1.1.1. Chocs communs

La réalisation d’une crise simultanément dans plusieurs pays suppose qu’ils soient frappés par des chocs communs ou exposés à des éléments de vulnérabilité domestique similaires. Ce genre de chocs peut être représenté par un changement de la demande globale, des chocs exogènes de liquidité, un changement du taux d’intérêt étranger ou des sentiments des investisseurs ainsi que de leur degré d’aversion au risque (Forbes et Rigobon 2000).

Ce mécanisme a été aussi développée par P. Masson (1998) sous le nom d’effet de mousson (Monsoonal effet) qui explique qu’un changement, apparemment anodin intervenu aux Etats-Unis, en Europe ou au Japon (exemple : une hausse du taux d’intérêt) peut provoquer une importante déstabilisation des pays émergents, tout particulièrement ceux dont l’économie est plus ouverte sur l’extérieur et fortement intégrée aux marchés internationaux de capitaux. Les chocs externes se transmettent à ces pays de manière amplifiée.

Un essai d’explication plus formelle est donné par Buiter et alii (1996). Ces auteurs ont utilisé un modèle de la politique de change avec « clause de sortie » pour analyser la propagation des crises de change dans un système à de N+1 pays dont N notés « la périphérie ». Les pays de la périphérie fixent leurs taux de change par rapport au N+1 ème pays appelé « le Centre ». Ce dernier est plus averse au risque que les autres. Il témoigne par conséquent d’une mauvaise volonté à poursuivre une politique monétaire coopérative destinée à stabiliser les taux de change dans le système. En effet, il répond rapidement aux chocs externes négatifs (chocs communs) par une augmentation de son taux d’intérêt, ce qui induit les pays de la périphérie à reconsidérer leurs politiques de change. Si les pays de la périphérie coopèrent, ils peuvent ainsi trouver collectivement un optimum pour le système (un cas extrême de contagion). Cependant, seuls certains pays de la périphérie (ceux qui ont moins de tolérance pour une hausse du taux d’intérêt) vont coopérer afin de stabiliser leurs taux de change et la contagion sera, dans un premier temps, limitée à ce sous-ensemble seulement. Il en résulte une expansion monétaire et une dépréciation de la monnaie dans ces pays. Dans un second temps, le reste des membres de la périphérie se trouvent avec plus de pressions pour le maintien du taux de change. Ces derniers décident dès lors de stabiliser leurs taux de change à l’instar des autres pays du système.

Ce mécanisme de chocs communs, semble avoir joué à la fois en 1994 lors de la crise mexicaine et en 1997 au moment de la crise asiatique. En outre, la hausse de la monnaie américaine par rapport au yen à partir de 1994 a pu aussi contribuer à dégrader la balance des opérations courantes de certains pays d’Amérique latine (même si l’appréciation du dollar ne suffit pas à expliquer le ralentissement des exportations) 45 . La baisse profonde des prix mondiaux des semi-conducteurs en 1996 y a aussi contribué.

Notes
45.

Aglietta et alii (1997)