3.2. Spécialisation hémisphérique droite pour les traitements visuo-spatiaux : les limites

3.2.1. L’hémisphère droit comme ‘interprète’ des aspects spatiaux de la vision

Les premières études sur les patients split-brain ont confirmé la supériorité de l’HD pour les traitements visuo-spatiaux : bien que droitiers, ce tels patients copient mieux des ensembles de lignes en utilisant leur main gauche, pourtant non dominante. Les capacités visuo-spatiales de l’HD seraient donc plus élaborées. De même, des études de cas montrent que les détériorations de l’HD produisent des déficits dans les tâches visuo-spatiales (Warrington & Taylor, 1973).

Des études récentes utilisant la présentation visuelle tachistoscopique latéralisée ont confirmé la supériorité de l’HD dans beaucoup de tâches visuelles, par exemple pour détecter si deux images sont identiques ou en miroir (Funnell, & al., 1999), pour faire une discrimination spatiale subtile (Bogen & Gazzaniga, 1965 ; Gazzaniga, 1970, cités par Funnell, & al., 1999), pour détecter de petites différences d’orientation de lignes ou des décalages de lignes (vernier offset) (Corballis, Funnell, & Gazzaniga, 2002), pour opérer les transformations spatiales permettant de reconnaître les objets orientés de manière inhabituelle (Warrington & Taylor, 1978) ou pour maintenir l’attention sur des informations spatiales simples et rares (Coull, Frackowiak, & Frith, 1998). Nous verrons aussi que le maintien de l’attention sur un niveau particulier (qu’il soit global ou local) dans une série de stimuli hiérarchisés s’accompagne de l’activation d’un réseau impliquant la région temporo-pariétale de façon bilatérale et des régions frontales droites (Fink, & al., 1996, 1997).

Selon Funnell et ses collègues (1999), les deux hémisphères présenteraient les mêmes capacités de reconnaissance de forme, mais diffèreraient quant à leur aptitude à représenter les relations spatiales entre les éléments d’une scène visuelle. Dans une recherche proposant à des patients split-brain de traiter un même matériel soit dans une tâche de comparaison spatiale, soit dans une tâche de comparaison d’identité, Corballis, Funnell, et Gazzaniga (1999) ont testé cette hypothèse directement : pour l’appariement d’identité, les deux hémisphères manifestent les mêmes performances, mais dans la tâche d’appariement spatial, l’HD s’avère supérieur. Pour reprendre les termes de Corballis (2003), l’HD pourrait être vu comme un interprète spécialisé dans la résolution des ambiguïtés relevant des aspects spatiaux de la vision.