2.1.3.3. Limites de l’explication de l’avantage du niveau global à partir des fréquences spatiales

L’avantage du niveau global est un terme général rapprochant deux phénomènes : le traitement plus rapide d’une cible au niveau global plutôt qu’au niveau local et l’asymétrie de l’interférence entre les niveaux. Si nombre de données confirment que la plus grande vitesse de traitement des cibles globales repose, au moins en partie, sur la composition de cette information en basses fréquences spatiales, ce n’est pas le cas du second phénomène.

Ainsi, par exemple, la suppression des basses fréquences spatiales retarde les réponses pour des cibles situées au niveau global de stimuli hiérarchisés, sans que l’interférence issue du niveau global soit affectée (Lamb & Yund, 1993). De même, entraver le fonctionnement soit des canaux spécialisés pour les hautes fréquences spatiales, soit ceux spécialisés pour les basses fréquences, produit des effets distincts sur les temps de réponse pour les cibles à l’un et l’autre niveaux, mais pas sur le profil des interférences entre niveaux (Lovegrove & Pepper, 1994, cités par Lamb & Yund, 1996a). Lamb et Yund (1993) ont conclu que la grande rapidité de traitement des cibles au niveau global vient d’un avantage temporel issu d’étapes élémentaires du traitement visuel, au moins en partie lié à la rapidité du traitement des basses fréquences spatiales. En revanche, l’interférence entre niveaux dépendrait moins de la hauteur des fréquences spatiales. Ces auteurs ont répliqué ces résultats dans des tâches d’attention focalisée à un niveau (Lamb & Yund, 1996), qui permettent d’étudier plus directement les effets d’interférence (celle-ci vient alors d’une véritable cible concurrente située au niveau devant être ignoré, et non d’une simple ressemblance avec les distracteurs situés à l’autre niveau). Leurs trois expériences montrent que, quelle que soit la tâche (attention divisée ou focalisée), l’une des composantes de l’avantage du niveau global (l’asymétrie de l’interférence entre niveaux) n’est pas strictement basée sur les fréquences spatiales. De plus, ils montrent aussi que les phénomènes d’interférence sont eux-mêmes latéralisés (effet du champ visuel de présentation) et cette différence hémisphérique est elle aussi insensible à la suppression des basses fréquences spatiales. Ainsi, l’une au moins des manifestations de l’avantage du niveau global ne s’explique pas exclusivement par des mécanismes visuels de bas niveau.