1) Les leçons théoriques

Notre revue de la littérature relative à la modélisation des crises financières et en particulier des crises de change, nous a permis de monter qu’il est possible de caractériser la contagion à travers un modèle d’attaques spéculatives auto-réalisatrices comme le modèle avec clause de sortie. Il en ressort une définition plus précise du processus de la contagion : la réalisation d’une crise dans un autre pays peut mener à la coordination et à la polarisation des croyances des investisseurs internationaux vers l’équilibre avec attaques spéculatives. Il ressort de notre revue de la littérature trois leçons intéressantes : premièrement, ce processus de contagion a permis d’étendre les recherches sur les modèles avec tache solaire. Cette variable purement exogène peut être liée à un événement observable à savoir la réalisation d’une crise dans un autre pays. En second lieu, ce processus de contagion ne s’opère que sous la condition préalable d’une dégradation sous-jacente des fondamentaux. En effet, suite à une multiplicité des équilibres engendrés par une zone intermédiaire des fondamentaux, les attaques spéculatives auto-réalisatrices se déclenchent sous l’influence d’une crise dans un autre pays. Sur le plan théorique, cette conclusion nous a permis de nous positionner par rapport au débat concernant l’explication des crises soit par des facteurs endogènes (les fondamentaux) soit par des facteurs exogènes (la contagion). En fait, sans nier la possibilité d’un positionnement aux deux extrémités du spectre, de façon plus générale, ces deux facteurs semblent bien se combiner intimement dans le déclenchement de la plupart des crises financières. En outre, même en présence d’une contagion, celle-ci peut être associée à d’autres sources de transmission comme les facteurs d’interdépendance. En effet, il est clair que les croyances des investisseurs peuvent être influencées aussi bien par l’irruption d’une crise dans un pays étranger que par la transmission de celle-ci via les liens commerciaux et les chocs communs (Masson 1999a). En outre, la hausse des liens entre les marchés financiers, caractérisée par une grande diversification des portefeuilles internationaux, peut également faciliter la réalisation d’un phénomène de contagion. Dès lors, afin d’identifier empiriquement la contagion, il est nécessaire de le faire dans un cadre commun où nous tenons compte des facteurs d’interdépendance et de l’effet des fondamentaux.