1.1.2. Liens commerciaux et marché tiers

En absence des chocs communs, un choc local comme par exemple une crise de change dans un pays («ground zero country ») (Dornbusch et alii 2000), peut être transmis à d’autres pays voisins, à travers les liens commerciaux directs ou les liens commerciaux avec un marché tiers. Il s’agit en fait du lien commercial entre deux pays du fait qu’ils sont en concurrence sur un marché tiers. Ce mécanisme de liens commerciaux souligne le rôle des interdépendances commerciales.

En effet, une crise de change dans un pays affectera négativement tous les partenaires commerciaux. Une dépréciation réelle dans le pays en crise réduit les prix d’importation dans le second pays. Cela a aussi pour effet d’accroître les importations et contracter les exportations dans ce dernier pays. Ce qui réduit l’indice de prix de consommation et la demande de monnaie par les résidents (effet prix). Dès lors, les réserves des changes des pays partenaires tendent à s’épuiser. Il peut alors en résulter une crise de change (Gerlack et Smet, 1995). D’un autre coté, l’effondrement du taux de change peut aussi s’accompagner d’une compression des importations du pays en crise. Il en résulte un effet revenu « négatif » dans les pays partenaires provoqué par la contraction des débouchés vers le pays en crise. D’où un déficit commercial et une perte de réserve dans les pays voisins qui peuvent être à l’origine du déclenchement d’attaques spéculatives dans ces pays (FMI, 1999).

Cependant, Drazen (1999) considère que cette explication de la propagation de la crise suite à des externalités par les liens commerciaux bilatéraux ne peut pas être une explication générale. L’effet en serait de toutes façons limité lorsque le volume des échanges bilatéraux est modeste. Van Rijckeghem et Weder (1999)considèrent également que ce mécanisme de transmission commerciale n’est sans doute pas prépondérant dans le cas des pays émergents, dans la mesure où leur commerce réciproque ne représente qu’une faible part de leur commerce total. Par conséquent, la transmission des crises de change entre pays émergents ne saurait résulter du seul mécanisme commercial. Mais les chocs peuvent aussi se transmettre indirectement par la concurrence sur les marchés des pays tiers. En effet, la dévaluation suite à une crise de change dans un pays réduit les exportations et accroît les importations des partenaires commerciaux.Cet engrenage de la contamination commerciale et cambiaire est un mécanisme traditionnel bien connu de transmission des difficultés économiques à l’œuvre dans la plupart des crises anciennes comme nouvelles. Cependant, ce mécanisme commercial ne peut pas expliquer la rapidité de la transmission qui caractérise les crises contemporaines.