A.2. Les Indicateurs informationnels

Un indicateur informationnel est une variable qui contient et qui renvoie de l’information sur la relation entre instrument et objectif final, sur l’état actuel ou futur de l’économie ainsi que sur les tensions inflationnistes et déflationnistes. C’est dans ce sens que Svensson (1999a) définie l’indicateur comme étant « une variable qui renvoie de l’information utile pour la Banque Centrale, par exemple, à propos de la direction requise pour varier l’instrument. En d autres termes, il doit indiquer la déviation de la variable cible par rapport à la valeur ciblée» 255 . Cependant, les variables indicateurs ne sont pas en elles-mêmes des cibles. Il faut dire que, les deux notions, indicateurs informationnels et cibles intermédiaires ne sont pas totalement opposites. En effet, en fonction de la manière dont elle est utilisée et du potentiel qu’on lui prête, une même mesure intermédiaire peut servir soit, de cible intermédiaire soit, d’indicateur informationnel. Le taux de change par exemple, est une cible intermédiaire quand il est fixe et devient un indicateur informationnel quand il est flexible. De même, un agrégat de monnaie demeure un indicateur informationnel si on ne se focalise pas sur la relation causale structurelle entre la monnaie et l’activité économique.

Le concept d’indicateur a été développé suite à la mise en évidence de l’inefficacité, telle que analysé dans le premier chapitre, d’une politique monétaire qui se base exclusivement sur une cible intermédiaire comme unique source d’information. Comme nous l’avons brièvement exposé au niveau de notre introduction générale, et conformément à Baumgartner et Ramaswamay (1996), l’approche par les indicateurs informationnels, qui vient se substituer à l’approche par la fixation d’une cible intermédiaire, est mieux comprise en la comparant à cette dernière. Dans l’approche par les indicateurs informationnels, la recherche est portée sur des variables qui peuvent bien prévoir l’inflation, alors que dans le cas des cibles intermédiaires la variable doit avoir une relation causale structurelle et stable avec l’inflation. D’autre part, le contrôle relativement étroit que doit avoir la Banque Centrale sur la variable cible intermédiaire n’est plus une condition sine qua non dans le cadre de l’approche par les indicateurs informationnels. C’est le pouvoir de prédiction, et non plus la relation de causalité structurelle, qui devient la caractéristique la plus importante dans le cadre de l’approche de variables informationnelles. C’est du moins ce qui ressort des premières analyses consacrés a ce sujet. Comme nous le verrons pus loin, cette absence totale de vérification du pouvoir de prédiction dans un cadre structurel peut poser des pièges à la formulation de la politique monétaire. ce risque est d’autant plus grand que l’indicateur renferme une information concernant l’anticipation de l’inflation et non pas la cause de l’inflation elle même.

Globalement deux nouvelles considérations sont à noter avec l’approche de focalisation direct par les indicateurs informationnel : (i) la diversification des sources d’information, qui prime sur la l’unicité de la sources d’information, (ii) le pouvoir de prédiction, sauf effet d’anticipation, qui prime sur stabilité de la causalité structurelle. C’est ce que nous développerons successivement dans les deux sous paragraphes suivants (A.2.1) et (A.2.2).

Notes
255.

Svensson (1999a) ; P. 19.