2.4.2.1. La ‘Regional Hypothesis’

Des travaux réalisés à la fin des années 70’ ont montré que l’inadéquation du pré-ajustement de la taille d’une fenêtre attentionnelle est susceptible de ralentir de 50 ms l’identification d’une lettre (Larsen & Bundesen, 1978). Ces auteurs induisaient une telle attente spatiale en faisant en sorte que 75% des cibles soient de la même taille que la cible précédente. Il paraissait assez naturel de proposer d’expliquer par un mécanisme de ce type l’effet produit par l’inadéquation des niveaux auxquels des cibles apparaissent d’un item à l’autre. C’est ce que propose l’hypothèse de ‘Regional Aattention’

Dans son article initial sur l’effet de répétition, Ward (1982) propose que la répétition de niveau permet peut-être à une fenêtre attentionnelle (la dimension du spotlight ou faisceau attentionnel) de conserver sa taille d’un item à l’autre. Cette explication, exprimée en termes spatiaux, est cependant affaiblie par son incapacité à rendre compte de certains phénomènes, et l’effet de changement de niveau ne repose sans doute pas exclusivement sur ce mécanisme. En effet, le modèle de l’ajustement du faisceau soutient que celui-ci agit en un lieu précis de l’espace. Or, l’effet de changement de niveau résiste à la variation de position des stimuli hiérarchisés sur l’écran (Lamb & Yund, 1996b). De plus, ce modèle prédit que l’ajustement d’une fenêtre d’assez grande taille serait favorable au traitement de toute information survenant dans cette région : si la cible dans l’item n – 1 est située au niveau global, cela devrait être favorable au traitement d’un item n dont la cible se situe au niveau global, mais aussi lorsqu’elle est plus petite et située au niveau local. Or, ce n’est pas le cas (Lamb & Yund, 1996b) car les effets de changement de niveau sont généralement symétriques (le coût du changement est le même pour passer du local au global que pour le passage inverse), ce qui affaiblit ce type d’interprétation (Filoteo, Friedrich, & Stricker, 2001). Notons toutefois les limites de ce dernier argument : le traitement d’un petit élément pour l’item dans un faisceau attentionnel de grande taille imposé par le traitement de l’item n-1 impose peut-être, dans le cas de stimuli hiérarchisés avec une forte densité au niveau local, d’inhiber une partie de l’information dans le faisceau et de dépasser aussi une gêne liée au masquage latéral. Dans ce cas, le fait d’avoir pré-ajusté une fenêtre de grande taille ne devrait pas aider le traitement ultérieur d’une cible locale. Les arguments apportés par Kim, Ivry et Robertson (1999) sont plus convaincants. Ils montrent un maintien de l’effet de changement de niveau, malgré d’importantes variations de taille des stimuli d’un item à l’autre. Les effets demeurent, même en utilisant des stimuli dont la taille au niveau global est la même que celle des éléments locaux dans d’autres stimuli hiérarchisés de la liste. Ce qui est maintenu d’un item à l’autre n’est donc pas seulement la taille d’un faisceau attentionnel adapté à la taille de l’objet, mais correspond à des mécanismes dont la spécificité se définit par la position des objets dans une structure hiérarchisée, ce qui implique un niveau de représentation relativement abstrait.