Limites de l’asymétrie hémisphérique pour les catégories lettres et dessins chez les enfants dyslexiques avec trouble phonologique

Concernant l’Hypothèse 4a, nous observons quelques indices allant dans le sens de nos attentes, mais ceux-ci sont à interpréter avec prudence car issus d’interactions non significatives. Si l’effet du champ visuel pour l’une et l’autre catégories était vraiment radicalement différent dans chaque groupe, nous devrions en effet observer une interaction Catégorie X Champ X Groupe, mais celle-ci n’atteint pas le seuil de significativité dans cette expérience. Si les effets sont statistiquement faibles, l’observation de la configuration des résultats fait tout de même ressortir quelques aspects allant dans le sens de notre attente.

En effet, les enfants dyslexiques sans trouble phonologique présentent un profil de dominance hémisphérique normale concernant le traitement des catégories Lettre et Dessin d’objet, puisqu’ils répondent significativement plus vite pour les lettres hiérarchisées adressées plus directement à l’HG qu’à l’HD : cela témoigne d’un avantage de l’HG spécifique aux lettres, car il est non systématique, le champ visuel n’exerçant pas d’influence significative pour les dessins d’objets hiérarchisés. Ce profil de résultats est d’autant plus conforme à celui attendu pour les enfants dépourvus de déficit phonologique, qu’il n’est pas contredit par la configuration des données en terme d’exactitude.

En revanche, chez les enfants dyslexiques présentant un trouble phonologique, nous ne relevons aucun effet du champ visuel de présentation, que ce soit sur la vitesse ou l’exactitude de réponse. L’analyse des TR ne témoigne d’aucune spécialisation hémisphérique relative aux catégories Lettre et Dessin d’objet chez ces enfants, ce qui les distingue du groupe de dyslexiques sans trouble phonologique caractérisés par une dominance significative de l’HG pour les lettres. De plus, nous remarquons que ces enfants dyslexiques se distinguent aussi de ceux qui n’ont pas de trouble phonologique par une difficulté avec les stimuli alphabétiques lorsqu’il faut les traiter au niveau local : ils semblent avoir des difficultés à développer une expertise particulière pour traiter les lettres en tant que détails : en cela, ils se distinguent de la prédiction faite par l’Hypothèse 3c pour les enfants normo-lecteurs.

En bref, cette expérience apporte quelques indices en faveur de l’Hypothèse 4a, puisque rien n’indique l’établissement d’une spécialisation hémisphérique gauche pour le traitement du matériel alphabétique chez les enfants dyslexiques avec trouble phonologiques, alors que des enfants également dyslexiques, avec des difficultés de lecture de même intensité, mais sans trouble phonologique présentent cette spécialisation. L’Expérience 8 testera à nouveau ce point.