1. La contagion fondamentale

Nous distinguons dans la littérature empirique des crises financières et notamment des crises de change, deux ensembles de travaux : les travaux qui ont cherché dans les fondamentaux des causes possibles de la crise (Cartapanis et alii, 1998, Kaminsky et alii, 1998). Ils ont essayé, en effet, d’évaluer empiriquement les modèles dits de première génération ou les modèles dits de deuxième génération 44 . Les travaux du deuxième ensemble ont lié, quant à eux, les crises de change à des canaux de propagation de la contagion vu la nature régionale des récentes crises. Ces travaux omettent souvent le rôle des fondamentaux et intègrent les variables macroéconomiques dans leurs estimations, seulement comme des variables de contrôle (Glick et Rose, 1998 ; Van Rijckeghem et Weder 2003).

La présence de ce clivage fondamentaux / contagion fondamentale, dans les travaux antérieurs, est due principalement à l’importance de la question de prévention des crises. En effet, c’est le type de diagnostic effectué qui va conditionner les thérapeutiques à mettre en place pour prévenir ou contenir les crises. Si les crises financières sont considérées comme étant liées principalement à des canaux de contagion, il convient de privilégier des solutions globales ou, à tout le moins, de s’appuyer sur le renforcement de la coordination internationale, notamment pour réduire les fluctuations excessives des taux de change et des taux d’intérêt. Nationalement, les pays fortement exposés au risque de contagion peuvent tenter de se soustraire à ce risque par des mesures de contrôle des mouvements de capitaux.

À l’inverse, si les crises sont produites par des causes endogènes (fondamentaux), alors la charge de la prévention et de la résolution des crises appartient à qui incombe la responsabilité de celles-ci : les pays émergents eux-mêmes, auxquels échoit la tâche de conduire la nécessaire « remise en ordre », le « nettoyage intérieur », le “Good Housekeeping”, de leur économie (renforcement du contrôle prudentiel, meilleure gestion macroéconomique, etc.), afin d’éliminer ces causes de vulnérabilité.

Notes
44.

Cf. chapitre précédent pour une explication théorique de ces deux types de modèles.