b / Une nouvelle manière de convertir la compétence économique en compétence politique : un profil d’élu chef d’entreprise valorisé

Les acteurs lyonnais considèrent que le rôle des élus intercommunaux, dans le cadre de la réforme de la « gouvernance économique métropolitaine », se résume à un rôle d’« animation ». Ce rôle serait directement lié à la densité de leurs réseaux avec les milieux économiques, qui leur permettrait de réunir des acteurs locaux divers autour d’une même table (cf. Supra). Les élus estiment, quant à eux, qu’être en contact avec les chefs d’entreprise et négocier avec eux les conditions matérielles et financières des implantations d’entreprises au niveau communal, est un de leurs rôles traditionnels 1389 . Depuis la mise en place de la TPU, ce rôle est néanmoins progressivement dévolu au président de la communauté urbaine. En outre, la densité et surtout la diversité des réseaux des élus intercommunaux est souvent surestimée. Le rôle d’« animateur de réseaux » qui leur est attribué par les autres acteurs locaux aide certes les élus à demeurer importants. Néanmoins, les élus qui lancent des politiques économiques mobilisent surtout une expertise à la fois généraliste et spécialisée ainsi que des réseaux en interne à la communauté urbaine. Cette expertise spécialisée dans le domaine économique est désormais notamment attribuée aux élus disposant d’une expérience de direction d’entreprises privées 1390  ; autrement dit, à des élus qui ont été, ou qui sont encore, chefs d’entreprise. Il s’agit alors d’une nouvelle manière de convertir la compétence économique en compétence politique 1391 . La réforme de la « gouvernance économique métropolitaine » lyonnaise accompagne finalement des transformations des modes de légitimation des élus et, ainsi, un renforcement du rôle de certains élus communautaires 1392 .

Tout comme les discours des acteurs locaux, une partie de la littérature sur l’action publique locale nous invite pourtant à ne pas surestimer les capacités d’action des élus dont la place et le rôle dans l’action publique locale se sont transformés depuis la fin des années 1970. Le rôle des élus se résumerait en effet désormais à l’accompagnement de processus de sédimentation des choix collectifs des acteurs locaux 1393 . Ils fixeraient avant tout les délais et les modalités de l’action publique et ils occuperaient une place moins centrale et plus nodale dans l’action publique locale 1394 . Après avoir présenté le rôle économique des maires des communes membres de la communauté urbaine et, surtout, de son président, nous nous penchons ici sur les trajectoires longues de deux élus locaux (Henry Chabert et Jacques Moulinier) précisément entrés en politique à partir de la fin des années 1970. L’étude de ces deux trajectoires est intéressante à plus d’un titre. Elle démontre la capacité de ces derniers à convertir la compétence économique en compétence politique. Elle montre également que si ces deux élus fixent effectivement les délais et modalités de l’action publique à laquelle ils prennent part et structurent ainsi le gouvernement privé de cette dernière. Autrement dit, nous verrons que s’ils auto-limitent leurs capacités d’action, ils demeurent importants dans l’action économique intercommunale dont ils participent activement à définir également le contenu.

Avant d’étudier ces trajectoires, il est important de noter que les relations que les élus locaux entretiennent avec les milieux économiques locaux varient d’un élu à un autre. En ce qui concerne les trois derniers maires de Lyon, trois styles de relations semblent ainsi se distinguer 1395 . Michel Noir ne dispose pas de réseaux de relations étroites avec les milieux économiques lyonnais 1396 . Il rencontre discrètement quelques chefs d’entreprise qu’il invite à déjeuner à son domicile 1397 . Il mobilise également quelques grands chefs d’entreprise lyonnais autour de l’aménagement de la Cité Internationale (cf. Supra). Il n’a pas, néanmoins, de relations étroites avec les instances patronales locales qu’il ne mobilise pas, voire qu’il contourne 1398 . Raymond Barre s’appuie, quant à lui, avant tout sur ses réseaux nationaux et internationaux d’ancien ministre, notamment lorsque Lyon accueille le G7 en 1996 et lorsqu’il pèse dans certains dossiers de délocalisation 1399 . Gérard Collomb, enfin, multiplie les occasions d’apparaître aux côtés de chefs d’entreprise locaux dans la presse locale : de ‘Grand Lyon, l’Esprit d’Entreprise’ au ‘Pack’, en passant par les matchs de football et de rugby auxquels il se rend avec une délégation de chefs d’entreprise lyonnais et par la tradition des déjeuners qu’il reprend de Michel Noir 1400 .

Ce n’est pas un hasard si Gérard Collomb affiche ainsi autant ses relations avec les milieux économiques. Cet élu PS au parcours universitaire a premièrement davantage à prouver aux milieux économiques 1401 . Deuxièmement, à la fin des années 1990, une large enquête menée auprès des maires des 55 communes membres de la communauté urbaine souligne le rôle important que ces derniers jouent dans les marchandages avec les chefs d’entreprise qui s’installent sur le territoire de leurs communes respectives, ou qui le quittent 1402 . Le transfert de la TP des communes à la communauté urbaine s’accompagne ensuite d’une focalisation progressive des relations entre les chefs d’entreprise locaux et les élus sur la figure du président de la communauté urbaine. La logique de guichet, toujours existante, change progressivement d’échelle, même si certains maires restent des intermédiaires des chefs d’entreprise en dépit des compétences transférées à la communauté urbaine, ce qui complexifie l’élaboration des politiques économiques intercommunales 1403 . Enfin, Gérard Collomb déclare appuyer son programme politique sur une « vision pragmatique du développement économique » qui l’amène à comparer la gestion du Grand Lyon et de la Ville de Lyon à celle d’une entreprise 1404 . Gérard Collomb lance alors le ‘Pack’ en s’inspirant de l’expérience de Pierre Mauroy dont il est proche au sein des réseaux du PS. Il lance cette politique sans avoir le soutien de son cabinet 1405 . Il personnalise dès lors les relations qu’il tente de nouer avec les membres du ‘Pack’. D’après certains membres de ses cabinets à la Ville et à la communauté urbaine 1406 , la stratégie de consolidation de sa position par Gérard Collomb passe ainsi notamment par la mise en place de scènes partenariales, au premier rang desquelles figure ‘Grand Lyon, l’Esprit d’Entreprise’. Ces scènes doivent lui permettre d’obtenir et d’afficher le soutien de certains chefs d’entreprise localement renommés lors des prochaines élections municipales 1407 .

D’autres élus intercommunaux considèrent la « gouvernance économique métropolitaine » comme un outil de compétition électorale 1408 . Elle leur permet d’asseoir un leadership fondé sur les relations qu’ils nouent avec leur électorat et, surtout, sur les compétences en lien avec l’action publique locale qu’ils acquièrent et qu’ils affichent. Les phases de lancement de ‘Grand Lyon, l’Esprit d’Entreprise’ et de ‘Lyon, Métropole Innovante’ (respectivement lancés par Henry Chabert et Jacques Moulinier) sont, à ce titre, programmées pour se clore en 2001, quelques mois avant les élections municipales.

Henry Chabert est né en 1945, à Saint-Étienne, d’un père directeur d’une affaire de textiles et d’une mère sans profession. Il commence à militer à l’âge de treize ans et fonde une section locale de l’UJD 1409 à dix-sept ans, quand il s’installe à Lyon. En 1968, il rencontre Michel Noir dont il devient un ami proche. Tout comme ce dernier, ses relations avec le RPR sont délicates à partir du milieu des années 1980. Il quitte même ce parti à plusieurs reprises entre 1991 et 1997. Henry Chabert se flatte d’avoir toujours mené de front deux activités : lorsqu’il devient conseiller municipal en 1983, il demeure dirigeant de l’entreprise alimentaire BSN puis, lorsqu’il cesse ses activités dans la sphère privée, il est élu aux niveaux local et européen (il est député européen de 1989 à 1994) ou encore national (il est député RPR de 1997 à 2002). Adjoint au maire de Lyon et vice-président de la communauté urbaine chargé de l’aménagement urbain de 1989 à 2001, Henry Chabert se présente dès 1995 comme le successeur naturel de Michel Noir. Il monte de nouveau une équipe de campagne pour les municipales de 2001, avant de se retirer suite à une condamnation à deux ans d’inéligibilité pour recel de biens sociaux. Il considère avoir vécu de la politique entre 1989 et 2001, et ce bien qu’il ait créé et dirigé une entreprise en 1994 et 1995 puis dirigé l’établissement public de l’étang de Berre en tant que contractuel de 1995 à 1997. Il est aujourd’hui consultant en aménagement et vient de revendre son entreprise d’organisation d’événements créée en 2001 lorsque les affaires l’ont contraint à se retirer temporairement de la vie politique.
Jacques Moulinier est né en 1938, à Lyon, d’un père médecin et d’une mère sans profession. À l’âge de vingt-cinq ans, alors qu’il achève une thèse de sciences économiques, il décide de militer au « centre » : il passe alors successivement du MRP, au CDS puis à l’UDF. Dans toutes ces structures partisanes, il occupe des postes à responsabilité au sein des bureaux locaux et même nationaux. En 1964, il est nommé attaché de direction des laboratoires pharmaceutiques Vial, entreprise dont il devient PDG dès 1971. Il remplace Louis Pradel au conseil municipal quand celui-ci décède en novembre 1976. Il devient alors délégué municipal et intercommunal successivement dans le domaine de l’urbanisme, des technologies de l’information, de l’économie et de la stratégie d’agglomération. Il reste adjoint au maire et membre du bureau de la communauté urbaine sans discontinuité jusqu’en 2001, date à laquelle il décide de quitter progressivement la vie politique même s’il occupe encore quelques mois la fonction de suppléant au Sénat. Pendant toute cette période, Jacques Moulinier demeure PDG de l’entreprise Vial, qu’il vend en 2004 au moment où il prend sa retraite.

En 2001, Henry Chabert est considéré localement comme le concurrent direct de Raymond Barre, ou de son successeur au sein de l’UDF, pour les élections municipales. Jacques Moulinier, quant à lui, n’est pas candidat à ces élections. Il n’a d’ailleurs jamais été candidat à la mairie de Lyon et n’a jamais évoqué sa volonté de l’être en entretien. Mais ‘Lyon, Métropole Innovante’ demeure souvent qualifié de « projet des barristes » fruit d’une stratégie collective de compétition électorale de l’UDF 1410 . Si Henry Chabert, finalement interdit d’élections en 2001, se présente à nouveau aux élections législatives de 2007 1411 , Jacques Moulinier prend progressivement sa retraite et quitte la vie politique à partir de 2001.

L’étude des trajectoires politiques longues de ces deux élus locaux permet, par ailleurs, de souligner qu’outre l’affichage de relations étroites avec les milieux économiques que permettent des politiques telles que ‘Grand Lyon, l’Esprit d’Entreprise’ et ‘Lyon, Métropole Innovante’, leurs parcours s’appuient sur l’investissement des élus dans de très nombreux domaines de l’action publique locale puis sur leur spécialisation dans le domaine économique, ainsi que sur leur capacité à établir des relations étroites avec certains agents intercommunaux 1412 . Henry Chabert et Jacques Moulinier se montrent d’abord présents de manière assidue et sur le long terme dans des groupes de travail municipaux et intercommunaux concernant à la fois la culture, l’urbanisme et l’économie 1413 . Ils s’inscrivent dans de nombreuses commissions politiques municipales et intercommunales. Ils participent à la rédaction de livres blancs et d’études aux thèmes divers dont la simple mention, au cours d’interviews accordées à la presse locale ou encore dans leurs CV, leur sert à revendiquer une compétence dans de très nombreux domaines de l’action publique locale. Toujours dans une logique de multipositionnalité, la monopolisation de fonctions exécutives à la Ville de Lyon leur permet de jouer sur l’ambiguïté des responsabilités et le chevauchement des territoires institutionnels :

‘« Quand j’ai en charge le développement économique à la Ville, je m’occupe du développement économique à la communauté urbaine, [même s’il y a déjà] un vice-président qui est chargé de l’économie. Moi, si vous voulez, je couvrais Lyon en matière de développement économique à la communauté urbaine » 1414 .’

Parallèlement à l’aspect généraliste du positionnement de ces élus, on observe aussi, paradoxalement, une logique de spécialisation dans leurs revendications conjointes d’une légitimité à agir dans le domaine économique. Sous le mandat de Raymond Barre, Henry Chabert et Jacques Moulinier structurent tous deux leur action autour de ce domaine dont ils s’affichent alors chacun spécialiste. Cette spécialisation est directement liée au fait que le « développement économique » et le rayonnement international des villes deviennent des domaines d’action liés et prioritaires de la communauté urbaine. Leurs compétences multiples leur permettent d’anticiper différentes évolutions possibles de l’agenda politique lyonnais. S’ils sont tous deux chefs d’entreprise avant d’entrer en politique, il ne s’agit pas d’une spécificité affichée à l’origine de leur parcours d’élu. En outre, à la fin des années 1990 lorsqu’ils opèrent cette spécialisation, l’économie n’est pas le domaine d’intervention officiel des deux élus respectivement en charge de l’« aménagement urbain » et de la « stratégie d’agglomération ». C’est alors que leurs expériences respectives de chef d’entreprise deviennent une ressource qu’ils mobilisent pour légitimer cette spécialisation.

Henry Chabert, revenant en entretien sur la victoire du camp noiriste en 1989, souligne également que Jacques Moulinier garde alors des fonctions exécutives, même limitées, à la Ville de Lyon et à la communauté urbaine, avant tout parce que l’équipe de Michel Noir a besoin de quelqu’un qui soit en mesure de favoriser l’intégration de cette nouvelle équipe dans les services administratifs communaux et intercommunaux, en s’appuyant sur des relations établies de longue date. En 1995, Henry Chabert, quant à lui, nomme directeur par intérim de l’agence d’urbanisme un ancien consultant rencontré au début du mandat de Michel Noir, avec lequel il a étroitement collaboré dans le cadre de plusieurs missions d’évaluation du service « aménagement urbain » de la communauté urbaine. Les deux hommes qui lancent ‘Grand Lyon, l’Esprit d’Entreprise’ demeurent ainsi en liens directs et permanents avec les services de la structure intercommunale, tant au niveau politique que technique. La longévité politique d’Henry Chabert et Jacques Moulinier et, surtout, leur capacité d’action reposent en partie sur la stabilité des relations qu’ils parviennent à nouer avec certains agents de la communauté urbaine et de l’agence d’urbanisme. C’est grâce à ces relations qu’Henry Chabert et Jacques Moulinier parviennent à rédiger une première version de ‘Grand Lyon, l’Esprit d’Entreprise’ et de ‘Lyon, Métropole Innovante’ qu’ils soumettent en personne et simultanément à Raymond Barre 1415 . L’interdépendance de certains élus, agents intercommunaux et agents de l’agence d’urbanisme, permet d’expliquer l’acceptation des premiers par les seconds, et même leur soutien ouvert et actif. En ce qui concerne l’agence d’urbanisme, sa capacité à constituer une force de propositions de politiques intercommunales dépend de ses relais en termes d’élus en mesure de présenter ces projets puis de les faire accepter par la présidence de l’institution intercommunale. L’une des spécificités du métier des agents intercommunaux est, par ailleurs, d’avoir de nombreux donneurs d’ordre qui peuvent changer au moment des élections municipales. Face à cette instabilité structurelle, il est possible de repérer la constitution de binômes ou trinômes associant étroitement chaque élu à un ou deux agents. L’élu « inamovible » semble être alors particulièrement soutenu par certains agents de la communauté urbaine qui, familiers de son mode de fonctionnement, pensent obtenir grâce à lui des repères en termes de méthodes de travail ainsi qu’un soutien politique régulier leur permettant de profiter indirectement des ressources qu’il a accumulées au fil des ans 1416 . Les élus qui parviennent à faire un long parcours politique au niveau local sont notamment appréciés dans les services récents, tels ceux du « développement économique » ou de « prospective et stratégie » de la communauté urbaine de Lyon au milieu des années 1990. Tout comme celle des élus qui les soutiennent, la survie de ces services créés dans un premier temps de manière provisoire est étroitement liée aux résultats des élections. Cette proximité entre élus et agents explique comment certains agents peuvent intégrer les logiques d’action des élus et accepter de mettre en place un dispositif tel que ‘Grand Lyon, l’Esprit d’Entreprise’ pour explicitement le reconnaître et l’utiliser comme « plate-forme électorale » afin d’établir le programme politique d’Henry Chabert 1417 . La contrainte que peut représenter la compétition électorale est alors gérée collectivement. Ainsi les rôles des élus dans les dispositifs mis en œuvre dépendent-ils notamment de la nature de leurs interactions avec les agents intercommunaux, ainsi qu’avec les agents de l’agence d’urbanisme. Ces interactions ne se caractérisent pas uniquement par l’opposition systématique des intérêts et des logiques d’action de ces deux catégories d’acteurs 1418 . Elles peuvent aider certains élus à demeurer centraux dans des dispositifs d’action publique malgré l’ouverture affichée de leurs modes de mise en œuvre.

Dans ce contexte, les agents intercommunaux et l’ensemble des partenaires des dispositifs de la « gouvernance économique métropolitaine » participent en retour à l’imposition de modèles de référence pour la définition du métier d’élu local. Les deux élus chefs d’entreprise sont notamment confrontés, au milieu des années 1990, aux attentes des agents de la DAEI et de l’agence d’urbanisme qui recherchent des contacts au sein des milieux économiques. Perçus comme disposant d’un carnet d’adresses important, ils sont chargés de réunir les représentants des milieux économiques locaux les plus « pertinents » à leurs yeux. Leur capacité à établir des liens entre des « acteurs économiques » locaux divers est pourtant de fait assez limitée 1419 . Dans le cadre de ‘Grand Lyon, l’Esprit d’Entreprise’, par exemple, Henry Chabert est présenté comme s’appuyant avant tout sur les réseaux qu’il a construits grâce à son parti « Réussir Lyon » 1420 . Les membres de ce parti qui rassemble de nombreux anciens noiristes, invitent en effet régulièrement des intervenants, notamment des chefs d’entreprise ou des représentants patronaux, de manière à débattre de l’avenir de Lyon dès 1995. En entretien, Henry Chabert a notamment évoqué les liens qu’il noue avec le PDG d’une société de fabrication de textiles techniques, TMB Techniques Michel Brochier (qui s’investit en politique auprès de Michel Noir, puis d’Henry Chabert et, enfin, de Charles Millon), ainsi qu’avec le président de la CGPME, François Turcas. Il a en revanche été incapable de citer le nom de chefs d’entreprise investis dans « Réussir Lyon » puis dans ‘Grand Lyon, l’Esprit d’Entreprise’. Il semble donc qu’Henry Chabert mobilise les premiers chefs d’entreprise invités à prendre part à ‘Grand Lyon, l’Esprit d’Entreprise’ à titre individuel de manière indirecte, par l’intermédiaire d’un représentant tel que François Turcas, mais aussi par l’intermédiaire des consultants du cabinet Algoé auquel est confié la gestion de la première phase de cette politique 1421 et par l’intermédiaire des agents de l’agence d’urbanisme puis de la DAEI (cf. Supra) 1422 . La capacité d’Henry Chabert et de Jacques Moulinier à mobiliser les milieux économiques locaux demeure malgré tout mise en avant par les agents administratifs qui travaillent avec eux, sans que soit directement pris en compte les effets de la spécificité de leurs réseaux 1423 . Ces élus représentent un capital social que les agents administratifs et les autres élus pensent pouvoir mobiliser. Dans un tel contexte, plus la carrière d’un élu dure, plus elle a de chances de perdurer. Un mécanisme d’accumulation progressive de ressources relationnelles (réelles et attribuées) conduit à une sorte d’autonomisation de la carrière de l’élu local dont la légitimité se fonde de plus en plus sur elle-même, plus que sur un étiquetage partisan ou un engagement à représenter des électeurs.

La présence continue de Jacques Moulinier puis d’Henry Chabert dans de nombreux groupes de travail municipaux et communautaires explique leur participation effectivement active à la fixation des délais de mise en œuvre de ‘Grand Lyon, l’Esprit d’Entreprise’ et de ‘Lyon, Métropole Innovante’ (dont les calendriers sont notamment calés sur les élections municipales de 2001), ainsi qu’à la définition des modalités d’action de ces politiques. Ces délais et ces modalités d’action sont définis en amont de la mise en place des partenariats étroits avec les milieux économiques de ‘Grand Lyon, l’Esprit d’Entreprise’ et de ‘Lyon, Métropole Innovante’. Jacques Moulinier est membre des commissions économiques de la communauté urbaine dès 1979 et Henry Chabert dès le milieu des années 1980. Or ces commissions sont précisément le lieu où commence à se définir ce que pourrait être une action économique intercommunale (cf. Supra). C’est du fait de cet investissement ancien et permanent, qu’Henry Chabert et Jacques Moulinier participent assez largement à la définition des délais et des modalités d’action des tout premiers dispositifs économiques intercommunaux. Les agents intercommunaux en charge du « développement économique » sont en effet, pour leur part, majoritairement recrutés au cours des années 1990, c’est-à-dire au fur et à mesure que se structure la DAEI. En outre, paradoxalement, ces agents changent (cf. Supra), alors que les deux élus restent. La « gouvernance économique métropolitaine » et la posture institutionnelle de retrait qu’elle assigne à la communauté urbaine (cette dernière devenant un acteur parmi d’autres appliquant des décisions prises de manière collégiales), fait d’ailleurs directement écho au rôle que les deux élus intercommunaux s’attribuent. Henry Chabert et Jacques Moulinier croient en leur devoir et en leur capacité d’action dans le domaine économique. Néanmoins, ils s’opposent à la position dite « traditionnelle » de l’élu qui formule une politique économique en relation avec quelques agents, puis l’impose de manière autoritaire. Ils répondent ainsi aux nombreuses critiques adressées à leur profession par l’opinion publique et s’adaptent aux transformations de l’action publique qui les contraignent désormais à coopérer avec de nombreux acteurs publics et privés 1424 . Ils favorisent finalement la mise en place de la réforme de la « gouvernance économique métropolitaine » tout en veillant à se définir parallèlement un rôle en conformité avec leur volonté de demeurer élus le plus longtemps possible :

‘« Le rôle d’un élu, c’est de décloisonner, hein, de faire travailler les gens ensemble. […] Pour faire travailler les gens ensemble, il faut être en contact avec beaucoup de monde et, surtout, il faut du temps, beaucoup de temps » 1425 .’

Ces deux dispositifs sont certes fondés sur une participation des milieux économiques locaux qui rend possible tout autant qu’elle limite la capacité d’action des élus intercommunaux. Mais Henry Chabert et Jacques Moulinier, en tant qu’élus également chefs d’entreprise, maintiennent malgré tout leur centralité dans cette action publique locale. Ils deviennent un relais considéré comme fondamental entre les agents intercommunaux et les milieux économiques locaux. Ils s’appuient surtout sur leurs collaborateurs et sur leur expérience de chef d’entreprise pour participer activement à la définition et à la hiérarchisation des objectifs généraux poursuivis dans le cadre de ‘Grand Lyon, l’Esprit d’Entreprise’ et de ‘Lyon, Métropole Innovante’ 1426 . Ainsi Henry Chabert se réfère-t-il à son expérience de gestion du budget d’une entreprise privée lorsqu’il participe à fixer à ‘Grand Lyon, l’Esprit d’Entreprise’ un objectif général de rationalisation des dépenses publiques 1427 . Jacques Moulinier, quant à lui, focalise en partie ‘Lyon, Métropole Innovante’ sur le secteur des biotechnologies directement en lien avec celui de son entreprise pharmaceutique. ‘Grand Lyon, l’Esprit d’Entreprise’ et ‘Lyon, Métropole Innovante’ permettent à ces deux élus de renforcer leur place et leur rôle dans l’action économique locale.

Telle qu’elle est mise en place dans le cadre de ‘Grand Lyon, l’Esprit d’Entreprise’ et de ‘Lyon, Métropole Innovante’, la « gouvernance économique métropolitaine » tend à limiter en partie la capacité d’action des élus en général, au profit de certains partenaires de la communauté urbaine, principalement dans ce cas des instances patronales. Cette réforme est paradoxalement directement liée aux caractéristiques socioprofessionnelles d’Henry Chabert et de Jacques Moulinier qui, du fait d’un parcours long notamment appuyé sur une multipositionnalité au sein des institutions publiques locales et du fait de leur activité de chef d’entreprise, parviennent à se singulariser et à se définir une place et un rôle centraux au sein des dispositifs de « gouvernance » qu’ils participent à mettre en œuvre.

À ce titre, l’analyse des élus comme un groupe homogène semble alors montrer des limites. Le président de la communauté urbaine occupe d’abord une place à part au sein des élus locaux. Son rôle nodal lié à une tradition de marchandage avec les chefs d’entreprise locaux se trouve, en outre, renforcé par la mise en place de la TPU. Les caractéristiques de l’activité professionnelle que ces acteurs ont le plus souvent exercée avant leur élection (voire qu’ils continuent d’exercer pendant leurs mandats) peut directement influencer le rôle et la place de ces derniers dans l’action publique locale. Henry Chabert et Jacques Moulinier semblent favoriser la mise en place de structures dites de « gouvernance » avant tout car c’est dans leur intérêt. Dans le contexte actuel de transformations de l’action publique locale, la stabilisation des trajectoires d’élus passe, pour ce type de profil d’élu également chef d’entreprise, par l’adoption d’une posture de médiateur central entre acteurs locaux, mais aussi d’expert participant à la formulation des objectifs des dispositifs économiques au nom d’une expérience de direction d’une entreprise privée. La « gouvernance » renforce alors la polarisation politique et l’autonomisation des carrières dont la légitimité peut être avant tout liée à une trajectoire individuelle. À ce titre, ‘Grand Lyon, l’Esprit d’Entreprise’ et ‘Lyon, Métropole Innovante’ sont loin de représenter le chant du cygne des élus. La capacité d’Henry Chabert et de Jacques Moulinier à intervenir non seulement dans la définition des délais et des modalités de l’action économique mais aussi dans la définition de son contenu, suggère que d’autres élus locaux peuvent fonder leur légitimité sur leur trajectoire individuelle 1428 . En outre, la valorisation des profils d’élus jouissant d’une expérience dans le domaine économique ne se focalise pas uniquement sur les élus également chefs d’entreprise. Ainsi l’élue sur les listes PS néanmoins peu investies dans le parti socialiste, Nadine Gelas, construit-elle sa légitimité à intervenir dans le domaine de la mode, non pas sur un programme électoral validé par la victoire d’élections locales mais sur son expérience de la mode en tant que responsable d’une filière mode à l’Université Lyon II. Pour Gérard Collomb, ‘Grand Lyon, l’Esprit d’Entreprise’ et ‘Lyon, Métropole Innovante ne sont que des occasions parmi d’autres d’échanger avec et de se montrer proche des milieux économiques locaux. Le président de la communauté urbaine de Lyon tend néanmoins, à partir de 2001, à faire de ces politiques son domaine réservé en écartant les autres élus. Ainsi l’importance du rôle des élus dans le domaine économique est-il également fonction des relations qu’ils entretiennent entre eux et des marges de manœuvre qu’ils s’accordent les uns les autres 1429 .

Certes, les modes de légitimation classiques des élus tels que le contrôle des suffrages et l’accès au centre –ou, en d’autres termes, à Paris– sont dévalués, mais ces acteurs n’occupent pas pour autant une place en retrait dans l’action publique locale et leur rôle ne se résume pas à de l’animation de réseaux. La compétence économique est désormais convertie en compétence politique avant tout au nom d’une expérience, notamment d’une expérience de chef d’entreprise qui permettrait, aux élus qui en disposent, d’afficher des réseaux de relations étroites avec les milieux économiques et une connaissance du fonctionnement d’une entreprise privée, mais aussi au nom d’une expertise économique construite progressivement grâce aux contacts entretenus avec les agents communautaires intervenant dans le domaine du « développement économique ». Ainsi les parcours politiques longs fondés sur les caractéristiques individuelles des élus sont-ils valorisés. Ces élus s’appuient de moins en moins sur une légitimité fondée sur les résultats des élections électorales.

Notes
1389.

« Enquête auprès des maires de la communauté urbaine de Lyon, 1997/1998 : recueil des entretiens », Cabinet Équation et Entretien avec l’enquêté n°64 : un consultant auprès des collectivités locales du Cabinet Équation responsable de l’enquête auprès des maires dont les résultats conduisent à la mise en place des « Conférences des maires ».

1390.

À l’image des experts expérimentés que sont désormais les chefs d’entreprise et leurs représentants mobilisés par la communauté urbaine de Lyon (voir Chapitre II).

1391.

Cette manière de convertir la compétence économique en compétence politique se distingue notamment de celle qui caractérise les débuts de la Vème République. À partir de la fin des années 1950, dans un contexte où l’action dite « rationnelle » des pouvoirs publics dans le domaine économique est perçue comme efficace, les élus convertissent la compétence économique en compétence politique avant tout grâce à l’affichage d’une maîtrise de savoirs théoriques concernant l’économie, cf. Delphine DULONG, "Quand l'économie devient politique. La conversion de la compétence économique en compétence politique sous la Ve République", Politix, n°35, 1996, pp.109-130.

1392.

Notre travail rejoint à nouveau, sur ce point, les contributions réunies dans un ouvrage sur la « gouvernance territoriale » : cf. PASQUIER, SIMOULIN et WEISBEIN (dir.), La gouvernance territoriale. Pratiques, discours et théories, op. cit., notamment pp.221/222.

1393.

Cf. Christopher HOOD, The tools of government, Chatham, Chatham House Publishers, 1983 et PINSON, "Projets de ville et gouvernance urbaine. Pluralisation des espaces politiques et recomposition d'une capacité d'action collective dans les villes européennes", op. cit.

1394.

Idem.

1395.

En entretien, nous avons demandé à la plupart des personnes rencontrées (notamment aux chefs d’entreprise et à leurs représentants) quelle était la nature des relations de Michel Noir, Raymond Barre et Gérard Collomb ave les milieux économiques locaux. Les réponses formulées nous semblent suffisamment proches et en conformité avec les sources écrites que nous avons par ailleurs rassemblées pour être résumées comme suit.

1396.

Comme le soulignent d’ailleurs certains travaux de recherche portant spécifiquement sur le mandat de Michel Noir, cf. BARDET et JOUVE, "Entreprise politique et territoire à Lyon", op. cit.

1397.

Dîners évoqués par plusieurs personnes rencontrées en entretien, notamment : Entretiens avec l’enquêté n°12 : un élu membre de l’UMP, vice-président de la communauté urbaine de Lyon au développement urbain de 1989 à 2001 et Entretiens avec l’enquêté n°13 : un journaliste économique local retraité, intervenant lors des week-end de l’association Émergences régulièrement invité aux réunions du ‘Pack’.

1398.

Christian Boiron, par exemple, qu’il mobilise autour de l’aménagement de la Cité Internationale et qu’il intègre, en outre, à son équipe municipale, est un chef d’entreprise en rupture avec les positions des instances patronales locales dans lesquelles il n’est pas engagé (Entretien avec l’enquêté n°40 : un ancien membre de la direction du Medef Rhône, désormais président de la fédération nationale des promoteurs constructeurs, cf. aussi ANGLERAUD et PELLISSIER, Les dynasties lyonnaises ; des Morin-Pons aux Mérieux du XIXème siècle à nos jours, op. cit.).

1399.

Notamment la délocalisation de l’ENS LSH. Entretien avec l’enquêté n°68 : le directeur de l’Aderly de 1995 à 2006.

1400.

Entretiens avec l’enquêté n°12 : un élu membre de l’UMP, vice-président de la communauté urbaine de Lyon au développement urbain de 1989 à 2001.

1401.

Comme le rappellent certaines réactions d’hostilité face au ‘Pack’ associant étroitement, au moins dans un premier temps, des chefs d’entreprise et une institution publique dirigée par un élu PS (cf. Supra).

1402.

« Enquête auprès des maires de la communauté urbaine de Lyon, 1997/1998 : recueil des entretiens », Cabinet Équation et Entretien avec l’enquêté n°64 : un consultant auprès des collectivités locales du Cabinet Équation responsable de l’enquête auprès des maires dont les résultats conduisent à la mise en place des « Conférences des maires ».

1403.

Par exemple la commune de Villeurbanne (cf. Supra).

1404.

D’après les nombreux discours prononcés par Gérard Collomb et retranscrits dans la presse locale. Cette construction d’une image « d’homme politique plus pragmatique qu’idéologique » participe au brouillage des frontières entre élus des partis de gauche et élus des partis de droite au niveau local.

1405.

Entretien avec l’enquêté n°23 : un membre du cabinet communautaire de Gérard Collomb, ancien consultant du cabinet de conseil Algoé et Entretien avec l’enquêté n°45 : un membre du cabinet communautaire de Gérard Collomb en charge du Conseil de Développement.

1406.

Idem et Entretien avec l’enquêté n°69 : un élu PS adjoint au maire de Lyon et vice-président de la communauté urbaine au rayonnement international.

1407.

Cet élément confirme que l’instabilité électorale augmente le poids relatif des groupes sociaux tels que les chefs d’entreprise qui, s’ils sont restreints, disposent de ressources notamment financières importantes (cf. PINSON, "Projets de ville et gouvernance urbaine. Pluralisation des espaces politiques et recomposition d'une capacité d'action collective dans les villes européennes",op. cit.).

1408.

La focalisation progressive des relations entre élus locaux et milieux économiques sur la figure du président de la communauté urbaine est, au moins en partie, liée à une augmentation progressive du nombre de vice-présidents en charge du domaine économique. Le nombre total de vice-présidents communautaires est passé de 12 à 37 entre 1989 et 2001. Sur la même période, le nombre de vice-présidents officiellement en charge du « développement économique » est passé de 1 à 4. Néanmoins, cette augmentation progressive qui tend à diluer les responsabilités (cf. GUÉRANGER et JOUVE, "De l'urbanisme à la maïeutique : permanence et recomposition des politiques urbaines à Lyon", op. cit.), n’entraîne pas pour autant un recul systématique de l’engagement des élus dans le domaine économique.

1409.

Union des Jeunes pour le Progrès, mouvement lié au parti gaulliste de l’époque : l’Union pour la Défense de la République (UDR).

1410.

Entretiens avec l’enquêté n°12 : un élu membre de l’UMP, vice-président de la communauté urbaine de Lyon au développement urbain de 1989 à 2001 et Entretien avec l’enquêté n°44 : un agent de la communauté urbaine de Lyon rattaché à la DAEI, chargé de mission « plan technopole » de 1997 à 2000.

1411.

Henry Chabert perd les élections législatives à Villeurbanne où il entend néanmoins se représenter aux élections municipales de 2008.

1412.

Non seulement Jacques Moulinier et Henry Chabert sont respectivement systématiquement réélus entre 1976 et 2001 et entre 1983 et 2001, mais ils monopolisent en outre des fonctions exécutives importantes à la Ville de Lyon et à la communauté urbaine de Lyon. Nous étudions ici la mobilisation de ressources de l’action publique pour consolider la légitimité politique de deux élus, d’une part, et la place et le rôle de ces élus dans l’émergence de l’action publique qu’ils participent à élaborer, d’autre part. En sus des ressources financières et politiques progressivement acquises, les modes d’implication dans l’action publique locale de ces élus sont des outils de gestion de la contrainte que représentent les échéances électorales.

1413.

Ce choix doit être analysé à la lumière du contexte politique de l’époque. Après dix-neuf années de « pradelisme », Francisque Collomb est considéré localement comme un maire de transition moins dirigiste que Louis Pradel. Il réalise certes finalement deux mandats entre 1976 et 1989 mais semble avoir laissé une grande marge d’autonomie à ses adjoints qu’il a même incités à se saisir de nombreux dossiers (cf. DALLY-MARTIN et DELFANTE, 100 ans d'urbanisme à Lyon).

1414.

Entretiens avec l’enquêté n°19 : un élu membre de l’UDF, vice-président de la communauté urbaine de Lyon de 1977 à 2001 notamment en charge de la stratégie d’agglomération. Il est à noter que Jacques Moulinier et Henry Chabert s’investissent en outre dans la RUL ou dans les projets de cette institution.

1415.

Henry Chabert rédige la première version de ‘Grand Lyon, l’Esprit d’Entreprise’ avec la direction de l’agence d’urbanisme et Jacques Moulinier rédige la première version de ‘Lyon, Métropole Innovante’ avec un agent de la DAEI et agent de la DPSA qui a soutenu une thèse sur l’économie lyonnaise (voir Chapitre II).

1416.

D’après les entretiens réalisés auprès de certains collaborateurs d’Henry Chabert et Jacques Moulinier.

1417.

Entretien avec l’enquêté n°22 : un chargé de mission du président de l’agence d’urbanisme de Lyon à la fin des années 1990.

1418.

Les liens entre élus soumis à élection et agents administratifs non soumis à élection sont le plus souvent avant tout pensés comme fondés sur des oppositions nombreuses (cf. Christopher HOOD et Martin LODGE, The Politics of Public Service Bargains : Reward, Competency, Loyalty and Blame, Oxford, Oxford University Press, 2006 et Sylvain BROUARD, "Principal / Agent", dans Laurie BOUSSAGUET, Sophie JACQUOT et Pauline RAVINET (dir.), Dictionnaire des politique publiques, Paris, FNSP, coll. "Gouvernances", 2004, pp.339-346).

1419.

Jacques Moulinier, quant à lui, parvient uniquement à fournir aux agents de la communauté urbaine les coordonnées de chefs d’entreprise de sa génération, proches du domaine pharmaceutique auquel appartient sa propre entreprise (d’après la liste des participants aux groupes de travail constitués dans le cadre de ‘Lyon, Métropole Innovante’, Entretien avec l’enquêté n°43 : un agent de la communauté urbaine de Lyon rattaché à la DAEI, chargé de mission « recherche et innovation » à la fin des années 1990 désormais employé par l’Aderly et Entretien avec l’enquêté n°44 : un agent de la communauté urbaine de Lyon rattaché à la DAEI, chargé de mission « plan technopole » de 1997 à 2000).

1420.

La Fédération Réussir Lyon est enregistrée par la commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques jusqu’en 2001 : http://www.cnccfp.fr .

1421.

Voir Chapitre III.

1422.

Les agents de la DAEI entendent d’ailleurs eux-mêmes occuper une place nodale dans l’action économique intercommunale (cf. Supra). « Entretiens avec l’enquêté n°12 » : un élu membre de l’UMP, vice-président de la communauté urbaine de Lyon au développement urbain de 1989 à 2001, « Entretiens avec l’enquêté n°24 » : un ancien chargé de mission « Grand Lyon, l’Esprit d’Entreprise » aujourd’hui en charge des politiques de « développement économique » et d’« aménagement » au sein de l’agence d’urbanisme de Lyon et « Entretien avec l’enquêté n°22 » : un chargé de mission du président de l’agence d’urbanisme de Lyon à la fin des années 1990.

1423.

D’après les entretiens réalisés avec les collaborateurs de ces deux élus.

1424.

Voir Chapitre I.

1425.

Entretiens avec l’enquêté n°19 : un élu membre de l’UDF, vice-président de la communauté urbaine de Lyon de 1977 à 2001 notamment en charge de la stratégie d’agglomération.

1426.

Ces objectifs sont le fruit de processus incrémentaux et de partenariats anciens avec les milieux économiques locaux (cf. Supra) mais ils sont fixés dès la présentation des premières versions de ‘Grand Lyon, l’Esprit d’Entreprise’ et de ‘Lyon, Métropole Innovante’ à Raymond Barre (Entretien avec l’enquêté n°44 : un agent de la communauté urbaine de Lyon rattaché à la DAEI, chargé de mission « plan technopole » de 1997 à 2000, Entretiens avec l’enquêté n°21 : un agent de la communauté urbaine de Lyon rattaché à la DPSA, directeur adjoint depuis 2004 et Entretiens avec l’enquêté n°24 : un ancien chargé de mission « Schéma de Développement Économique » aujourd’hui en charge des politiques de « développement économique » et d’« aménagement » au sein de l’agence d’urbanisme de Lyon). Ces processus incrémentaux impliquent que le rôle des élus locaux est à la fois surestimé avant la réforme de la « gouvernance économique métropolitaine » et sous-estimé après la mise en place de cette réforme (aussi bien dans les discours des acteurs locaux que dans de nombreux travaux de recherche). Ainsi le rôle des élus demeure-t-il simplement important et non central.

1427.

Notamment, Entretiens avec l’enquêté n°24 : un ancien chargé de mission « Schéma de Développement Économique » aujourd’hui en charge des politiques de « développement économique » et d’« aménagement » au sein de l’agence d’urbanisme de Lyon.

1428.

Ainsi une valorisation des profils d’élus chefs d’entreprise peut-elle entraîner une augmentation du nombre de chefs d’entreprise choisissant de s’engager en politique. Si l’engagement politique des chefs d’entreprise est historiquement rare (cf. ANGLERAUD et PELLISSIER, Les dynasties lyonnaises ; des Morin-Pons aux Mérieux du XIXème siècle à nos jours, op. cit. et, plus généralement,BRUTUS, "Les chefs d'entreprise en politique", et Pierre-Paul ZALIO, "D'impossibles notables. Les grandes familles de Marseille face à la politique (1860-1970)", Politix, n°65, 2004, pp.93-118), depuis le début des années 1990, à Lyon, outre Jacques Moulinier et Henry Chabert, Alain Mérieux, Christian Boiron, Michel Brochier, Michel Forien (directeur associé de BPI (Paris) société implantée à Lyon de conseil en management des entreprises et des services publics) et, plus récemment Jean-Michel Daclin (DDB nouveau monde, agence de communication) ont choisi d’accepter des responsabilités politiques et ont occupé des positions exécutives au sein de la Ville de Lyon et de la communauté urbaine de Lyon.

1429.

Entretiens avec l’enquêté n°1 : un agent de la communauté urbaine de Lyon rattaché à la DAEI, chargé de mission « Grand Lyon, l’Esprit d’Entreprise » de 2001 à 2004 et Entretien avec l’enquêté n°23 : un membre du cabinet communautaire de Gérard Collomb, ancien consultant du cabinet de conseil Algoé.