2.4. Effets de changement de niveau (switching) induits par le contexte

Dans leur article de 2005, Hübner et Volberg (2005) rappellent que l’ajustement de l’attention n’est pas toujours contrôlé volontairement. Ainsi, notre implication dans un type d’activité (‘task set’) ne dépend pas seulement de notre souhait de suivre une consigne. Elle est aussi parfois imposée par les caractéristiques du traitement réalisé préalablement : ce dernier n’est pas toujours anodin quant à l’état subséquent du système attentionnel.

Dans les expériences où la cible apparaît aléatoirement au niveau global ou local, le participant est censée prêter une égale attention à chaque niveau. Toutefois, la succession des items dans la liste peut générer un biais de type contextuel, favorisant le niveau auquel une cible vient d’être traitée dans le stimulus précédent. Ce biais, initialement étudié sous le terme de level-readiness effect, est parfois qualifié de level-repetition effect ; nous le traduirons par ‘effet de changement de niveau’ car il se manifeste par une détérioration des performances lorsqu’il faut traiter les cibles à des niveaux différents dans deux items successifs. Il implique une certaine inertie des ajustements attentionnels qui permettrait une amélioration des performances lorsque la cible du stimulus n est précédée d’un stimulus n – 1 contenant lui aussi une cible au même niveau. Dès lors, l’effet de changement de niveau est un moyen intéressant pour étudier les interactions entre processus attentionnels et perceptifs dans le traitement de stimuli visuels complexes. Nous décrirons les caractéristiques de cet effet dans la partie 2.4.1.

L’amoindrissement des performances si le niveau pertinent diffère entre les stimuli n et n – 1 est appelé ‘coût dû au switch’ (switch cost) et peut être attribué à deux choses :

a/ les mécanismes neuronaux spécialisés dans le traitement du niveau où se situe la cible dans le stimulus n reçoivent peu de ressources attentionnelles, celles-ci étant encore concentrées sur les mécanismes spécialisés dans le traitement de l’autre niveau. Nous traiterons ce point dans la partie 2.4.2., en présentant les hypothèses actuelles sur la nature des mécanismes défavorisés par le changement de niveau ;

b/ si le niveau de traitement change, un processus supplémentaire doit être réalisé pour donner priorité au mode de traitement pertinent dans le stimulus n : ce processus est une commutation de niveau (‘switch’) ou, selon l’expression de Hübner et Volberg (2005), entre deux task sets. Ce processus sera présentée plus précisément dans la partie 2.4.3.