2.3. La dyslexie développementale de surface

Dans le cadre du modèle de la double voie, la dyslexie de surface ou dyséidétique (Boder, 1973) s’expliquerait par un recours exclusif à la procédure de lecture par assemblage, à cause de l’impossibilité d’élaborer et/ou d’utiliser un stock de représentations orthographiques pour récupérer automatiquement la représentation phonologique spécifique au mot. Cela se traduit par un trouble sélectif de la lecture des mots irréguliers, alors que la lecture des mots réguliers et des pseudo-mots est préservée. La lecture est lente et laborieuse, les mots sont toujours décodés comme s’ils étaient vus pour la première fois. Ces enfants ne présentent pas de trouble de production orale et effectuent sans difficultés les épreuves métaphonologiques. L’enfant dyslexique de surface fait principalement des erreurs de régularisation par application stricte des règles de conversion graphème-phonème. Il présente une dysorthographie de surface, caractérisée par d’abondantes erreurs phonologiquement plausibles (il écrit les mots en appliquant les règles de conversion phonème-graphème les plus courantes) et de bonnes performances en écriture de pseudo-mots. Dans les tâches de décision lexicale, il accepte à tort des pseudo-mots comme de vrais mots (e.g., aricau est catégorisé comme un mot) et attribue à un même mot des orthographes variables (Valdois, 2000). Des études de cas (Valdois, 1996a ; Zorman, 2002) et de groupes (Herbillon, 2001) montrent que les enfants dyslexiques de surface ne présentent pas de trouble majeur de la conscience phonologique. Bien que l’origine de leurs difficultés reste controversée, ils semblent présenter un trouble visuo-attentionnel qui les empêche de traiter simultanément l’ensemble de la séquence orthographique du mot et de stocker progressivement les représentations de mots complets pour enrichir le lexique orthographique. C’est comme si ces enfants ne pouvaient appréhender qu’un nombre très limité des lettres, en une seule prise d’information visuelle.