3.2.2. Mimétisme et asymétrie d’information

La contagion peut également être expliquée par la théorie microéconomique du mimétisme. En effet, comme nous avons déjà vu dans la deuxième section, cette théorie implique une révision des anticipations de la part des participants au marché financiers, ce qui explique la coordination qui mène au saut entre les équilibres. Dans ce même contexte, une crise dans le reste du monde pourrait être le point de départ qui oblige quelques investisseurs particuliers à se retirer du marché financier. Cette action est désormais observée par la totalité des participants. Ainsi, face à cette asymétrie d’information, chaque opérateur se trouve conduit à adopter un comportement aveugle (Herd Behavior) en s’alignant sur les croyances des autres, ce qui permet de focaliser les anticipations sur l’équilibre avec attaque. En toute logique, cette explication pourrait refléter le mécanisme de la coordination, face à une crise ailleurs, qui mène à la contagion pure.

Drazen (1999) considère que les modèles de comportement mimétique et grégaire, est pertinent dans le cas où les investisseurs seraient différemment informés. Toutefois, ce type de comportement est plus facilement vérifiable sur un seul marché plutôt que d’un marché à un autre. L’observation de comportements grégaires opérant entre des marchés différents impose en effet certaines contraintes :

Cependant, en supposant la rationalité des investisseurs, Calvo (1999) tente d’examiner le rôle de l’asymétrie de l’information dans le cas d’une crise dans le reste du monde. En effet, il étudie le comportement de spéculateurs rationnels imparfaitement informés au sein du marché boursier américain face à la crise russe. Pour ce faire, il utilise un modèle théorique avec une population hétérogène du marché financier. Cette population comporte des spéculateurs informés et d’autres non informés. Ceux qui sont informés émettent des signaux qui ne sont pas reliés aux fondamentaux. Ces signaux sont représentés par les ventes des actifs de quelques pays émergents pour d’autres motifs (comme les appels de marge). Face à la crise russe, cette action peut être interprétée par les spéculateurs non informés, comme un signal de la faiblesse dans les rendements futurs de ces pays, ce qui les incite à réagir sévèrement en se retirant. Ce sont ces brusques retraits qui ont provoqué le saut vers le mauvais équilibre dans ces pays émergents. Ainsi, ces pays ont été contaminés par la contagion de la crise russe.

Outre ces explications avec l’asymétrie de l’information, plusieurs autres travaux ont essayé de chercher d’autres mécanismes de coordination des acteurs dans le contexte de la contagion pure. La contagion politique est l’une des plus suggestives. En s’inspirant de la crise du SME (1992-1993), Drazen (1999) a développé un modèle théorique qui suppose que le maintien du taux de change fixe est dicté principalement par des pressions politiques. Dés lors, quand un pays décide d’abandonner sa parité, les coûts politiques pour les autres pays se réduisent. Ainsi, les investisseurs conscients jugent que les pertes économiques dues au maintien du taux de change, deviennent trop importantes par rapport aux gains. Ils attribuent alors une grande probabilité à une dévaluation future et se retirent afin de minimiser les pertes en capital.