3. Discussion

L’objectif de l’Expérience 8 était double. Elle propose de tester, avec une situation expérimentale requerrant un engagement différent de l’attention (focalisée sur un seul niveau de complexité dans chaque bloc), une hypothèse qui n’a été que partiellement vérifiée dans l’Expérience 7 avec un paradigme d’attention divisée. L’examen de la littérature scientifique sur le sujet fait globalement ressortir que les épreuves d’attention divisée sont plus propices à l’émergence d’effets d’asymétrie hémisphérique pour le traitement des niveaux global et local. Toutefois, notre épreuve d’attention focalisée (Expérience 4 chez les adultes et Expérience 6 chez les enfants normo-lecteurs) a donné lieu à des réponses nettement plus rapides, pour des pourcentages d’erreurs comparables, que nos épreuves d’attention divisée (Expériences 1a et 1b chez les adultes et Expérience 5 chez les enfants). Aussi, il se peut que la plus grande facilité de l’épreuve d’attention focalisée permette d’éviter un certain effet plafond, et donc de faire ressortir plus clairement les effets des facteurs étudiés. Il se trouve d’ailleurs que, chez les enfants dyslexiques comme chez les autres participants, l’épreuve d’attention focalisée (Expérience 8) a donné lieu à des réponses nettement plus rapides que l’épreuve d’attention divisée (Expérience 7). L’autre objectif de l’Expérience 8 était de tester si les enfants dyslexiques sans trouble phonologique se caractérisent par un déficit d’attention visuo-spatiale affectant précisément un mécanisme d’inhibition d’information visuelle non pertinente issue du niveau d’information local (les détails) d’un objet visuel complexe : il s’agit de montrer d’une part que ce trouble relève de l’attention, et non de la catégorie du matériel (il devrait se manifester aussi bien sur les dessins d’objets hiérarchisés que sur les lettres hiérarchisées), et de montrer d’autre part que ce déficit est spécifique à ce type de dyslexie. Le fait que ce déficit ne soit pas présent dans l’un des groupes de dyslexiques contribuerait à justifier l’intérêt de typologies de la dyslexie, encouragerait la recherche des déficits cognitifs spécifiques sous-jacents, et permettrait enfin d’attribuer à ce type de déficit attentionnel un rôle dans l’origine de la dyslexie, plutôt qu’un statut de simple conséquence.