2.1.4.2. Hypothèse du privilège attentionnel pour le niveau global

Si les informations issues de l’un et l’autre niveaux sont disponibles en même temps, comment rendre compte, dès lors, de l’avantage du niveau global ? L’intervention de mécanismes attentionnels est évoquée.

Selon Miller (1981), l’effet de supériorité du niveau global ne correspond pas à une précédence du traitement global au niveau perceptif, mais à un privilège accordé à l’information globale par des processus attentionnels et/ou des processus de décision. Il propose plusieurs idées.

Il soutient notamment que l’avantage du niveau global traduit la possibilité pour le système attentionnel de sélectionner le niveau global et d’inhiber l’information locale, alors que l’inverse serait plus difficile. Il parvient ainsi à rendre compte du phénomène d’asymétrie de l’interférence entre les niveaux. Il ne développe cependant pas précisément cette idée en terme d’inhibition (il s’agit pourtant d’une idée intéressante, et qui sera en lien avec nos hypothèses). Il parle plutôt de deux canaux attentionnels prenant en charge de manière distincte les informations globale et locale, mais le canal global aurait de manière inhérente une plus grande force. L’auteur n’explique pas clairement l’origine de cette force (ou poids), qui serait une sorte de biais a priori. Il signale seulement que cette idée concorde avec celles de la théorie de la Gestalt où les formes globales exerceraient un pouvoir d’attraction de l’attention particulièrement intense (nous avons déjà développé ce point dans la partie 1.2). Derrière cette explication, notons que le sujet est supposé pouvoir diviser son attention entre les canaux dans les épreuves où le niveau d’apparition de la cible est incertain. Ce pré-supposé est aujourd’hui discuté : même si les épreuves en question sont toujours appelées « épreuves d’attention divisée », il est généralement admis que le sujet ne divise pas son attention mais qu’elle commute (switch) entre niveaux lorsque la cible est située à des niveaux différents d’un item à l’autre.

Quant à l’autre composante de l’avantage du niveau global (la plus grande rapidité de réponse à une cible globale), Miller envisage deux explications. L’information issue des deux niveaux serait disponible en même temps, mais il serait plus simple de porter son attention ET de sélectionner une réponse pour fonder ses décisions sur l’information située au niveau global. Il existerait donc une attractivité particulière du système attentionnel et du système de sélection de réponse pour l’information venant du niveau global.