3. Développement des asymétries hémisphériques pour les traitements visuo-spatiaux

L’asymétrie hémisphérique pour des fonctions cognitives suscite des questions importantes du point de vue du développement ; des recherches portent donc sur le lien entre la maturation des structures cérébrales chez l’enfant et la spécialisation hémisphérique. Ces travaux ont principalement utilisé les techniques d’écoute dichotique et de présentation en champ visuel divisé. Ces dernières années, l’utilisation de techniques d’imagerie cérébrale fonctionnelle et de techniques électrophysiologiques ont, là encore, enrichi les données. D’une manière générale, les travaux sur la mise en place de spécialisations hémisphériques pour des traitements langagiers sont plus nombreux que ceux portant sur l’établissement de dominances hémisphériques pour des traitements visuo-spatiaux. Avant de proposer une synthèse des données sur ces deux points, nous présentons les principales perspectives qui ont animé ces recherches chez l’enfant. Deux hypothèses majeures s’opposent sur la genèse des spécialisations hémisphériques pour certaines fonctions cognitives : certains estiment qu’elles s’enracinent dans des asymétries biologiques déjà présentes au stade fœtal (Kinsbourne, & Hicks, 1978), ce que d’autres ne reconnaissent pas (Lenneberg 1967, cité par Stiles, 2000). Au-delà de cette délicate question sur leur origine, les spécialisations hémisphériques subissent des modifications au cours de l’enfance, que ce soit en réaction à des traumatismes (lésions, tumeurs, opérations neuro-chirurgicales…) ou tout simplement au fil du développement ; nous verrons qu’une approche intéressante, et fédératrice, consiste actuellement à présenter le développement de l’asymétrie hémisphérique comme un exemple d’application de la plasticité cérébrale.