2.1.1. Variables explicatives des crises 

La vulnérabilité d’un pays au risque de crise financière est influencée par plusieurs facteurs, notamment : une large appréciation du taux de change réel, les faiblesses du système bancaire et un bas niveau des réserves de change. Aussi, avons-nous retenu comme variables dans l’équation 1 : le taux de change réel (TCR), le ratio crédits intérieurs au secteur privé sur PIB (CRED), qui permet de saisir tout à la fois la faiblesse du système bancaire et le laxisme de la politique monétaire, ainsi que le ratio M2 sur les réserves de change (M2/RES), qui permet de tenir compte du niveau des réserves 61 .Cependant, dans nos estimations économétriques, nous utiliserons les valeurs retardées d’une année de ces variables macroéconomiques. En effet, l’utilisation des variables macroéconomiques fondamentales non retardées soulèverait un problème de causalité. Nous ne serions plus en mesure de savoir si c’est la détérioration des fondamentaux qui cause la crise ou c’est la crise qui cause la dégradation de l’économie. L’utilisation des retards nous permet donc de saisir judicieusement l’effet des fondamentaux sur la sévérité des crises (Kruger 1998). En outre, cette solution est conforme à l’enseignement des modèles théoriques de première génération à « la Krugman » qui interprète la crise comme le résultat de d’une détérioration persistante des fondamentaux.

Remarquons aussi, que le TCR est exprimé en taux de variation entre le mois de décembre de l’année qui a précédé la crise et le mois de décembre de la troisième année avant cette date. Le CRED est calculé comme le taux de variation du ratio des crédits intérieurs sur le PIB au cours des deux années antérieurement au mois de décembre qui précède l’année de la crise.

Pour évaluer l’effet de la contagion, nous avons utilisé un indicateur du canal du créancier commun noté « Fcomp » et un indicateur du marché tiers noté « Tcomp ».

L’indicateur du canal du créancier commun (Fcomp) mesure pour chaque pays endetté la similarité avec les pays originaires des trois crises en ce qui concerne la structure de leur endettement. Cette variable se réfère à la position des banques internationales à la veille des trois épisodes de crises.

L’indice « o » est l’indice associé au pays qui a déclenché la crise, ceci concerne le Mexique (1994), la Thaïlande (1997) et la Russie (1998).

L’indice « c » est relatif au pays créancier commun 62 .

b ic  désigne les prêts des banques des pays c à chaque pays i.

b oc  désigne les prêts des banques des pays c aux pays d’origine des 3 crises.

La première composante de l’équation est une mesure de l’importance du créancier commun pour les pays i et o. La deuxième composante retrace l’importance des pays i et o pour le créancier commun.

L’indicateur Tcomp est une mesure indirecte de l’intensité de la compétition commerciale sur les marchés des exportations des pays tiers. Une importante valeur de cet indice indique que les exportations du pays i sont fortement concurrencées par les exportations du pays originaire de la crise vers les marchés tiers.

avec, T ic  : les exportations du pays i vers le pays c.

Les deux composantes de Tcomp nous permettent de quantifier l’importance du marché tiers c dans les exportations agrégées du pays initiateur de la crise « o » et dans celles dupays contaminé « i ». Néanmoins, la deuxième composante tient compte de la différence des tailles des marchés.

Notes
61.

Notre objectif n’est pas de déterminer un système d’alerte avancée (Early Warning Signals), nous n’avons pas utilisé plusieurs variables économiques fondamentales, mais nous nous sommes limités à un sous ensemble de ces variables judicieusement choisi à la manière de Sachs, Tornell et Velasco (1996) ainsi que Tornell (1999).

62.

Le c indique 18 pays industrialisés (Cf. Van Rijckeghem & Weder 1999).