rôle central du directeur de ce service, les agents communautaires en charge du « développement économique » tentent d’organiser leurs intérêts professionnels. Émerge ainsi la figure du « développeur économique ». En l’absence de tradition d’intervention intercommunale dans le domaine économique, les agents communautaires en charge de ce domaine constituent en effet un groupe en cours de structuration qui cherche à définir les spécificités de son activité. Or l’émergence de services économiques intercommunaux n’a pas donné lieu à la création d’un concours spécifique de recrutement. Les agents de la DAEI ne peuvent donc se référer aux savoirs pratiques ou théoriques validés par ce type de concours pour définir les spécificités de leur activité. Si ces agents ont, pour la plupart, suivi une formation universitaire de troisième cycle, ils ne sont néanmoins pas spécialisés en économie 1360 . Ils ne peuvent donc pas non plus se référer à un ensemble de savoirs académiques officiels pour définir les spécificités de leur activité. Le directeur de ce service affirme enfin fonder le recrutement de ces agents sur trois critères : un haut niveau d’expertise spécialisée, une capacité à mener à bien des projets collectifs et, surtout, une « appétence » pour le monde de l’entreprise.

‘« Je resterais prudent [quant au profil de formation des personnes travaillant à la DAEI]. Là-dessus. Il y a deux choses. C’est plutôt la compétence que la formation. On a besoin de deux sortes de personnages dans cette boutique, dans cette direction. On a besoin d’avoir des gens qui 1 : ont quand même un niveau d’expertise réel et sérieux. Et donc quand ils parlent de biotech’, possèdent le vocabulaire, connaissent l’état de la science, l’état des lieux… Bon. Ils sont plutôt avertis. Et puis un deuxième profil. C’est parfois pas le même. Il peut être tout à fait complémentaire. C’est un profil de chef de projet. Les gens qui sont capables d’assembler d’autres, des compétences, d’être des gestionnaires qui gardent dans le temps une ligne directrice et qui vont au bout d’un objectif. Et donc ça, après, ça se retrouve dans des profils de formation assez variés. C’est obligatoirement [des personnes ayant réalisé des études supérieures longues], mais ce qui m’importe c’est que surtout, on intègre des gens ici qui ne débarquent pas dans le monde de l’économie ou de l’entreprise, qui ont déjà ça en background sérieux. Parce que ce n’est pas évident ! C’est pas évident et si on ne le sait pas à 30 ans, on ne le saura jamais. C'est-à-dire que si on n’a pas cette espèce d’appétence, cette avidité pour comment ça fonctionne les entreprises, comment c’est en train de bouger, quels sont les enjeux, etc. Ça ne vient pas après » 1361 .’

Aux yeux des agents de la DAEI, c’est ce dernier critère qui fonde en grande partie la légitimité de leur sélection puis de leurs interventions dans le domaine économique 1362 .

Ils se présentent ainsi comme des « développeurs économiques » 1363 . Cette expression est directement reprise de la figure du « développeur » qui émerge dès les années 1980 au sein de la CCIL 1364 . La principale caractéristique de l’ensemble de ces « développeurs » serait d’être proches des chefs d’entreprise locaux et d’intégrer les contraintes de leurs activités inscrites dans un marché économique concurrentiel 1365 . La proximité de ces deux figures est source de tensions. Les agents de la DAEI envoyés sur le terrain, c’est-à-dire au plus près des chefs d’entreprise, empiètent en effet sur les activités traditionnelles des représentants de la CCIL (cf. Supra). Au cours d’une réunion de l’association PERICA (association des entreprises de Rilleux, Caluire et Sathonay Camp), deux représentants de la DAEI et de la CCIL se disputent ainsi l’orientation des débats. Chacun d’entre eux cherche à montrer sa capacité à comprendre les contraintes des entreprises de cette zone et sa capacité à les prendre en compte dans les réponses qu’il peut apporter aux problèmes évoqués au cours de cette réunion. La tension monte et l’unique chef d’entreprise présent finit par quitter la réunion en affirmant que la première contrainte des chefs d’entreprise est le temps et qu’à trop vouloir se montrer tous deux proches des entreprises, les deux représentants de la DAEI comme de la CCIL oublient de respecter cette première contrainte fondamentale 1366 .

Malgré ces tensions ponctuelles entre agents de la DAEI et de la CCIL révélatrices de tentatives de résistance des seconds face à l’emprise croissante des premiers sur les politiques économiques locales, l’ensemble des « développeurs économiques » se retrouvent au sein d’une association : l’Association Rhône Alpes des Développeurs Économiques Locaux (ARADEL). Cette association créée au début des années 1990 décline son identité dans les termes suivants :

‘« Carte d’identité :
+ de 720 adhérents au 31/12/2004. Au sein de ce réseau, nous retrouvons :
La diversité des organismes de développement économique :
- des collectivités territoriales et leurs regroupements
- des agences de développement économique, des comités d’expansion économique, des SEM, des associations locales de développement économique
- des organismes consulaires […]
- des consultants privés » 1367 .’

Cette association participe activement à la définition de la figure du « développeur économique local » autour de sa capacité, considérée comme spécifique, « à créer du lien entre des acteurs divers » 1368 .

Dès 1994, apparaissent des liens étroits entre l’ARADEL et la DAEI via les agents membres de cette association (dont le directeur du service) mais aussi via la production d’études, par l’Aradel, pour le compte de la DAEI 1369 . Les agents de la DAEI présentent ainsi leur travail avant tout comme une activité de « mise en réseau » 1370 . Ils opposent notamment leur « nouvelle profession » à celle des urbanistes dont les savoir-faire sont alors dits « plus traditionnels, plus autoritaires, plus linéaires et planificateurs » 1371 . Ils construisent leur identité professionnelle autour de l’idée d’une évolution bénéfique de l’action publique urbaine désormais ouverte, par opposition à la planification antérieure présentée comme imposée par les services de l’État central et par des services intercommunaux tels que la DGDU. Le mode de présentation de soi des agents de la DAEI révèle un intérêt supérieur pour les modes d’action que pour le contenu des actions qui, dans leur logique de « maïeutique » 1372 , doit en partie au moins être délégué aux partenaires de la communauté urbaine.

Ainsi s’opère une libéralisation des cadres normatifs des agents de la DAEI. Ils considèrent que les entreprises locales sont les premiers financeurs et, par là-même, les premiers clients d’une communauté urbaine censée leur fournir des services à la hauteur de leur capacité de financement 1373 . Dans ce contexte, la participation des chefs d’entreprise et de leurs représentants ne permet pas, à elle seule, ni en elle-même, de rendre compte de leur influence sur les politiques économiques de la communauté urbaine. Les intérêts de ces acteurs sont pris en compte par des agents communautaires choisis et formés de manière à ce qu’ils traduisent directement ces intérêts en actions concrètes en les reformulant progressivement le moins possible 1374 . Si différents points de vue coexistent sur ce qu’est le « développement économique » et donc sur ce que doit être une action publique de « développement économique » 1375 , ces différents points de vue n’ont pas droit de cité au sein de la DAEI 1376 .

Cette figure homogénéisante du « développeur économique » permet notamment aux agents de la DAEI d’opposer leurs modes d’intervention dans l’action publique à ceux des « aménageurs » de la DGDU. Parmi les fonctionnaires de la DAEI rencontrés, même ceux ayant précédemment travaillé dans les services d’aménagement urbain de la communauté urbaine opposent cette expérience à celle acquise au sein de la DAEI 1377 . Les agents de la DGDU sont beaucoup plus nombreux, leur service est plus ancien, et ils peuvent se référer à une discipline, l’urbanisme, pour définir les compétences légitimant leur intervention dans l’action publique locale. L’apparition de la DAEI modifie néanmoins l’organisation intercommunale 1378 et, notamment, la hiérarchisation des interventions intercommunales (cf. Supra). Des tensions apparaissent entre services récents et plus anciens 1379 . Si, aux yeux de ses initiateurs, ‘Lyon, Métropole Innovante’ devait conduire à une coopération entre services, les logiques institutionnelles internes empêchent une telle transformation :

‘« L’idée, à l’origine, était d’associer le développement économique et la politique d’aménagement ou le développement urbain. Cette association était à nos yeux une source d’efficacité maximum. Certes le projet concernait principalement la DAEI, mais dans les esprits, les choses étaient claires, il y avait vraiment une volonté d’associer aussi la DGDU. Cette association ne s’est pas réalisée car il est très difficile de faire travailler des services de la communauté urbaine entre eux » 1380 .’

‘Lyon, Métropole Innovante’ aurait par ailleurs pu faire partie de ‘Grand Lyon, l’Esprit d’Entreprise’ tant ces deux dispositifs sont proches en termes de contenu (cf. Supra). Mais ces deux dispositifs ont des soutiens politico-administratifs distincts : Jacques Moulinier, élu UDF proche de Raymond Barre et des agents de la DPSA et de la DAEI pour le premier, et Henry Chabert, membre du RPR, président de l’agence d’urbanisme et candidat potentiel à la mairie pour le second (cf. Infra). En outre, l’organisateur du ‘Pack’ est rattaché à la DPSA suite au refus du directeur de la DAEI d’accueillir cette démarche 1381 . Les échanges entre services sont peu nombreux, ces derniers étant même parfois situés dans des bâtiments différents. Leur personnel connaît assez peu les projets des autres services et les dispositifs économiques se superposent les uns aux autres 1382 . La fragmentation interne à la structure intercommunale des capacités d’intervention dans le domaine économique limite la capacité de cette institution locale à gouverner 1383 . Cette fragmentation renforce le rôle central des directeurs de service qui se rencontrent et, surtout, qui sont chacun en lien avec le cabinet de Gérard Collomb et la direction administrative de la structure intercommunale qui cherchent à construire une cohérence et une transversalité peu développées au quotidien 1384 .

Le statut de contractuel de nombreux agents de la DAEI implique, enfin, qu’une majorité d’entre eux est amenée, à un moment ou à un autre, à changer d’emploi pour passer dans d’autres structures intercommunales ou encore dans d’autres institutions ou organismes locaux intervenant dans le domaine économique tels que l’Aderly et la CCIL pour l’agglomération lyonnaise ou encore l’ensemble des structures intercommunales, des agences ou associations de « développement économique » et des CCI au niveau national 1385 . Pour certains agents de la DAEI, qui sont fonctionnaires, la charge d’une mission de « développement économique » dans un contexte où ce domaine d’action est prioritaire représente, en outre, un excellent tremplin pour occuper ensuite des fonctions plus importantes au sein de la structure intercommunale 1386 . Tous ces agents ont donc besoin, pour assurer leur carrière professionnelle, de connaître les principaux acteurs locaux investis dans le « développement économique » et d’établir des relations avec eux de manière à être à leur tour repérés par de potentiels recruteurs et par des partenaires en contacts réguliers avec les directions politique et administrative de la structure intercommunale.

La catégorie d’agents économiques communautaires a des frontières floues du fait de circulations fréquentes entre institutions locales du « développement économique » 1387 . La « gouvernance économique métropolitaine » est ainsi un marqueur professionnel, c’est-à-dire avant tout une manière de se signaler comme membres de la communauté des acteurs d’une « nouvelle » action économique 1388  ; en d’autres termes, comme des professionnels de la gouvernance. Si l’emprise de la communauté urbaine sur les politiques économiques est aussi visible que fragile, celle des « développeurs économiques » est sans ambiguïté aucune. Ce groupe professionnel se structure sans être rattaché à un type d’institution particulier et participe d’ailleurs, de ce fait, à fragiliser celle de la communauté urbaine. Face à cette montée en puissance de ces « développeurs économiques » locaux, quels sont les rôles des élus intercommunaux dans l’action économique intercommunale ?

Notes
1352.

Entretien avec l’enquêté n°8 : un agent de la communauté urbaine de Lyon rattaché à la DAEI, directeur de service depuis 1998.

1353.

Selon nos propres estimations, en 2000, la DAEI compte plus exactement une quinzaine de contractuels pour une trentaine d’agents communautaires au total (hors postes consacrés aux secrétariats tous occupés par des fonctionnaires). La moitié des agents en charge des politiques économiques de ce service sont donc contractuels.

1354.

Entretien avec l’enquêté n°8 : un agent de la communauté urbaine de Lyon rattaché à la DAEI, directeur de service depuis 1998.

1355.

En 2002, ‘Lyon, Métropole Innovante’ est évalué (cf. Supra). Il est décidé que cette politique doit être maintenue mais la « Mission Technopole » ou, en d’autres termes, l’équipe responsable de sa mise en œuvre au sein de la DAEI disparaît. Désormais, les agents qui interviennent dans cette politique n’y consacrent qu’une partie de leur temps de travail (Entretien avec l’enquêté n°43 : un agent de la communauté urbaine de Lyon rattaché à la DAEI, chargé de mission « recherche et innovation » à la fin des années 1990 désormais employé par l’Aderly).

1356.

Sur ce point, cf. ROUSSET, Le développement économique selon le Grand Lyon : bilan d'une politique 'transversale', op. cit., notamment pp.46/47.

1357.

Entretien avec l’enquêté n°23 : un membre du cabinet communautaire de Gérard Collomb, ancien consultant du cabinet de conseil Algoé et Entretien avec l’enquêté n°45 : un membre du cabinet communautaire de Gérard Collomb en charge du Conseil de Développement.

1358.

Cf. respectivement Olivier ROUBIEU, "Des 'managers' très politiques. Les secrétaires généraux des villes", dans Vincent DUBOIS et Delphine DULONG (dir.), La question technocratique. De l'invention d'une figure aux transformations de l'action publique, Strasbourg, Presses Universitaires de Strasbourg, 1999, pp.217-231 et GAUDIN, Gouverner par contrat. L'action publique en question, op. cit.

1359.

L’un des initiateurs de ‘Lyon, Métropole Innovante’ aurait plus précisément été contraint à démissionner (tout en restant en poste à la communauté urbaine), pour des raisons d’équilibre du pouvoir technocratique au sein de la DAEI. Le rôle prééminent joué par cet agent s’étant très fortement impliqué personnellement dans l’établissement de liens avec les chefs d’entreprise innovants que la DAEI cherche à mobiliser dans le cadre de ‘Lyon, Métropole Innovante’ aurait en effet gêné la direction du service (plusieurs personnes rencontrées en entretien nous ont relaté ces tensions internes à la DAEI. Nous préférons néanmoins maintenir leur anonymat).

1360.

D’après les quinze entretiens réalisés auprès de personnes travaillant ou ayant travaillé à la DAEI. Les agents de ce service ont pour la plupart des DESS (ou Master) en urbanisme ou en gestion de projets. Certains sont ingénieurs et d’autres, enfin, ont suivi les formations du CNFPT. Seuls quelques uns ont réalisé, suite à un cursus généraliste, un DESS (ou Master) d’économie.

1361.

Entretien avec l’enquêté n°8 : un agent de la communauté urbaine de Lyon rattaché à la DAEI, directeur de service depuis 1998.

1362.

D’après les quinze entretiens réalisés auprès de personnes travaillant ou ayant travaillé à la DAEI.

1363.

Sur ce thème, cf. LINOSSIER, La territorialisation de la régulation économique dans l'agglomération lyonnaise (1950-2005). Politiques, acteurs, territoires, op. cit., notamment pp.317 et suivantes et ROUSSET, Le développement économique selon le Grand Lyon : bilan d'une politique 'transversale', op. cit., notamment pp.17 à 23.

1364.

Cf. JOUVE, "Chambre de commerce et d'industrie et développement local : le cas de Lyon", op. cit.

1365.

D’après les quinze entretiens réalisés auprès de personnes travaillant ou ayant travaillé à la DAEI.

1366.

Observation d’une réunion de coordination de l’association PERICA réalisée le 20 mai 2003. Le responsable d’une autre zone d’activités de l’agglomération a évoqué le même type de tensions en entretien (Entretien avec l’enquêté n°48 : le directeur de l’association syndicale du lotissement industriel de Vénissieux, Corbas, Saint-Priest).

1367.

http://www.aradel.asso.fr.

1368.

Idem.

1369.

ACU 1650 W 004, carton intitulé : Comités de direction DAEI 1992-1995.

1370.

D’après les quinze entretiens réalisés auprès de personnes travaillant ou ayant travaillé à la DAEI. Comme certaines études sociologiques quantitatives sur le personnel intercommunal le montrent, par-delà l’appartenance institutionnelle, le secteur d’intervention et le type de formation des agents comptent aussi dans la construction des représentations et des positionnements (cf. Franck BACHELET, "Les hauts fonctionnaires métropolitains : sociologie et politique", Lille, Colloque Ifresi-CNRS Logiques métropolitaines : modèles, acteurs et processus, du 1er au 3 juin 2005).

1371.

Toutes ces citations sont tirées des quinze entretiens réalisés entre 2001 et 2005 avec des personnes travaillant (ou ayant travaillé) à la DAEI.

1372.

Cette expression utilisée par certains agents de la DAEI en entretien apparaît également dans le titre d’un article de recherche : cf. GUÉRANGER et JOUVE, "De l'urbanisme à la maïeutique : permanence et recomposition des politiques urbaines à Lyon", op. cit.

1373.

Voir Chapitre II.

1374.

Les origines de ce lent processus de libéralisation sont en effet anciennes, comme le suggère les transformations des modes d’action de la SERL au cours de l’aménagement du quartier de la Part-Dieu dès les années 1960 (cf. LINOSSIER, La territorialisation de la régulation économique dans l'agglomération lyonnaise (1950-2005). Politiques, acteurs, territoires, op. cit.).

1375.

Un seul agent de la DAEI (dont nous préférons respecter l’anonymat) est revenu longuement, en entretien, sur ses difficultés à faire entendre un point de vue sur l’économie prenant en compte les intérêts des travailleurs. À ses yeux, ce point de vue lui vaut d’être freiné dans sa carrière et de se voir confier des missions aux responsabilités limitées.

1376.

D’ailleurs très peu d’agents de ce service sont syndiqués (sur ce point, voir Chapitre III). Les agents de le DAEI sont beaucoup plus nombreux à être adhérents de l’ARADEL ( http://www.aradel.asso.fr ). Malgré nos demandes répétées, nous n’avons néanmoins pas eu accès aux données concernant l’ensemble du personnel de ce service depuis sa création (telles que des fiches de poste ou des profils de recrutement).

1377.

Notamment, Entretien avec l’enquêté n°18 : un agent de la communauté urbaine de Lyon rattaché à la DAEI, chargé de mission « animation des territoires ».

1378.

D’ailleurs le passage de la « mission économique » de la DGDU à la DAEI au début des années 1990 est délicat. Certains des agents de la « mission » sont, si ce n’est totalement mis à l’écart, en tout cas uniquement chargés de politiques considérées comme plus proches de leur « culture aménageuse », notamment les politiques foncières. C’est notamment le cas de l’agent qui verse les documents écrits qu’il accumule au service des archives de la communauté urbaine. L’essentiel des archives concernant le service économique (qui, malgré les relances fréquentes du service des archives, ne verse presque rien) a ainsi été fourni par le même agent, notamment à une période où il voit son importance au sein du service économique décroître.

1379.

Ces tensions sont reconnues à demi-mots, après plusieurs questions, pendant les entretiens. Certaines expressions ressortent malgré tout fréquemment : « Ils n’ont toujours pas compris que… », « Si, si, on coopère quotidiennement, mais on a du mal à organiser des réunions, à échanger nos informations et puis, on ne pense pas de la même manière… ». Cette gêne à reconnaître l’existence de conflits et de tensions révèle le caractère normatif de la réforme de la « gouvernance économique métropolitaine » d’après laquelle l’action publique doit fonctionner sur la base de coopérations visibles.

1380.

Entretiens avec l’enquêté n°19 : un élu membre de l’UDF, vice-président de la communauté urbaine de Lyon de 1977 à 2001 notamment en charge de la stratégie d’agglomération.

1381.

Sur les tensions entre la DAEI et la DGDU vues par une étudiante en urbanisme, cf. ROUSSET, Le développement économique selon le Grand Lyon : bilan d'une politique 'transversale', op. cit., notamment pp.81 à 83. Les tensions entre la DPSA et la DAEI sont notamment liées aux risques de doublons entre les politiques partenariales de la DAEI et le « groupe économique » du Conseil de Développement ainsi que, depuis 2005, le projet ‘Lyon 2020’ qui comporte une dimension économique importante. La DPSA entend, en effet, réunir des « acteurs économiques » locaux importants mais parfois distincts de ceux que mobilise la DAEI (voir Chapitre III).

1382.

Nous avons établi cette série de constats au cours de nos observations participantes liées à la réalisation d’études de cas pour le programme INTERACT (voir Chapitre I). Nous avons notamment rencontré des difficultés pour réaliser la première étude de cas portant sur la DAEI dans un contexte où la DPSA nous est clairement apparue être perçue comme un service surveillant les autres, voire comme un service donneur de leçons. La seconde étude de cas a ainsi ensuite concernée la DPSA elle-même.

1383.

Cf. JOUVE et LEFÈVRE (dir.), Métropoles ingouvernables : Les villes européennes entre globalisation et décentralisation, op. cit.. Fragmentation souvent davantage analysée en ce qui concerne l’environnement avec lequel interagissent les institutions locales.

1384.

Entretien avec l’enquêté n°67 : le directeur général des services de la communauté urbaine depuis 2001, Entretien avec l’enquêté n°23 : un membre du cabinet communautaire de Gérard Collomb, ancien consultant du cabinet de conseil Algoé et Entretien avec l’enquêté n°45 : un membre du cabinet communautaire de Gérard Collomb en charge du Conseil de Développement.

1385.

Notamment, Entretien avec l’enquêté n°43 : un agent de la communauté urbaine de Lyon rattaché à la DAEI, chargé de mission « recherche et innovation » à la fin des années 1990 désormais employé par l’Aderly, Entretien avec l’enquêté n°50 : un ancien agent de la communauté urbaine de Lyon rattaché à la DAEI responsable de ‘Lyon, Métropole Innovante’, désormais directeur adjoint de l’Aderly et Entretien avec l’enquêté n°55 : un ancien agent de la communauté urbaine de Lyon rattaché à la DAEI responsable de ‘Lyon, Métropole Innovante’, désormais chargé de mission de l’Aderly. Bien que nous l’ayons moins fréquemment remarqué, l’inverse est également vrai : l’ancien directeur de l’Aderly, Robert Maury, rejoint par exemple la structure intercommunale Provence Métropole à la fin de l’année 2006 (« Compte rendu des délibérations de l’Assemblée Générale du 27 mars 2006 », Document de la CCIL, p.6).

1386.

Entretiens avec l’enquêté n°1 : un agent de la communauté urbaine de Lyon rattaché à la DAEI, chargé de mission « Grand Lyon, l’Esprit d’Entreprise » de 2001 à 2004. L’absence de politique intercommunale de gestion des ressources humaines que de nombreux agents rencontrés en entretien ont souligné spontanément, explique certainement en partie le nombre important de « technotables » qui cherchent à développer un profil à la fois de technicien et de politique de manière à pouvoir circuler par eux-mêmes au sein de la structure intercommunale sur des postes qui leur semblent intéressants.

1387.

Il est à noter, néanmoins, que le matériau que nous avons rassemblé concernant ces agents de la DAEI est insuffisamment qualitatif pour nous permettre d’en mener une sociologie aussi fine que nous l’aurions souhaité. Nous n’avons pu, en effet, réaliser une série d’entretiens répétés avec certains agents aux profils emblématiques de ce service, soit parce que les personnes que nous avons rencontrées plusieurs fois avaient des parcours très atypiques, soit parce que agents de ce service ont refusé ou ont été dans l’incapacité de se plier à cet exercice.

1388.

Comme le notent plus généralement certains chercheurs au sujet de la « gouvernance territoriale », cf. PASQUIER, SIMOULIN et WEISBEIN (dir.), La gouvernance territoriale. Pratiques, discours et théories, op. cit., p.29.