Chapitre 3 : Identification de la contagion : dynamiques de court terme et de long terme

Introduction

Dans ce chapitre, nous essayons d’identifier empiriquement la contagion qui s’opère à travers le changement des anticipations du marché, ainsi que par la transmission des chocs permanents véhiculés via de l’interdépendances commerciales ou financières. Notre étude porte plus particulièrement sur la crise asiatique. D’un coté, les pays contaminés durant cette crise étaient caractérisés par de la forte interdépendance qui figurait avant et après la crise. D’un autre coté, la rapidité de la propagation de la crise peut constituer un signe du changement des anticipations des investisseurs internationaux, ce qui semble attester l’existence d’un processus de contagion durant cet épisode.

De manière inattendue, aujourd’hui encore, les économistes n’arrivent pas à s’accorder sur le concept de la contagion : « paradoxically, …there is no accordance on what contagion means » (Rigobon, 2001) ou encore : « … there is no consensus on exactly what conctitutes contagion or how it should be defined » (Forbes et Rigobon, 2000). Nous présentons et discutons dès lors dans un premier temps les différentes conceptions de la contagion développées dans la littérature, en accordant une attention toute particulière à l’approche de Forbes et Rigobon (2002).

Dans un second temps, nous présentons une revue de la littérature empirique de l’approche de corrélation entre des actifs similaires (exemple : corrélation entre deux indices boursier) en évoquant les principales limites qui en découlent. Nos résultats des tests « à la Rigobon » montrent, en effet, une importante lacune qui concerne la définition des périodes de crises. Nous étendons ainsi la littérature en présentant une nouvelle procédure pour tester la stabilité des mécanismes de propagation internationale des chocs 67 . Dans le cas de présence d’une relation de co-intégration, nous estimons d’abord un modèle d’interdépendance de long terme. Le terme d’erreur d’équilibre modélise ainsi les canaux via lesquels les chocs sont normalement propagés entre les marchés financiers. Nous testons ensuite l’hypothèse selon laquelle ces canaux ont été modifiés durant la période de crise : cela revient à tester la non-linéarité du modèle à correction d’erreur (ECM) en s’inspirant de l’approche d’Escribano-Pfann (1998). Ainsi pouvons-nous diagnostiquer une logique de contagion lorsque nous relevons une non linéarité dans l’ajustement vers l’équilibre durant la période de crise par rapport à la période de stabilité. La non-linéarité est due, dans ce cas, à une augmentation de la réponse d’un marché aux chocs originaires des autres marchés, ce qui définit la contagion.

La suite de ce chapitre est organisée comme suit : la section 1 discute les principales conceptions de la contagion dans la littérature, la section 2 présente les mesures de la contagion ainsi que leurs limites, la section 3 explicite la méthodologie de ce chapitre, la section 5 discute les données et présente l’ensemble des résultats trouvés.

Notes
67.

Nous reprenons les travaux effectués dans Ayadi, Boudhina, Khallouli et Sandretto (2006).