2.3.3. Effet des connaissances sémantiques sur les traitements visuels

2.3.3.1. Influences de connaissances sur les catégories

Riddoch et Humphreys (1987, cités Pins, Meyer, Foucher, Humphreys, & Boucart, 2004) ont montré que le traitement des attributs physiques d’un stimulus commence avant l’activation des connaissances sémantiques sur cet objet. Toutefois, le traitement des attributs physiques ne se termine pas toujours avant l’intervention de connaissances sémantiques et celles-ci peuvent interférer avec des étapes relativement précoces du traitement visuel.

Récemment, Boucart et ses collaborateurs (Boucart & Humphreys, 1992, 1994, 1997) ont étudié ces interactions avec un paradigme d’appariement selon une caractéristique physique, dans laquelle les relations sémantiques entre les objets sont manipulées à l’insu du participant. Un dessin d’objet (image de référence) est présenté au centre de l’écran et est suivi de deux autres dessins (cible et distracteur) présentés en-dessous, l’un à droite, l’autre à gauche d’un point de fixation. La consigne demande d’apparier l’image de référence à l’une des alternatives, selon le partage d’une caractéristique physique précisée à l’avance (e.g., orientation). Les auteurs évaluent l’effet de l’information sémantique sur le traitement des caractéristiques physiques en manipulant les relations sémantiques entre le dessin de référence, la cible et le distracteur. La référence et la cible peuvent en effet être reliés sémantiquement ou non, et il en est de même pour la relation entre la référence et le distracteur. Les auteurs observent une interférence de l’information sémantique pour les tâches d’appariement selon des critères physiques tels que la forme (ronde versus ovale), l’orientation et la taille. L’interférence se manifeste ici par des temps de réponse plus courts et un taux d’erreurs plus bas lorsque la référence et la cible appartiennent à la même catégorie sémantique. De plus, un lien sémantique entre la référence et le distracteur augmente les temps de réponse et le taux d’erreurs. Ces effets ont été répliqués par Murray et Jones (2002) dans une tâche de catégorisation avec d’autres types de stimuli. L’ensemble de ces résultats témoigne d’un traitement automatique des relations sémantiques entre les objets même si ce traitement n’est pas requis par la tâche.